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Posted on 13 juin 2014 in Vins suisses

Une ode au blanc vaudois

Une ode au blanc vaudois

Le sommelier de l’Auberge de l’Onde à Saint-Saphorin (VD), l’Ivoirien d’origine Jérôme Aké Béda, et le chroniqueur vins du quotidien Le Temps, le Neuchâtelois Pierre-Emmanuel Buss, publient une ode au chasselas. D’abord vaudois… en 99 commentaires de dégustation et autant de portraits.

Par Pierre Thomas

Le principal cépage blanc du vignoble vaudois et suisse ne prête ni à rire, ni même à sourire : il suffit de se reporter au trombinoscope de la fin de ce volumineux ouvrage (430 pages) pour s’en convaincre. Sur une idée d’un duo qui a déjà signé le «Guide des Meilleurs vignerons de Suisse» (Favre, 2011), Pierre Keller, président de l’Office des vins vaudois et coordinateur du projet, a fait plancher pluseurs diplômés de «son» école, l’ECAL, dont il fut le directeur, pour la photo (chaque bouteille est posée sur un fond vert pétant) et la mise en page, efficace, donc minimaliste.

Le choix de ces «99 chasselas à boire avant de mourir» zigzague dans le temps et l’espace. Pour un tiers, suisses, et pour deux tiers exclusivement vaudois, dont 40 de Lavaux. Les auteurs comptent parmi ceux qui défendent l’idée que le chasselas conserve et révèle de grandes qualités dans le temps: 22 vins commentés remontent à avant 2000 (dont deux 1945 !), 30 entre 2001 et 2009 (dont 9 de l’année de la canicule, 2003), 33 entre 2009 et 2011 et «seulement» 14 de 2012.

Une belle brochette de personnalités s’est retrouvée à Saint-Saphorin pour la sortie de l’album. Le syndic du bourg, le Gruérien Gérald Vallélian, et le conseiller d’Etat Philippe Leuba, étaient présents. Ni le chasselas que le premier élabore au Domaine des Faverges, ni le 1er Grand Cru élu en 2014 comme «vin du Conseil d’Etat vaudois», le Féchy du Domaine de Fischer, ne figurent dans l’ouvrage (celui de 2012 y figure, lui). Preuve que le le livre est un choix (forcément !) personnel.

Tiré à 3’000 exemplaires, le livre est édité chez Favre, et coûte 59 francs.

Paru dans La Liberté, le 11 juin 2014.

Ceci posé, on ne peut pas dire que le chasselas ne bénéficie pas d’un traitement de réhabilitation massif. Ne serait-ce que sur ce site — en consultation permanente et gratuite!

Un dossier, d’abord, paru dans Vinum, et qui nous avait valu l’ire de l’éditeur, qui trouvait qu’on en parlait décidément trop de ce «welsch weiss».

Ensuite, ce qu’en pensait alors onze acteurs du milieu suisse du vin, dont Jérôme Aké.

Et ce qu’en disait le producteur Henri Olivier Badoux, d’Aigle, juste avant de vendre sa maison à Obrist (groupe Schenk).

Et puis, le Chasselas a son concours Mondial, et donc essentiellement suisse et subséquemment vaudois. La troisième édition se joue en ce mois de juin, avec proclamation des résultats à Aigle le 5 juillet. Voici ce qu’on écrivait à l’occasion de la 1ère édition.

Mais aussi sur les origines du chasselas, selon les recoupements du Dr (en génétique) José Vouillamoz, alors que le Petit Larousse 2015 colporte toujours cette définition (p. 233): «Chasselas (de Chasselas, ville de Saône-et-loire). Cépage blanc surtout cultivé pour produire des raisins de table.»

Le chasselas divise les observateurs étrangers, qui balancent entre réquisitoire impitoyable (l’article le plus lu de l’ancienne version de ce site!) et défense et illustration appuyée (ce printemps, à la Mémoire des vins suisses, en terres vaudoises).

Notre contribution lors des Lauriers d’Or de Terravin 2012, qui a coûté infiniment moins que l’habile (et perfide albionesque…) remarque de Hugh Johnson: «Vous le comprenez si bien, votre chasselas, que vous devriez le boire vous-mêmes exclusivement».

Deux choses enfin:

a) le chasselas ne rend pas amnésique

b) le chasselas redemande et ne passe pas la soif!

Santé et conservation, comme disent les Vaudois!

Pierre Thomas, 14 juin 2014.