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Posted on 11 octobre 2014 in Vins suisses

Gilliard, Sion (4)   Une empreinte vaudoise, puis alémanique

Gilliard, Sion (4)
Une empreinte vaudoise, puis alémanique

Fondée à Sion, Gilliard fut d’abord «lémanique» avant de passer récemment dans des mains alémaniques. Une histoire riche en rebondissements.

Elle revient de loin, cette maison connue pour ses deux vins emblématiques, la Dôle des Monts et le Fendant les Murettes. La gazette éditée à l’occasion de ses 125 ans, fêtés en 2010, ne cache pas qu’après un développement constant durant plus d’un siècle, Gilliard entra dans une zone de fortes turbulences. «L’entreprise n’a pas de tableau de bord, prend des choix aléatoires, réduit ses équipes commerciales et ses dépenses marketing, stoppe les investissements.» La chute s’accélère et le négoce connaît plusieurs exercices déficitaires. Il ne doit de subsister qu’en passant sous le contrôle d’un commerce familial d’origine schwytzoise, Schuler Cave Saint-Jacques, en 2006, qui cultive une tradition de près de trois siècles d’importation de vins, notamment italiens, par le Gothard.

Des vins médaillés depuis plus d’un siècle

C’est à ce moment que Christophe Darbellay, président du PDC suisse, prend la tête du conseil d’administration, appuyé par la libérale Chantal Balet, qui, enfant, habitait au-dessus de la cave, où son père était directeur technique. Une nouvelle direction redynamise les ventes, avec Stéphane Maccaud, dès 2008, l’année où un nouvel œnologue, Hansueli Pfenninger, reprend les vinifications. Zurichois d’origine, formé en viticulture et en œnologie à Wädenswil, enseignant pour un temps à Changins, établi en Valais, il crèe une ligne de monocépages, élevés en fût de chêne, «Les Tonneliers». Ces vins décrochent de nombreuses distinctions dans les concours, renouant avec une tradition centenaire, puisque ses premières médailles d’or, la maison les remporta en 1905 et en 1906, aux expositions internationales de Liège (Belgique) et de Milan (Italie). Preuve que la soif de reconnaissance internationale qui doit rejaillir sur les ventes indigène ne date pas d’hier.

Un clocher vaudois sur le fendant

Aujourd’hui, Gilliard cultive, pour moitié en propriété, pour moitié en location, une cinquantaine d’hectares. Dès le millésime 2012, ces vins «de domaine» sont identifiés dans une gamme «Les Grands Murs». Ses plus beaux vignobles, Gilliard les doit à François. Fondateur du FC Sion, premier vice-président radical du chef-lieu, il achète, dès 1953, plusieurs domaines, dont celui de la Cochetta (ou Cotsette). Ses murs de pierres sèches de plus de 20 mètres de haut, ont été édifiés à la fin du 19ème siècle par des moines cisterciens venus de Savoie. Le lieu garde toute sa magie aujourd’hui : on y accède par un tunnel, qui débouche sur une terrasse-carnotzet à la vue époustouflante, portant jusqu’au val d’Hérens, par-dessus la ville de Sion.

La maison sédunoise fut fondée en 1885, par Edmond Gilliard, 38 ans, originaire de Fiez, près de Grandson, au pied du Jura vaudois. D’emblée, celui-ci diffuse en bouteilles, fait rare pour l’époque, l’ancêtre de la Dôle des Monts, à l’origine baptisé Clos des Monts. Quant à son fils Robert, qui lui succède, il lancera le fendant Les Murettes, créé pour le Tir fédéral de Bex (VD), en 1920, dans une bouteille vaudoise, avec une étiquette représentant, aujourd’hui encore, le clocher de ce bourg du Chablais.

Sur Internet : www.gilliard.ch

©thomasvino.ch