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Posted on 8 octobre 2015 in Vins suisses

Un architecte anglais couronné  par une construction vaudoise

Un architecte anglais couronné
par une construction vaudoise

La Confrérie du Guillon a décerné son Guillon d’Or au prestigieux architecte Lord Norman Foster, 80 ans depuis juin, un des résidents des 42 châteaux viticoles que compte le Pays de Vaud, celui de Vincy. Il aura droit durant un an à une livraison régulière de bouteilles de vins de l’Association Clos, Domaines et Châteaux.

Par Pierre Thomas

C’est une carafe qui symbolise ce prix décerné à une personnalité hors du milieu du vin, mais qui assure un retentissement aux crus vaudois. Elevé en 1999 par la reine d’Angleterre au rang de Lord des bords de la Tamise — qu’il a enrichi notamment du fameux gratte-ciel en forme de cornichon —, couvert de prix d’architecture internationaux, le Mancunien Norman Foster aura dû attendre de résider sur La Côte vaudoise pour obtenir l’inofficiel titre de Lord des bords du Léman.

«Veni, vidi, Vincy», s’est exclamé le tabellion Claude-Alain Mayor, très en verve, entre langue de Cameron et de Hollande. Même dans son village, choisi, dit-on, par son épouse qui se lassait de sa Chesa futura grisonne, en forme de courge, ses apparitions sont rares. Et, pour prononcer sa laudatio, Claude-Alain Mayor a dû se contenter de documentation écrite, et non d’une interview, que le Lord avait refusée naguère au magazine Le Guillon, par son service de presse. Mais le distingué octogénaire n’a pas snobé ses hôtes, au Lausanne-Palace.

De g. à dr., le Gouverneur du Guillon, Jean-Claude Vaucher, Elena et Norman Foster, et André Fuchs, président de l’Association Clos, Domaines et Châteaux. ©Delphine Clément/CDC

De g. à dr., le Gouverneur du Guillon, Jean-Claude Vaucher, Elena et Norman Foster, et André Fuchs, président de l’Association Clos, Domaines et Châteaux. ©Delphine Clément/CDC

La façade prestigieuse du groupe Schenk

L’événement a donné l’occasion à Clos, Domaines et Châteaux (abrégé c-d-c) d’inviter la presse nationale à une tournée vitivinicole en Pays de Vaud. C-d-c, a-t-on écrit, est la façade la plus distinguée du groupe Schenk. Cette holding internationale et ses sociétés filles, auxquelles s’est encore ajouté cet été Testuz, occupe une place transversale dans le microcosme vaudois. Qui «gouverne» la Confrérie du Guillon ? Son directeur général, Jean-Claude Vaucher. Et Clos, Domaines et Châteaux ? André Fuchs, directeur à Rolle. La grande maison y attend de pied ferme l’approbation de son plan de reconstruction de son outil de production, devisé à plusieurs dizaines de millions de francs, au bord de l’autoroute Lausanne-Genève. Le chantier ne devrait pas être achevé avant 2018, quand le groupe fêtera ses 125 ans.

Fort de 23 membres, des domaines viticoles comme son nom l’indique, et de quatre négociants du groupe, Bolle, à Morges, qui fête cette année ses 150 ans, Badoux, à Aigle, Obrist, à Vevey (qui vient de racheter Testuz) et Schenk, c-d-c fut une idée qui germa, au départ, hors du groupe rollois. Aujourd’hui, les ventes de c-d-c représentent plus d’un million de bouteilles (5% de la production vaudoise), sous 80 étiquettes, dont une majorité de chasselas. L’association est appelée à s’étendre hors du groupe.

Une association vaudoise d’abord

Il y a quelques années, André Fuchs voyait son rayonnement sur toute la Suisse. Maintenant, nous a-t-il confié, il estime que c-d-c représente la diversité vaudoise et que c’est très bien comme cela… Parmi les membres, figurent les châteaux qui ont confié leur vinification et leur commercialisation à Schenk, mais les «extérieurs» sont rares. Les plus récents adhérents, le Domaine Croix-Duplex, de Simon et Maude Vogel, à Grandvaux, et le Clos de l’Abbaye, de la Commune d’Yvorne, ont décroché les Lauriers de Platine de Terravin.

La philosophie de c-d-c, qui dispose de sa propre marque distinctive (une bande rouge autour du goulot de la bouteille), de son règlement de qualité (légèrement plus sévère que l’appellation d’origine contrôlée, qui impose la culture en production intégrée PI, par exemple) et procède à ses dégustations d’agrément, fait double emploi avec le label Terravin, qui vise les mêmes buts. Quitte à brouiller l’image de qualité dans l’esprit du consommateur, certes ni plus ni moins que dans l’alimentaire en général, où Coop et Migros ont aussi leurs signes distinctifs et concurrents…

Sept piliers des 1ers Grands Crus

L’association participe largement aux 1er Grands Crus vaudois, comme le concurrent rollois, Hammel, dont le patron, Charles Rolaz, préside la commission. On saura gré à Paul Baumann, œnologue retraité d’Obrist, et membre de ladite commission, d’avoir assuré un peu de publicité aux 1ers Grands Crus, si avares d’informations. 30 dossiers ont été validés et 26 domaines ont demandé à être considérés en 2015. A fin août 2015, 18 vins ont déjà été agréés par la commission de dégustation, pour 2014, soit l’équivalent de 100’000 litres et de 0,6% de la production vaudoise, sur 32,6 ha. Deux nouveaux venus font partie des 18 agréés : le Château de Montagny, propriété de la Banque Cantonale Vaudoise et exploité par les frères Dizerens, de Lutry, et le Domaine du Martheray, à Féchy, propriété du groupe Schenk, qui porte ainsi le nombre des membres c-d-c classés en 1er Grands Crus à sept.

La dégustation des quatre premiers millésimes de ces 1ers Grands Crus s’est révélée fort intéressante, au Château de Mont (sur-Rolle). Le premier millésime de l’histoire (2011), en chasselas, a déjà commencé à virer vers des arômes matures et tertiaires. Le 2012, souvent récolté à haute maturité, a souffert d’un excès d’acide malique, voire de pourriture grise. 2013 et 2014 ont enregistré près de 10 degrés Oechslés de moins (75°) que les deux précédents millésimes. C’est dire que le 2015 est attendu avec impatience : la maturité exceptionnelle du chasselas (plus de 90° Oechslés) est confirmée, avec une acidité supérieure à 2003. Bémol : la vendange faible en quantité, sans doute la plus basse jamais enregistrée dans le vignoble vaudois. Le record (à la baisse) de 2013, soit 21,3 millions de vin clair, devrait être battu !

Paru dans Hôtellerie et Gastronomie Hebdo du 8 octobre 2015.