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Posted on 22 juillet 2016 in Actus - News

Terrasses à Lausanne  Le triangle des bermudas

Terrasses à Lausanne
Le triangle des bermudas

Pas sûr que dans ce coin de Lausanne, à portée de métro m2, la jambe courte et le mollet poilu soit le dress code de l’été, mais bon, pour arpenter les terrasses, le bermuda n’est pas à exclure. A mi-chemin de la ville et du lac, le carrefour de la Croix-d’Ouchy recèle trois perles.

Par Pierre Thomas, texte et photos

On a toujours aimé la Croix-d’Ouchy et sa terrasse-jardin sous les marroniers. La cuisine, riche et goûteuse, n’a pas changé, au point d’éloigner les guides gastronomiques, avides de davantage de nouveauté. Mais l’adresse de Madame Bernadette Blanc et de son personnel restent «une sorte d’idéal en matière d’accueil et de gastronomie», comme l’écrivait Le Coup de Fourchette relooké 1998 – 1999. Rien n’y a changé depuis vingt ans — au bas mot ! Et plus j’avance en âge, plus j’apprécie ce genre de continuité, sur une solide base de risotto crémeux et autres plats riches.

En face, l’Hôtel Royal-Savoy a ouvert progressivement ses espaces, vastes et rénovés. La terrasse du rez en fait partie, débordant des salles aux décors divers de la brasserie (chic, la brasserie !) supervisée par l’Alsacien Marc Haeberlin. La Croix d’Ouchy n’est pas donnée… et le Royal en ajoute une couche. Mais sous la grande tenture couleur vanille, le bruit de l’avenue d’Ouchy est bien filtré. Le béton nouveau n’a pas abattu quelques grands arbres : ça manque un peu de verdure, quand même… Sauf dans l’assiette, au moment de la salade. Les propositions de la semaine sont attrayantes, notamment les poissons, avec un zeste de talent en prime, et quelques desserts spectaculaires pour les becs à bonbon. L’Office des Vins Vaudois inaugurera cette terrasses à ras du rez à fin août…

site_royal-savoy

En attendant le Sky Lounge

Mais la vraie attraction du quartier, ce sera la Sky Lounge, dans la tourelle-phare du vénérable hôtel luxueusement rénové. On y est monté ce printemps : l’idée est d’en faire plus qu’un simple bar à cocktails. Mais las, ce point de vue nouveau ne devrait pas être accessible avant l’automne. La vue, après un trajet rapide en ascenseur, y est bluffante et permettra d’apprécier la ville de Lausanne sous un nouvel angle. Pas tant côté lac — on peut aller au belvédère de la colline de Monriond, à quelques pas de là… —, mais du côté construit, où la ville s’étage jusqu’aux murailles grises du CHUV et au-delà.

Impressionnant et fun ! Comme l’a déjà écrit dans une gazette de compagnie d’aviation Bastian Baker, le chanteur à la mode : ses parents tiennent un bistrot à deux pas. Juste après une terrasse qui vaut le détour.

Délices dissimulées

Elle est certes un brin cachée entre la station du Métro, bien nommée Délices, non pas par allusion gastronomique appuyée, mais parce que ce fut la résidence de Voltaire, dans une «campagne» disparue et villa rasée, et l’Hôtel Carlton.

Après quelques vicissitudes, cet établissement a été repris par une famille d’hôteliers français. Le jardin de ce qu’un ancien propriétaire nomma un jour L’Ardoise est abrité sous les grands arbres, dont quelques uns sont touffus, et d’autres exotiques. Un jeune chef, Anthony Macé, est descendu de la Cité, rejoindre le directeur Nicolas Lagier, pour la réouverture du resto, fermé huit ans. Naguère, cette terrasse souffrait du grincement de la crémaillère de feue «la ficelle». Aujourd’hui, on y entend à peine le feulement du m2.

Des trois terrasses (Croix d’Ouchy, Royal-Savoy et celle-ci), la formule de la cuisine y est la plus smart. Une carte simple, avec une assiette du jour à prix relativement contenu, ou une formule entrée-plat-principal-dessert, ou décortiquées entrée-plat ou plat-dessert, une suggestion de pâtes de la semaine, quelques plats à la carte, des vins au verre. Le personnel est plutôt attentif et de bon conseil. Bon plan, pour les jours ensoleillés, à midi ou le soir. Et qui sert un brunch le week-end (tandis que son voisin en diagonale, le Royal, promet, lui, des plats revisités en guise de brunch…).

La retraite alpestre d’un «winewriter»

site_terras_jpgEt puis, les terrasses peuvent encourager l’esprit d’escalier. Je ne résiste pas à vous faire part d’une récente découverte, au centre de Val-d’Illiez, où le clocher immaculé de l’église proclame «carpe diem». De l’autre côté du rond-point de la route principale, au cœur du village, Per-Henrik Mansson pilote depuis cinq ans Le Communal.

J’avais promis à cet ancien correspondant européen du prestigieux magazine américain Wine Spectator une visite. Voilà qui a été fait, cette semaine, le jour du changement de carte (d’été), par ses jeunes chefs italiens. Sous un soleil de plomb, mais sous les parasols neutres de la terrasse, on est donc partis pour un joli voyage gourmand : coques de mer dans leur jus, risotto à la poudre de réglisse de Val-d’Illiez (à vous transformer un gamaret de feu Jacky Granges, le pionnier du bio en Suisse !), œuf cuit à basse température enrichi d’une parmiggiana coulante et de copeaux de truffes d’été, compote d’abricots avec une crème anglaise : le plein de bon goût assuré ! Le tout arrosé de quelques vins, pas seulement valaisans (ah, la syrah 2013 en cuve des Mabillard-Fuchs!), que l’ancien chroniqueur déniche au gré de ses découvertes.

Une belle reconversion pour celui qui a brossé le portrait de Bernard Arnault, le patron de LVMH : une biographie certes autorisée, mais en anglais seulement, et interdite de traduction en français…

Plutôt que casé dans le bling-bling, voilà le journaliste recyclé dans la montagne revue et corrigée : «50% des plats qui sont commandés sont à base de poissons ou de fruits de mer».

Vive l’été a l’aperto!

Sur le net

La Croix d’Ouchy

La Brasserie du Royal-Savoy

L’Ardoise du Carlton

Le Communal, Val d’Illiez

©thomasvino.ch