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Posted on 6 avril 2018 in Tendance

Vins suisses : réduire le contingent d’importation ?

Vins suisses : réduire le contingent d’importation ?

Conseiller national radical vaudois et président de la Fédération vaudoise des vignerons, le syndic d’Aigle, Frédéric Borloz, demande au Conseil fédéral s’il n’est pas d’actualité de réduire le contingent des vins importés. Et de créer une base légale pour permettre l’application d’une «réserve climatique» dans les cantons.

Petites récoltes à répétition, gel, sècheresse, mais aussi baisse de la consommation des vins en Suisse, et finalement, pression économique sur la vitiviniculture. Les arguments sont repris dans les deux interventions, déposées ce printemps, au Conseil national.

C’est le conseiller d’Etat vaudois Philippe Leuba qui avait sorti de sa manche, en automne 2016, l’idée d’une «réserve climatique», inspirées par un système qui, assure M. Borloz, «a fait ses preuves en France». Depuis 1993, les quotas de production — inchangés ! — sont fixés par Berne et les cantons peuvent réduire ces quantités maximales. Avec la «réserve climatique», les quantités produites entre les minimas des AOC cantonales et les maximas fédéraux ne seraient pas commercialisées, mais pourraient être mises en réserve pour pallier d’éventuels déficits de production des années suivantes. Et si les vins ne sont pas commercialisés en AOC, ceux émargeant à cette «réserve climatique» devraient être déclassés obligatoirement en vin de table.

Changer la répartition du contingent?

Si les quotas fédéraux de production n’ont pas changé depuis 1993, le contingent d’importation des vins (170 millions de litres par an) est fixé, lui, sur la consommation moyenne des années 1986 à 1988. Depuis, la production indigène et la consommation des vins ont baissé en Suisse et ce contingent (pas utilisé à plein ces dernières années…) fait «une pression économique trop forte sur la production indigène».

Selon M. Borloz, on pourrait modifier la répartition de ce contingent, en introduisant un système connu dans d’autres branches agricoles, «la prestation en faveur de la production indigène». Ainsi, sur le marché de la viande, depuis 2015, une part du contingent tarifaire est attribuée en fonction du nombre d’animaux abattus. Ceux-ci sont enregistrés dans une banque de données qui permet ensuite la répartition de 40% du contingent adaptée aux conditions réelles du marché.

Les chiffres de l’importation

Dans sa dernière édition (avril 2018), le Weinzeitung (qui ne paraît pas en français), publie les chiffres des importations obtenus aux douanes par le journaliste Stefan Keller.

En 2017, la Suisse a importé 170 millions de litres de vins divers, dont 1,2 mios de litres de vins doux (- 15% par rapport à 2007) et 26 millions de bouteilles de mousseux (+ 33% vs 2007). A noter que la valeur moyenne de la bouteille de mousseux a baissé de 29%, ce qui montre bien la progression du prosecco sur le champagne.

Pour les 150 millions de litres de vins tranquilles secs, en blanc, l’importation a été de 36,6 mios de litres, soit 20,6 mios de litres en bouteilles (27,5 mios de bouteilles) et 16 mios de litres en vrac. En quantité, l’importation a cru de 54% en dix ans, en bouteilles, et de 10% en vrac. Le prix moyen déclaré en douane est de 8,10 fr. la bouteille et de 1,10 franc le litre de vrac. En rouge, 78,5 mios de litres sont importés en bouteilles (104,7 millions de bouteilles), en croissance de 15% sur dix ans, et 43,8 millions de litres en vrac, en chute de 24%. Le prix moyen en bouteille est de 11,9 fr. et de 1,7 fr. en vrac.

Dix pays exportateurs représentent 96%, respectivement 98% de ces vins, dans le marché des bouteilles. En blanc comme en rouge, l’Italie arrive en tête, avec une augmentation du volume de 63% en blanc et 41% en rouge sur dix ans.

En blanc, avec 7,6 mios de litres, l’Italie exporte le double de bouteilles que la France (3,8 mios), mais pour un prix deux fois moindre: 8 fr. pour une bouteille de blanc français, contre 3,6 fr. pour une bouteille de blanc italien. En blanc, l’Allemagne pointe au 3ème rang, avec une progression de 180% à 2,5 mios de litres. Elle dépasse l’Espagne, qui a pourtant progressé de 88% et le Portugal, + 158%, devant l’Autriche (840’000 litres, + 50%). Premier pays du Nouveau Monde, les Etats-Unis (- 8%) devant l’Argentine (+ 34%), l’Afrique du Sud (- 48%) et l’Australie (- 44%). L’ensemble de ces pays du Nouveau Monde ne représentent que 7% des importations de blanc, contre 37% pour l’Italie, devant la France, 19%, l’Allemagne, 12%, l’Espagne 10%, le Portugal 7% et l’Autriche 4%.

En rouge, l’Italie, avec près de 33 mios de litres (+ 41%), devance l’Espagne, 15,3 mios de litres (- 10%), devant la France, 13,5 mios de litres (+ 1%). 4ème, le Portugal, avec 4,6 mios de litres (+ 74%). En rouge, l’Afrique du Sud disparaît de la liste des dix principaux exportateurs au profit du Chili (+ 5%), qui figure derrière l’Argentine (+ 102%), les Etats-Unis (+ 17%) et l’Allemagne (+ 13%). L’Autriche (+ 48%) et l’Australie (- 55%) complètent le tableau des 10 premiers pays d’importation. L’Italie représente 42% des vins rouges importés en bouteilles, l’Espagne, 20%, la France, 17%, le Portugal 6%, les pays du Nouveau Monde, 10%, l’Allemagne et l’Autriche, 2% chacune. A l’exception de l’Afrique du Sud et de l’Argentine pour les blancs, et de l’Espagne et de l’Autriche pour les rouges, les prix déclarés à la douane ont baissé ces dix dernières années. Les vins français sont les plus chers, en blanc comme en rouge, à respectivement 8 et 10 fr. la bouteille, une valeur en baisse dans les deux cas de 17% sur dix ans. Pour l’Italie, ces valeurs sont de 3,6 et 6,3 fr. la bouteille, pour l’Espagne, de 3,6 et 5,8 fr. la bouteille.

Rayon mousseux, l’Italie exporte vers la Suisse près de 11 mios de litres (+ 80% sur dix ans), à un prix moyen de 4,2 fr. la bouteille (- 18% sur dix ans) soit plus de deux fois plus que la France, avec 5 millions de litres (- 4%), à un prix moyen de 17,4 fr. la bouteille (- 16%), l’Espagne, 2,4 mios de litres (- 2%), à un prix moyen de 3,3 fr. la bouteille (- 23%). Ce trio fournit 95% des mousseux importés en Suisse: 56% pour l’Italie, 26% pour la France et 13% pour l’Espagne.

©thomasvino.ch