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Posted on 3 juin 2019 in Tendance

Caves ouvertes : Vaud en vrac

Caves ouvertes : Vaud en vrac

Après avoir baissé les quotas de production pour ce millésime 2019, les Vaudois(es) ouvrent leurs caves ce week-end de la Pentecôte, samedi et dimanche de 10 h à 18 h (mais attention : pas lundi !). 300 caves sont à découvrir, du Vully (valdo-fribourgeois), déjà en fin d’après-midi vendredi, jusqu’au Chablais, de La Côte à Bonvillars, en passant par les Côtes-de-l’Orbe et Lavaux*. En lever de rideau, diverses annonces et quelques découvertes…

Par Pierre Thomas

Je suis allé, ce lundi matin, au Casino de Morges, à la première session des Climats vaudois, qui sont au vignoble vaudois ce que Les Glorieuses, depuis vingt ans l’an prochain, sont aux vins valaisans, les quatre lundis du mois de mai. A Morges, trois lundis de juin, soit celui-ci, puis le 17 et le 24 juin, une grosse douzaine de producteurs différent font déguster leurs vins aux pros de l’Horeca.

Si les Valaisans les ont rangés par villages d’origine, les Vaudois, pour ce coup d’essai, se sont bien gardés de les proposer par appellation… des fois que Lavaux fasse de l’ombre au Chablais (et réciproquement).

Donc, à chaque lundi son panaché de Vaudois en vrac, autour des membres du cercle vertueux Arte Vitis. Attention : pour participer, il faut soit être membre de l’Association suisse des sommeliers professionnels (ASSP), soit être adoubé par les organisateurs, via inscription sur le site Internet www.climatsvaudois.net.

LP Bovard prépare sa retraite

Je me suis efforcé de ne déguster que les 2018. Au passage, Louis-Philippe Bovard m’a fait savoir qu’il n’allait désormais proposer ses vins «de l’année» qu’en septembre de l’année suivante (donc pas au printemps). Il m’a aussi expliqué qu’il avait trouvé deux Fabios pour remplacer un (unique) Louis-Philippe : l’«œnologue à façon» Fabio Penta (1ermillésime, 2018) et le Grison Fabio Bongulielmi, futur responsable administratif et commercial du domaine de Cully. De celui-ci, deux bons chasselas 2018, alors que les 2017 sont remarquables (tel le Dézaley La Médinette, inscrit à la Mémoire des vins suisses).

Le vétéran de Lavaux en est certain : «Plus personne ne vient aux caves ouvertes pour découvrir le dernier millésime». S’il l’affirme !

Il faut dire que bien que précoce, avec des vendanges «liquidées» en deux semaines (selon Julien Dutruy, un des Frères D., «cave suisse de l’année 2017»), 2018 devrait donner des vins rouges denses, aptes à un élevage long, et donc pas disponibles avant l’hiver 2019…

Des blancs très flatteurs

Restent les blancs. Chez les Blondel, Jean-Luc et Louis, à Cully, toute la gamme est, comme toujours, facile d’accès, «mais jamais aussi épanouie que cette année, la meilleure de ma carrière», assure le père. De très jolis chasselas de plaisir, du souple Villette Champ-Noé au Dézaley Côtes des Abbayes, qui se laisse boire sans regret… Même plaisir avec le Coteau de Verschiez, une des plus belles expositions du Chablais, vinifié par Bernard Cavé, à Ollon, qui, déjà, exprime cette énigmatique «minéralité», propre aux plus grands chasselas (quand on ne s’en gargarise pas !). Chez le même producteur, élégant et frais gamay Noire Agate 2018, comme la cuvée de gamay de base des Frères Dutruy à Founex et Rubis (80% gamay, 20% pinot, gamay, garanoir) d’une jeune vigneronne qui monte, Valérie Marendaz, de Mathod. Marraine du goût, au titre des artisanes de la vigne et du vin, Noémie Graff, de Begnins, présentait son pinot noir 2018, un des pionniers de La Côte, qui reste une valeur sûre…

Et puis, loin du «millésime de la canicule» 2003, les 2018 livrent des vins aromatiques de très jolie tenue, souvent grâce à une acidité renforcée par l’absence de malolactique, tels ce Gewurztraminer (sec) d’Alain Pélichet, à Féchy, un archétype pour qui apprécie l’aromatique riche et florale du cépage, le riche mais acidulé Freiburger des Fribourgeois Simonet à Môtier, la remarquable Altesse, d’une acidité rapicolante, sur l’ananas et la mangue, de Vincent Chollet, qui signe aussi un beau Viognier, abricot-vanille, charmeur, et un étonnant rosé de Mondeuse (Les Treilles de Valérie), qui fait pschitt… Autre rosé, classique et bien fait, le premier des Artisans Vignerons d’Yvorne (AVY), uniquement en «désirées». Et j’ai apprécié, toujours en 18, le trio de chez Hammel Terre de Vins, un merlot vinifié en blanc, légérement ambré, du Chablais, La Jouvence, un peu techno, mais de bonne tenue en bouche, un sauvignon blanc et gris, estampillé bio bourgeon, du Domaine de Bolliattaz, à Lavaux, complété par un rouge 2018, un merlot-malbec, du même domaine, déjà mis en bouteille pour abreuver les spectateurs de la Fête des vignerons.

Tout beau, tout bio!

En effet, de début juillet à la fin août, l’association Lavaux Vin Bio a réquisitionné le cinéma Rex, non loin de l’arène de la Fête, à Vevey, et le restaurant voisin, pour n’y faire découvrir que des vins bios et des plats bios, imaginés par les sept vignerons du groupement, agrémentés de films programmés par la SSR, en plus des bobines sur Lavaux Bio, «crowdfoundé» (encore en montage…).

Le 2 novembre, un samedi de ouf!

Et puis, quand la Fête des vignerons sera terminée, l’été fini et le nouveau millésime rentré, c’est-à-dire en novembre, il y aura encore des dégustations. Comme ce samedi 2 novembre, avec Arvine en Capitale, à Fully, et Arvinis à Genève. Et entre-deux, une vingtaine de vigneronnes de toute la Suisse, au Casino de Morges, pour un premier salon «Les vigneronnes en scène». Tandis qu’à la même date, mais sur deux jours, le 1er et le 2 novembre, se tiendra à Daillens le 2ème Salon des vins des Côtes-de-l’Orbe. Après Paolo Basso l’an passé, j’y donnerai une «masterclass» sur les «nouveaux cépages de Changins», tels qu’ils sont mis en valeur dans la région où Christian Dugon fut un des premiers à pouvoir faire des essais prometteurs. D’autres ont suivi et j’espère bien que le 1ernovembre 2019 en fin d’après-midi, on pourra déguster et commenter les premiers (beaux) rouges 2018, tout juste sortis de barrique, ou après six mois de bouteilles ! 

©thomasvino.ch