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Posted on 21 mai 2008 in Tendance

L’œnotourisme éclair est à la mode… à Bordeaux

L’œnotourisme éclair est à la mode… à Bordeaux

L’œnotourisme de courte durée attire de plus en plus de monde. Bordeaux vise les individuels, tandis qu’à La Côte vaudoise, «la Route du Vignoble» fait un carton avec les entreprises. Deux approches complémentaires. Toutefois, le projet régional vaudois a disparu en automne 2015 (lire à la fin).
Pierre Thomas
Depuis son engagement, en 2004, par l’Office du Tourisme pour gérer ce dossier, Sophie Gaillard-Mairal a développé l’offre bordelaise. Une vingtaine de circuits ont attiré, l’an passé, 22’000 touristes, dont 12’000 pour un tour d’une demi-journée. Avec l’aide du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB), qui prend en charge un poste de travail, l’Office du tourisme de la capitale girondine peut répondre à la demande ciblée «vins», grâce à un guichet spécifique, ouvert tous les jours, dimanches compris.

Gratuit? Pas suivi!

Le touriste doit payer 5 euros (8 francs) pour un rendez-vous pris au château par l’Office du tourisme : «Si le service était gratuit, les gens n’honoreraient pas leur rendez-vous», argumente Mme Gaillard-Mairal. Dans les tours, la demi-journée (tous les jours du 1er avril au 15 novembre, de 13 h 30 à 18 h 30, pour 29 euros, soit 35 francs) a la cote, avec une propriété prestigieuse, une moins connue et la visite d’un monument. Chaque vigneron qui accueille le tour reçoit 4,50 euros (7,20 francs) par touriste. Un autocar emmène au maximum 50 personnes. Pour la journée, avec déjeuner dans un château (de 59 à 90 euros, 90 à 140 francs), la capacité est limitée à 25 personnes.

Touristes monomaniaques

Si Bordeaux a été classée au patrimoine mondial de l’UNESCO l’an passé, en même temps que Lavaux, c’est pour son héritage citadin. La ville ambitionne d’être capitale européenne de la culture en 2013. Mais, chassez le naturel, Bordeaux symbolise le vin : «Cela m’étonne toujours, mais des gens arrivent à l’Office du Tourisme en s’étonnant de ne pas être au cœur du vignoble», sourit Mme Gaillard-Mairal. Ces touristes — un tiers des 680’000 personnes passées par l’Office du Tourisme — sont, du reste, un brin «monomaniaques» et se focalisent sur le vin… Rançon de cet intérêt : ils séjournent plus longtemps que les autres (trois jours et plus). Voilà pourquoi depuis 2005, cent-cinquantième anniversaire du classement des grands crus, la palette des circuits n’a cessé de s’étoffer. «Nous sommes partis à la pêche pour ouvrir les propriétés», explique la chargée de mission.

Attirer les entreprises romandes

Cette volonté d’ouvrir une région viticole au tourisme, Séverine Beetschen, 30 ans, l’a eue pour son mémoire d’économiste d’entreprise, en 2001. Elle a lancé l’idée d’une «Route du Vignoble» de La Côte vaudoise, de Founex à Sévery.
Diplôme en poche, de 2001 à 2003, elle est passée de la théorie à la pratique et a pris son bâton de pèlerin pour convaincre. Constituée en association, la Route du Vignoble compte 150 membres, dont une moitié de vignerons. Après deux ans de tâtonnements, pour essayer d’attirer le touriste individuel, le service s’est orienté vers les entreprises, ces multinationales qui installent leur quartier général entre Lausanne et Genève. «On ne savait pas comment aller chercher le touriste. Ou alors, il aurait fallu investir un budget énorme pour nous faire connaître.»

Avec l’aide des Offices de Tourisme

Avec les entreprises, Séverine Beetschen fonctionne comme «fournisseur de services». Elle fait des propositions, organise des tournées, sur un jour ou moins, le plus souvent, et facture l’ensemble des prestations (dégustations, repas, animations). 80% de la somme revient à chaque artisan-partenaire. Et ça marche : «Entre 2006 et 2007, on a doublé notre chiffre d’affaires, à 300’000 francs. L’an passé, on a organisé 115 événements suivis par 3072 personnes. Et durant ce premier trimestre 2008, on a réalisé le résultat de 2006 et reçu trois fois plus de demandes que durant la même période de 2007. Les entreprises reviennent, de nouvelles s’y ajoutent et les offices du tourisme nous amènent des clients.»
Organisées ponctuellement, les tournées pour des individuels vont peut-être repartir (lire lci-dessous)… La Route du Vignoble, qui, comme à Bordeaux, compte beaucoup sur son site Internet (désactivé depuis…), a édité un prospectus avec les adresses de ses partenaires.
Toutefois, après le départ de S. Beetschen, le projet n’a pas trouvé de second soufle. Mise en veilleuse durant deux ans, l’association, qui comptait encore 80 membres en octobre 2015, a été dissoute: «Elle est morte et enterrée», titrait le quotidien vaudois 24 Heures, le 22.10.2015.
www.bordeaux-tourisme.com
A Nyon, un Euro «œno»
Dès le 9 juin 2008, Séverine Beetschen revient à l’œnotourisme individuel. Pour la première semaine de l’Euro de foot, elle propose un circuit-découverte de La Côte, comprenant du vin, des huiles artisanales et du chocolat. Les lundis, mercredi et vendredis, un bus emmènera les clients des hôtels de Chavannes-de-Bogis et de Nyon pour une excursion de 9 h. 30 à 16 h. 30, au prix de 220 fr. par personne. Possibilité de réserver jusqu’à la veille à 19 h. Chaque hôtelier recevra 20 fr. par touriste et certains ont déjà demandé à l’organisatrice de prévoir cette excursion durant tout l’été. L’offre aurait été plus attractive depuis Genève, sans doute. Mais Séverine Beetschen, qui travaille avec une assistante à 80% dès cet été, estime l’opération trop lourde pour être articulée avec une si petite structure.Paru dans le magazine Hôtel Revue du 22 mai 2008, actualisé en février 2016.