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Posted on 28 mars 2009 in Vins suisses

Six nouveaux membres de la MDVS

Six nouveaux membres de la MDVS

Six nouveaux membres à la MDVS
Le trésor des vins
suisses s’enrichit

Le projet de la Mémoire des vins suisses (MDVS) se présente comme le «trésor du vin suisse». A Genève, il s’est enrichi de six nouveaux membres.
Par Pierre Thomas

L’idée a jailli d’une conversation entre le journaliste Stefan Keller et le producteur de merlot du Tessin Christian Zündel: pourquoi ne pas «archiver» des vins suisses et mesurer leur aptitude à vieillir? En 2002, un groupe de journalistes zurichois arrêtait son choix sur 21 vins sélectionnés parmi près de 300. Et décidait de suivre leur évolution. Les producteurs acceptent de jouer le jeu et de remettre chaque année une soixantaine de bouteilles. Elles servent à des dégustations de confirmation ou de démonstration publique. Ainsi celle de la semaine passée à l’Hôtel de la Paix, à Genève, où un salon était trop petit pour accueillir les fins nez attirés par cette dégustation de prestige.
Un seul vin par producteur

Depuis bientôt dix ans, la composition de l’association Mémoire des vins suisses, a évolué. Deux grands producteurs valaisans (Rouvinez et Jean-René Germanier) se sont retirés. Mais d’autres sont venus étoffer la vingtaine de vins de base. Comme toujours en Suisse, vin et vigneron, produit et personne, se confondent. Mais la philosophie de la MDVS est bien de choisir un seul vin représentatif par producteur. Représentatif de quoi ? Le projet aurait pu réunir cinq producteurs de six cépages jugés importants en Suisse. Mais les initiateurs ont préféré jouer la carte de la diversité.
Bien sûr, chasselas, pinot noir et merlot sont bien représentés. Les meilleurs liquoreux valaisans aussi. Pourtant il n’y a qu’une syrah et qu’un cornalin du Valais… Des six membres accueillis à Genève, trois font entrer dans ce «trésor», des cépages pas encore présents. C’est, pour Emilienne et Jean Hutin, de Dardagny (GE), le sauvignon blanc en barriques. Un vin qui n’a pas été produit en 2007, non pas que le sauvignon, introduit à Genève par ce domaine en 1983, n’ait rien donné cette année-là, mais parce que l’élevage en barriques convainc moins les consommateurs… C’est pourtant, en plein accord avec le producteur, que la version boisée fait son entrée dans la MDVS !
Les Trois-Lacs en force
Autres cépages intronisés, liés à des régions encore sous-représentées : le Traminer du Cru de l’Hôpital, conduit par le jeune œnologue Christian Vessaz, à Môtier, dans le Vully fribourgeois, et le pinot gris du Domaine Schernelz Village, de Charly Steiner. Celui-ci témoigne de la transformation physique du vignoble : grâce au remaniement parcellaire qui vient de s’achever à Douanne (Twann), son domaine des coteaux du Lac de Bienne passe de 50 à 5 parcelles, mais avec un changement de cépages, puisque la terre se transmet avec les vignes. Le Rollois Philippe Schenk, pour le chasselas d’Yvorne (VD) du Château Maison-Blanche, le Lucernois des Grisons Thomas Mattmann, pour le pinot noir de Zizers, et Meinrad Perler, le Fribourgeois du Tessin, pour son merlot Riserva d’Arzo, complètent les possibilités de comparaison avec les trois cépages les plus représentés.
Des vins décidément trop rares

La Mémoire des vins suisses est aussi un cénacle d’amis vignerons partageant la même philosophie. Notamment pour des vins (trop) rares. N’est-ce pas là, aujourd’hui, le principal handicap des vins suisses : quand ils sont reconnus, ils sont introuvables. Seul producteur de cornalin, Denis Mercier, de Sierre, le concède : «Pour un vigneron, se muer en commerçant est le plus désagréable. Ne pas avoir assez de vin est une grande faiblesse. Nous sommes restés très suisse : on fait un pas à la fois et on veut qu’il soit très sûr, en limitant le danger économique. La solution passe par davantage de vignerons qui font de bons vins», explique celui qui produit 3'000 bouteilles d’un des deux seuls vins suisses mentionnés dans le compendium «1'001 vins qu’il faut avoir goûté dans sa vie» (Flammarion). Et qui pourrait, admet-il, en vendre allègrement le double…
Site Internet : www.mdvs.ch


Eclairage

Cap sur Paris !

Pour le publiciste zurichois Andreas Keller, la MDVS doit pouvoir collaborer avec Swiss Wine Promotion (SWP), l’organisme subventionné par Berne pour organiser des campagnes nationales. Une coexistence d’autant plus cohérente que, sous l’impulsion de son président, le négociant valaisan Jacques-Alphonse Orsat, SWP met l’accent cette année sur des actions chez Coop et chez Denner. Une campagne d’affichage vantant les vins suisses et des publireportages dans «Schweizer Familie» complètent ce programme. Dans ce cadre, le Valais communiquera sur le fendant et la dôle. Pas vraiment le créneau du «trésor du vin suisse»… A l’étranger, quand les négociants suisses visent l’Allemagne et la Belgique (pour une exportation infime de 750'000 litres, soit 0,75% de la production suisse, en 2008), la MDVS préfère viser la France. «Nous avons été accueillis avec intérêt par les Parisiens», témoigne le Genevois Jean Hutin, qui a participé à un salon en février. L’association espère trouver sa place dans le «Grand Tasting», à Paris, en novembre. Et elle compte sur les sommeliers — presque tous Français ! — des meilleures tables suisses pour qu’ils clament haut et fort tout le bien qu’ils pensent des (meilleurs) vins suisses.

Paru dans
Hôtel Revue du 4 avril 2009.