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Posted on 19 avril 2009 in Grand Jury 24 Heures

Des pinots noirs au pinacle

Des pinots noirs au pinacle

Grand Jury 24 heures

Des pinots noirs au pinacle

Rien de plus difficile à déguster que des pinots noirs. Le Grand Jury de 24 Heures s’y est essayé. Et ne s’en est pas mal sorti… les vins aussi!
Par Pierre Thomas
Les huits meilleurs et tous les participants
Le pinot noir a détrôné le chasselas comme premier cépage de Suisse, faisant basculer la majorité du vignoble dans le rouge. Du coup, avec ses 4449 hectares (contre 4151 ha de chasselas), la Suisse a assis, dans la statistique du moins, son rang de grand pays producteur du plus délicat des cépages rouges, derrière la France, où Champagne et Bourgogne alignent respectivement 12 et 10’000 hectares, l’Allemagne (7’600 ha), mais à égalité avec les Etats-Unis (4’430 ha) et devant l’Italie (3540 ha).
Un grand vin de terroir(s)

Il n’y a sans doute pas de cépage rouge plus sensible au sol et au micro-climat que le pinot noir, dont les «marqueurs» sont la finesse et l’élégance, alliées à une capacité de bien vieillir, surtout si les vins ont été élevés «à la bourguignonne», en «pièces» de 228 litres (l’équivalent de la barrique).
En Suisse, entre le Valais (1730 ha), Vaud (515 ha), Neuchâtel (296 ha), Schaffhouse, Zurich et les Grisons (tous un peu plus de 300 ha), on a l’embarras du choix. Pour ordonner ce match au sommet, il a fallu trancher. Sur quelles bases? Depuis douze ans, Sierre organise le Mondial du Pinot Noir. La plupart des bouteilles suisses dégustées par le jury de 24 Heures ont obtenu un VINEA d’or. C’est le cas du vainqueur du jour, la Cuvée Saint-Louis 2007, seule médaille d’or neuchâteloise à Sierre, l’an passé.
«Un bon pinot se réussit à la vigne»

A Cressier, au Domaine Grisoni, sur les 9 hectares de rouge (sur 12,5 ha), «on a mené ces dernières années, une recherche sur les clones de pinots, plantés en banquette, dans une terre rouge-brun, calcaire, qui rappelle la Bourgogne», confie Christian Jeanneret, beau-fils de feu Jacques Grisoni. «Un bon pinot noir se réussit d’abord à la vigne : on goûte les raisins avant vendanges, qui peuvent avoir lieu en plusieurs passages, et on trie le raisin sur un tapis. Ensuite, pas de foulage, mais une macération préfermentaire sur grains ronds. Il n’y a pas de recette miracle : chaque année est différente», explique le patron, qui effectue sa sélection Saint-Louis sur les barriques, avec son chef de cave, Sébastien Kehrli.
Des bourgognes à l’accent vaudois

Ce vin s’est classé ex-aequo avec un bourguignon du Clos des Guettes. Ces deux hectares classés en premier cru appartiennent à la maison Henri de Villamont, propriété de Schenk SA à Rolle depuis 1964. Deux étiquettes sont commercialisées, l’une sous le nom du propriétaire, l’autre dans la sélection Arthur Barolet. Les deux ont été dégustés : mêmes vignes, même vinification, mais un tout petit écart en faveur du second. H. de Villamont s’est, de surcroît, adjugé une sixième place, avec un autre de ses domaines, un premier cru de Chambolle-Musigny. «Depuis quatre ans et le retour de l’œnologue-directeur Pierre Jhean, les vins se sont grandement améliorés», confirme Paul Baumann, œnologue d’Obrist à Vevey, qui se rend sur place trois ou quatre fois l’an.
Des pinots frais d’abord

Entre un neuchâtel d’un rapport qualité-prix imbattable à 21 fr. et le climat haut de gamme de Chambolle à 47,50 fr., une cuvée vaudoise de prestige à 38 fr., doublement signée Philippe Gex, à Yvorne, producteur des raisins à petit rendement sur son Clos de Planavy, et Bernard Cavé, son vinificateur à Aigle. Ce dernier remarque : «Quand on n’est pas dans des bourgognes de haut vol au-delà de 50 francs, les vins suisses se défendent très bien». Et même les vaudois ! Hélas, tant le Raissenaz, vinifié par Raoul Cruchon, que l’Alunisence, encore plus confidentiel (1000 bouteilles) de Jean-Christophe Piccard, sur les hauts de Lutry, sont épuisés…
Avec un autre bourgogne, un Santeney, et le premier pinot noir du Nouveau Monde, un californien soigné «à la française», le tableau est complet. Il y manque les pinots noirs valaisans ! Aucun des huit dégustés ne se hisse dans ce double carré final, mais il y en a trois parmi les huit ex-aequo (!) au neuvième rang (avec 14,6 points). Preuve que le jury a privilégié la fraîcheur de fruit : les quatre pinots noirs suisses du haut du tableau sont tous des 2007.
Eclairage

Grand Jury 24 heures

Deuxième année

et nouvelles règles du jeu

En ouverture de sa deuxième année, le Grand Jury de 24 Heures a dégusté des pinots noirs. Suivront des sauvignons blancs, qu’on espère rapicolants, avant l’été. Par rapport aux quatre grandes dégustations de 2008, le jury a été redimensionné à sept membres.
Pour cette première session, à l’œnothèque du Château d’Ouchy, à Lausanne — endroit idéal pour un tel exercice ! —, Nicole Desbordes, sommelier de céans, Tony Decarpentrie, son alter ego du Beau-Rivage Palace voisin et Jérôme Aké-Béda, de l’Auberge de l’Onde, à Saint-Saphorin, étaient accompagnés des œnologues Rodrigo Banto (Uvavins, Tolochenaz) et Fabio Penta (Hammel, Rolle), de Marco Grognuz, vigneron-encaveur à Villeneuve et de Pierre Thomas, journaliste spécialisé.
Le jury a dégusté, l’un après l’autre, et noté (sur 20 points), 46 pinots noirs, fournis gracieusement par les producteurs ou les commerces de vins qui les distribuent dans le canton de Vaud, exclusivement. 16 pinots noirs vaudois (majorité de 2007), 10 bourguignons (tous de 2006), 8 valaisans, 4 neuchâtelois, 3 du reste de la Suisse et 4 du Nouveau Monde étaient en compétition. La note la plus haute et la plus basse ont été éliminées pour obtenir la moyenne. Les notes retenues sont restées dans une fourchette de 3 points pour les premiers vins. La liste complète des participants figure sur le site Internet de 24 Heures et sur www.thomasvino.com (comme les résultats des dégustations précédentes). (pts)

Paru dans 24 heures du samedi 25 avril 2009.