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Posted on 11 juin 2009 in Vins suisses

Vaud — 80 ans d’Uvavins: croire en la coopérative!

Vaud — 80 ans d’Uvavins: croire en la coopérative!

Quatre-vingts ans pour Uvavins
Croire en la coopérative
Pour ses 80 ans, la coopérative de La Côte vaudoise Uvavins s’est offert une nouvelle chaîne de mise en bouteilles. Un «cadeau» à 7 millions de francs et un acte de foi en l’avenir.
Par Pierre Thomas

Accueillis à Tolochenaz, où elle est établie en zone industrielle depuis bientôt 40 ans, les invités ont trinqué, la semaine passée, avec un «nouveau produit», l’Eagle One. Un mousseux élaboré avec des vins de base… espagnols (cépages chardonnay et colombard). C’est qu’UVAVINS est davantage qu’une coopérative regroupant 300 vignerons fournisseurs de La Côte (415 hectares pour 3,7 millions de litres de vin en 2008). Au fil du temps, elle a intégré des entreprises comme Bourgeois SA à Ballaigues (65% de vins étrangers), Auguste Chevalley SA à Mont-sur-Rolle et les activités de l’Association viticole d’Aubonne.
Mousseux, marché juteux
Si UVAVINS reste la maison-mère, et vend elle-même jusqu’à 15% de vins étrangers, elle a deux filiales commerciales, les Caves Cidis (20% de vins étrangers) et Bourgeois SA. L’inauguration d’une nouvelle chaîne d’embouteillage marque aussi le rapatriement des activités de cette société du Jura vaudois, acquise en 1995. Et de son expertise, l’élaboration de mousseux, à base de vins suisses ou étrangers, selon la méthode de la «cuve close». La centrale de Tolochenaz est désormais équipée de telles installations, pour une capacité de 67'000 litres. Pour Thierry Walz, directeur général, il y a encore une marge de progression dans ce secteur, qui représente 400'000 flacons sur les 9 millions de cols produits par le groupe. A noter que la part de l’Horeca dans les ventes du groupe s’élève à 15%, contre 40% aux grandes surfaces.
Une gamme très diversifiée

Les goûts de la clientèle changent et Uvavins tente de suivre le mouvement. Au total, pas moins de 193 vins sous 47 formes de contenants sont embouteillés, exigeant une installation sophistiquée — et donc onéreuse, puisqu’elle a coûté quelque 7 millions de francs, en machines automatisées de fabrication italienne.
La gamme proposée va du chasselas — «Si j’en avais eu 300'000 litres de plus l’an passé, je les aurais vendus !», affirme Thierry Walz — à des vins rouges haut de gamme, élaborés par l’œnologue Rodrigo Banto, comme le «Distingo», un assemblage élevé en barriques tiré désormais à 4'000 bouteilles. Le partenariat avec le chef Bernard Ravet, de Vufflens-le-Château, prend aussi son essor, avec une douzaine de crus pour un volume global de 20'000 bouteilles. Lancée en catimini d’abord, via un site Internet, la gamme originale Uvanomine, devrait, quant à elle, passer le cap des 100'000 bouteilles pour sa première année de commercialisation. Pour atteindre l’objectif fixé au double, il faudra des efforts soutenus de marketing, concède Thierry Walz.
Des menaces… politiques

Reste qu’Uvavins est d’abord un poumon économique pour la plus grande région viticole vaudoise, La Côte. Elle fait vivre, outre 100 collaborateurs, près de 400 familles, pas toutes vigneronnes à plein temps, a rappelé le président du conseil d’administration, le conseiller national UDC André Bugnon. Fidèle à son credo, il a constaté le «tsunami» de l’ouverture des frontières suisses aux vins blancs étrangers. Et d’affirmer que le revenu des vignerons a chuté de 25 à 60%, selon les situations. Et il craint la prochaine déferlante, annoncée par Berne, des accords de libre-échange avec l’Union européenne et l’application des directives de l’OMC. Pourtant, (r)assure le politicien vaudois, président du groupe viticole du Parlement fédéral, «nous croyons en l’avenir de la viticulture suisse.»
Eclairage
Pas encore d’Uvavins-Vaud

Genève a sa Cave de Genève, qui vient d’engager un directeur général zurichois, l’œnologue Martin Wiederkehr, pour une cave toute neuve. Le Valais, avec Provins-Valais, investit cette année pour regrouper ses réceptions de vendange en un seul lieu, à Sion, et ouvre des points de vente à Sion, Leytron et Sierre. Et le Pays de Vaud, outre Uvavins, poids lourd, a encore des coopératives disséminées (Bonvillars, Cully-Lutry, Corseaux, Vevey-Montreux et dans le Chablais, Villeneuve, Aigle, Yvorne, Ollon et Bex, qui ont manifesté, pour certaines, la volonté de fusionner). Alors, à quand une seule coopérative vaudoise, offrant un assortiment complet? Thierry Walz n’y croit pas : «Ici, il y a mille ans de strates. Lavaux n’est pas La Côte. Les esprits ne sont pas prêts à une coopérative vaudoise.» Et l’identité d’une entreprise doit être forte. Uvavins vient d’en vivre l’expérience : la société viticole OWG des bords du lac de Zurich (mais saint-galloise) à Rapperswil-Jona a souffert, d’une perte d’identification, depuis que les Vaudois l’ont reprise, il y a cinq ans. Résultat: elle sera revendue cette année à un opérateur local.
Paru dans Hôtel Revue le 11 juin 2009.