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Posted on 17 avril 2010 in Tendance

Bordeaux 2009: cirque à grand spectacle

Bordeaux 2009: cirque à grand spectacle

Bordeaux 2009

La tournée annuelle du grand cirque

Les primeurs de bordeaux sont au vin ce que le cirque Knie est au spectacle tout public en Suisse romande : une tournée qui revient chaque année. Avec ses éléphants (les 1er Grands Crus Classés intouchables), ses lions (quelques super seconds comme les Léoville), ses tigres (les vins surprenants, toujours plus rares et plus chers) et ses amateurs. Quelques pistes (aux étoiles…) de Parker, Gabriel, Perrin, Quarin, Jancis Robinson et Schwander, oracles plus ou moins réputés et fiables.
Par Pierre Thomas
Chacun attend les notes du gourou américain Robert Parker, tombées à fin avril. Aucune illusion à avoir : le millésime va lui convenir, grâce à son opulence, sa puissance, sa richesse, toute chose que l’Américain adore et promeut depuis un quart de siècle. 2009 est taillé à sa mesure.
René Gabriel : du jamais vu en 20 ans
Chaque région a son Parker en puissance. La Suisse alémanique est suspendue aux notes de René Gabriel, ex-responsable des achats du groupe Moevenpick. Sur son site Internet, il écrit que «jamais en 20 ans, je n’avais donné 16 fois 20 points sur 20 à des échantillons sur fûts des bordeaux d’un millésime. 65 vins suivent avec 19 points et 135 échantillons sur fûts sont taxés à 18 points, puis 227 suivent à 17 sur 20», soit 443 vins dignes d’être achetés pour leurs qualités !
En Suisse romande, Jacques Perrin, fondateur du CAVE SA, à Gland, n’a pas hésité à livre ses pointages secs sur son blog, à mi-avril. Un chapelet de bonnes notes… Yquem est au sommet à 100 points : les liquoreux 2009 seront formidables, dit-on. En rouge, un quatuor mène le bal entre 98 et 100, Ausone, Haut-Brion, Latour et Margaux. Cinq vins sont dans la fourchette 97 – 99, Cheval-Blanc, Lafleur, Léoville-Las Cases, Mouton-Rothschild et Petrus. 4 vins fluctuent dans la fourchette 96 – 99, L’Eglise-Clinet, Lafite-Rothschild, Pontet-Canet et Vieux Château-Certan. 11 vins sont dans l’écart 96 – 98, dont Calon-Ségur, Ducru-Beaucaillou, Le Tertre-Roteboeuf, Le Pin, Cos-d’Estournel, Palmer, La Mission Haut-Brion et Valandraud, et les liquoreux Fargues, Sigalas-Rabaud et Nairac.
Premiers et super-seconds hors d’atteinte ?
A ce stade, la seule question est de savoir à quel prix ces flacons pourront être pré-commandés. Parker, selon Internet, ne laisse aucun espoir : les 15 ou 20’000 caisses des 24 bordeaux les plus prestigieux ne répondront pas à la demande mondiale. Celle-ci s’articule autour de deux questions fondamentales : les Asiatiques, avec Hong-Kong comme nouvelle plaque tournante du monde du vin, vont-ils se ruer sur les 1ers Crus Classés et les Super Seconds ? Et les Américains, pour cause de dollar en hausse, vont-ils acheter en force, à nouveau ? Le reste du monde est suspendu aux réactions de ces deux formes de Nouveau Monde.
Et on s’attend à ce que les prix de sortie des châteaux dépassent ceux de 2005 ! Il faudra trouver de bonnes affaires du côté des 2008, moins chers que les 2007, mais meilleurs, quoique délaissés. Rive droite, à Saint-Emilion et Pomerol, la plupart des 2008 sont au moins aussi bons que les 2009, pas aussi réussis que dans le Médoc. Et les Sauternes 2007 sont remarquables et moins chers que les 2009 à venir.
Un concentré des meilleurs millésimes
Sur la qualité des rouges, René Gabriel cite Christian Moueix (Pétrus etc.) : «La météo de l’été fut sembable à juillet et août 1989, l’automne à septembre et octobre 1990. Les jeunes vins rappellent 1982 et par leur grande concentration, les 1947.» Bref, on ne serait pas loin, avec cette combinaison, du jackpot absolu !
Va-t-on vers des surprises ? Le régional de l’étape, Jean-Marc Quarin, qui rêve depuis vingt ans d’avoir l’aura de Bob Parker, a publié sur son site un édifiant tableau : sur les 100 meilleurs vins de 1995 à 2006, indexés sur une progression qualitative, 20 vins, seulement, ont progressé, et très légérement, durant ce laps de temps ! A Bordeaux, la hiérarchie est solidement établie, également en matière de prix : le premier rouge à moins de 40 euros en 2006 pointe au 46ème rang.
Ainsi, chez Jacques Perrin, on a repéré quelques notes qui pourraient renseigner les possibles futurs acheteurs (et spéculateurs ?) : les Léoville, Poyferré et Barton, à 95-97, Malescot-St-Exupéry, 93-95, comme Lascombes et Lynch-Bages ; Branaire-Ducru à 92-94, comme Clinet ou Clerc-Milon ; Gruaud-Larose et Lagrange (souvent de très bonnes affaires) à 92-94 ; Beychevelle, Talbot et Brane-Cantenac à 91-93, comme les outsiders Lafon La Tuilerie et La Serre ; Sociando-Mallet à 90-93, comme Haut-Marbuzet ou d’Aiguilhe (!), et une série de vins à 90-92 : Jean Faure, Monbousquet, Monbrison, Moulin St-Georges, les Ormes de Pez, Petit Mouton, Petit Village et Phélan-Ségur…
Le choix de Philipp Schwander
Autre expert, le seul Master of Wine (MW) de Suisse, Philipp Schwander, installé comme commerçant en vins à Zurich. Dans la NZZ am Sonntag du 18 avril, il dit avoir dégusté 700 vins (!) en échantillons de fûts à Bordeaux, ce printemps. Il donne aussi ses favoris. Les très grands 2009 sont Mouton-Rothschild, Latour, Lafite Rothschild, Margaux, Palmer, Haut-Brion, Pétrus, et le trio de Saint-Emilion, Cheval-Blanc, Ausone et Angélus. Les remarquables sont Montrose, Cos-d’Estournel (avec un ?), Lynch-Bages, Pichon-Baron, Ducru-Beaucaillou, Léoville-Las-Cases, Malescot-Saint-Exupéry, La Mission Haut-Brion, Pape-Clément (et en blanc, Domaine de Chevalier et Haut-Brion), Vieux-Château-Certan, Evangile, Figeac, Beau-Séjour-Bécot, La Mondotte, Canon, Pavie (avec un ?) et en Sauternes, le trio Yquem, Rieussec, Climens. A ce stade, aucune vraie surprise: les vins les plus chers sont aux premiers rangs… En gras, les bonnes surprises du millésime, en-dehors des vedettes ressassées et dont Parker prétend qu’il n’y en aura pas pour tout le monde… Dans les viennent-ensuite, Léoville-Poyferré, Clos Fourtet, et un peu plus loin encore, du Tertre, Ferrière, Lafon-Rochet, Cantemerle, Faugères, La Bienfaisance, Tauzinat l’Hermitage, Montlandrie.
Pour sa part, Jancis Robinson a livré ses commentaires pour le Financial Times, et ses choix. Rive gauche,





Haut-Brion, Lafite, Latour et Margaux sont au sommet (19/20). La critique anglaise signale parmi les bonnes affaires, Pibran, Desmirail, Tour de By, Tronquoy Lalande, Capbern-Gasqueton, Potensac, Carignan – Cuvée Prima, Haut-Vigneau, Clément Pichon, Fonréaud et Greysac. Rive droite, Cheval Blanc, Église-Clinet, Lafleur, Le Pin, Pétrus et Vieux Château Certan. En liquoreux, Raymond Lafon, Suduiraut et… Yquem. En bonnes affaires, G de Grand Village, Puygueyraud et à Saint-Emilion, Clos La Madeleine, La Commanderie, Dassault, La Fleur Morange, Cuvée Mathilde et Ch Louis.
En attendant les notes de notre expert maison, Jean Solis, préparez-vous à casser vos tirelires et à vot’ bon cœur, Messieurs-Dames…
Et si vous doutez encore des compétences des dégustateurs-oracles-devins, lisez l’analyse du journaliste Jean-Yves Nau, né dans une famille de vignerons ligériens, mais surtout durant 30 ans journaliste scientifique au Monde, où, accessoirement, il écrivait régulièrement sur le vin…
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