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Posted on 11 août 2011 in Vins suisses

Une «grosse» année 2011?

Une «grosse» année 2011?

Vendanges 2011

Grande ou «grosse» année ?

Sous la pluie et la fraîcheur de juillet, les raisins ont grossi. 2011 devrait rester une année précoce. Comme en 2009, mais pas autant qu’en 2003, l’année de la canicule. Mais en Suisse, notamment dans le vignoble vaudois, une vendange pléthorique menace…
Par Pierre Thomas
Les vendanges, c’est un peu comme le Tour de France cycliste. L’édition à suspense 2011 s’est jouée le dernier jour. Et dans le contre-la-montre. On peut multiplier les données «objectives» de précocité, la qualité des vins de l’année ne se joue pas aujourd’hui, mais demain. «On sera dans du bon, voire du très bon, s’il n’y a pas trop d’humidité et de précipitations dans les trois dernières semaines qui précèdent les vendanges», confirme Jean-Laurent Spring, le responsable du groupe de recherche en viticulture d’ACW Changins-Wädenswil, à Pully.
Une course au record
Pour l’heure, la date présumée des vendanges reste précoce, autour du 15 septembre, en Suisse. Ce moment de cueillette du raisin parvenu à maturité varie selon les cépages : plus tôt pour le pinot noir, plus tard pour le chasselas. Jamais à court d’effet d’annonce, les Champenois claironnent qu’ils lanceront leurs vendanges la «seconde quinzaine d’août», soit «probablement la plus précoce (année) de l’histoire champenoise avec 1822». Le blog de vitisphere.com (la vendange en France serait de 6% supérieure à 2010) plaisantait à fin juillet en proposant d’avancer la date de sortie du Beaujolais Nouveau au troisième jeudi d’octobre… alors que la loi propose le même jour, mais du mois de novembre! Entretemps, Météo-France a publié ses statistiques pour juillet, un des mois les plus froids et les plus arrosés depuis des décennies.
La pluie? Faut pas s’y fier!
En Suisse aussi, les précipitations de juillet paraissent importantes, entre 73 mm à Sion et 118 mm à Nyon-Changins. «Sur le bassin lémanique, les pluies de ces dernières semaines ont été légérement supérieures à la moyenne, mais la vigne en avait bien besoin. 2011 reste une année sèche dans sa globalité, avec un déficit hydrique calculé entre janvier et début août de 400 mm à Sion, de 290 mm à Genève, de 258 mm à Neuchâtel, de 203 mm à Pully et de 110 mm à Aigle», rappelle Jean-Laurent Spring.
Malgré les pluies bienvenues, l’état physiologique des vignes est idéal. Grâce à une floraison, puis à une véraison fin juillet (même pour le merlot), l’année reste très précoce, avec de belles perspectives.
Trop de raisins trop gros?
Et le revers de la médaille, au-delà du vœu d’un mois d’août sans pluie, surtout dès la seconde quinzaine, pour éviter des vendanges marquées par la pourriture ou la piqûre acétique (courante les années précoces), obligeant à un tri sévère du raisin? Ce pourrait être la quantité de raisin à récolter. Comme sa croissance s’est faite sans heurt (pas de coulure ou de millerandage), que les maladies (mildiou et oïdium) sont absentes, la vigne offre la perspective d’une récolte abondante. «La charge est plus élevée qu’en 2010», admet Jean-Laurent Spring, mais elle varie selon les régions et les cépages. «Les vignerons ont intérêt à procéder à un dégrappage soigné», conseille le spécialiste. Ces «vendanges vertes» doivent avoir lieu maintenant, juste après la véraison, où le professionnel peut distinguer les grappes les plus aptes à maturation des autres.
Dans ce contexte de «grosse année», la Champagne, qui tolère presque 80 hectolitres par hectare, utilisera, pour la première fois, son nouveau dispositif de mise en réserve d’une partie de la récolte, pour permettre de réguler le marché des vins à venir. Le Chianti a déjà connu ce mécanisme, qui intéresse aussi Bordeaux. La Suisse pourrait s’y mettre : l’idée est relancée périodiquement dans les régions de production, en fonction de l’abondance prévue et de la pression sur le prix de vente des vins.

Paru dans Hôtel Revue, le 11 août 2011.