Pages Menu
Categories Menu

Posted on 18 septembre 2012 in Vins suisses

Merlots du Tessin: les Riservas 2010 en revue

Merlots du Tessin: les Riservas 2010 en revue

Peu tanniques, vifs, fins et élégants : tel se sont présentés, début septembre, à Lugano, à l’invitation de Ticinowine, les meilleurs merlots du Tessin, du millésime 2010. Un millésime de consommation facile et donc très «gastronomique.» Lire aussi 40 vins parmi les meilleurs, notés sur 100, et classés en trois catégories.

Pierre Thomas, Lugano
Mais pourquoi donc, alors que les vendanges 2012, relativement tardives, ou plutôt non précoces, se profilent pour fin septembre et début octobre, parler du millésime 2010? Parce que la législation cantonale tessinoise stipule que les Riservas doivent être mis sur le marché au plus tôt 18 mois après les vendanges. Soit, à quelques semaines près, deux ans après la récolte. Même si quelques producteurs réputés (le Vaudois Eric Klausener, la Zurichoise Anna Barbara von der Crone) renoncent à cette notion, préférant la liberté des I.G.T. Svizzera Italiana, la plupart des embouteilleurs se plient à une législation, très souple au demeurant. Car, en-dehors de ce délai de mise en marché, le texte ne dit rien du contenant en cave : à choix, grand fût, barriques, neuves ou non, cuves en inox. Il tolère aussi un assemblage avec 10% d’un autre raisin que le merlot et un coupage avec un autre millésime (15% maximum), sans mention sur l’étiquette.
Une cave moderne pour Meinrad Perler
Ce cadre posé, les vins dégustés chez les 67 producteurs, grands — mais seuls quatre dépassent les 500’000 litres, et une douzaine, les 100’000 litres — et petits — 220 producteurs à moins de 10’000 litres — montrent que les merlots 2010 de haut de gamme ont réussi à allier, sur une structure moyenne, de la fraîcheur et de l’élégance, où l’acidité compense les tanins, souples. «A la dégustation, il est bien mieux que ce qu’on pensait à la vendange», confirme Meinrad Perler, «vigneron suisse de l’année 2010». L’alerte septuagénaire d’origine fribourgeoise va connaître, cette année, la fin d’un parcours de combattant de vingt ans pour mettre sous toit une cave moderne sur son domaine de La Prella, non loin de Chiasso. La cuverie sera prête pour ces vendanges 2012, entre fin septembre et mi-octobre, pas avant : «Le raisin a accumulé du sucre, laissant présager un millésime avec de l’alcool, mais pas encore assez de polyphénols».
Des meilleures cuvées historiques
Une nouvelle cave donne toujours une impulsion à un domaine. Enserré dans les beaux quartiers de la ville de Lugano, la Fattoria Moncucchetto a rapidement pris ses marques, dans ses locaux dessinés par Mario Botta : son «simple» 2009 a remporté, à la surprise générale, la catégorie des merlots au Grand Prix du Vin suisse 2011. Et la jeune œnologue Cristina Monico a sélectionné les meilleures barriques pour signer une Riserva 2010 d’une belle complexité. La reprise en mains, par la famille propriétaire, du spectaculaire vignoble du Castello di Morcote a permis à l’œnologue Michele Conceprio de réaliser la meilleure Riserva du domaine: les 8 hectares ne produisent qu’un seul vin (à 30’000 bouteilles). Là encore, de l’élégance, sur des tanins serrés, pour un merlot complété avec 5% de cabernet franc, élevé 14 mois en barriques neuves.
Et si, en 2010, le Sud du Tessin a dû rentrer sa vendange précipitamment, pour éviter les pluies de fin septembre, Fred de Martin, l’œnologue des maisons Gialdi et Brivio, est très fier de son Sassi Grossi «nordiste» : un vin d’une grande concentration, «le meilleur que j’aie jamais fait», assure-t-il. Et même s’il n’y a que deux merlots tessinois (sur six) parmi les finalistes du Grand Prix du Vin suisse 2012, le très riche et onctueux San Zeno Costamagna 2009, de Tamborini, et le très fruité (cassis, myrtille) Rovere 2010, de Monti, Fred de Martin a réussi à placer le Vigna d’Antan 2010 (55% merlot, 25% cabernet sauvignon, 20% cabernet franc), sous l’étiquette de Brivio, dans les assemblages rouges finalistes, dans un millésime où, au Tessin, les cépages tardifs ont été difficiles à conduire et à faire mûrir dans l’arrière-automne.

Paru dans
Hôtellerie & Gastronomie Hebdo du 20 septembre 2012.