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Posted on 11 février 2013 in Tendance

Importations 2012: les (hard) discounters en pointe

Importations 2012: les (hard) discounters en pointe

En Suisse, les clients des rayons vins achètent de plus en plus au prix le plus bas. C’est l’interprétation qu’on peut faire des statistiques de l’importation des vins pour 2012, publiée par les Douanes suisses, février 2013. Denner (groupe Migros), Lidl et Aldi ont accru leur volume d’importation, au détriment de la Coop, en léger recul, et de plusieurs importateurs jusque ici très présents sur le marché (Scherer & Bühler, Schenk, Rütishauser, Schuler, Manor).

Par Pierre Thomas

En 2012, les importations de vins ont régressé de 465’000 litres, à 162 mios de litres, soit une baisse de 0.28% par rapport à 2011, selon les chiffres cités par le Weinzeitung de février. En rouge, la régression est de 652’000 litres (pour la première fois sous la barre des 130 mios de litres depuis cinq ans), alors que les vins blancs ont progressé de 185’000 litres, à 32,3 mios, record historique à ce jour. En 2003, les importations de blancs n’étaient que de 19,5 mios, et celles de vins rouges dépassaient de justesse les 140 mios de litres, un «sommet» qu’elles n’ont jamais atteint depuis lors. 2010 reste l’année où le volume total d’importation était le plus important, avec 167 mios de litres (2012 : 162,2 mios).

Denner/Migros rattrape Coop

L’écart entre Coop (33,9 mios de litres, — 2%) et Denner/Migros (32,6 mios de litres, + 6%) se réduit. A eux deux, ces grandes surfaces représentent 40,1 % du total des importations. Très loin derrière, Bataillard, à Rothenburg, résiste, à 8,9 mios de litres (+ 1%), devant les Caves Garnier, 6,5 mios (— 3%). Lidl occupe le 5ème rang (3,75 mios, + 6%), et Aldi le 7ème (3,2 mios, + 8%). Les cinq plus gros importateurs totalisent un peu plus de 50% des vins importés en Suisse.

Le groupe Fenaco, à qui appartiennent les Caves Garnier, apparaissent à d’autres positions, avec Bourgeois Vins (- 1%), Landi (+ 11%) et DIVO (— 18%). Le «club» de Penthalaz, avec 345’000 litres importés, fait moins bien que son concurrent, le CAVE de Gland («que» 187.000 litres, mais + 15%). Rayon supermarchés, Magro retrouve des couleurs (+ 87%) — quand bien même la chaîne a demandé un sursis concordataire en février 2013! —, comme Spar (27%), mais à l’inverse de Manor (— 17%), tandis qu’Otto (le soldeur…) fait un bon spectaculaire de + 386%, à 273’000 litres importés. Bindella et Mövenpick (1,87 mios chacun) se placent aux 12ème et 13ème rang, le premier avec une légère progression de 2%, le second avec un recul de 12%.

Le bas de gamme au détriment du moyen

Le commerce traditionnel de moyen de gamme essuie de sérieux revers : si, après Bataillard, les Weinkellereien Aarau limitent les dégâts (3,5 mios, — 8%), Scherer & Bühler (2,6 mios) plongent de 28% comme Schenk à Rolle, sorti du top ten des importateurs (11ème, 2,55 mios, — 28%), et Rütishauser (— 25%), Schuler Wein (— 24%) et Escher, à Vernier/Genève (— 18%).

A l’inverse, des importateurs de vins de bas de gamme, qui fournissent la grande distribution, le Tessinois Vini Bée (3 mios, + 5%) et Weinwelt Schweiz, hébergé chez Orsat, à Martigny (2,7 mios, + 13%), de même que Les Grands Chais à Lucerne (1,6 moi, + 13%) consolident leur position et South Wines, à Orbe, dans le même segment de vins à bas prix, progresse de 22%, au 20ème rang des importateurs (1 mio de litres), juste derrière le spécialiste du bio, Delinat (1 moi, + 40% !)

Les prix cassés ont de l’avenir

Chez les Romands, fortunes diverses: deux résultats spectaculaires, avec le Fribourgeois Pamisa Vins à Grolley, + 97% (171’000 litres) et le vendeur de vins sur Internet à prix cassé, QoQa Services, à Bussigny (VD), + 94% (138’000 litres) et Gazar, spécialisé en primeurs de Bordeaux, + 25% (268’000 litres). Là encore, des commerces plus traditionnels sont à la peine : Hammel à Rolle (— 14%), le groupe Demaurex (Aligro, — 22%), Obrist (groupe Schenk), — 26%.

Plus de 3’000 marchands de vins en Suisse !

Le baromètre des importations permet de juger des positions des acteurs sur le marché, dans la mesure où les transactions se font de plus en plus en flux tendu, dans un climat où l’euro était favorable aux achats. Le marché suisse du vin, malgré le renforcement de la grande distribution, des hard discounters et de la vente par Internet, attire encore les convoitises, puisque, pour la première fois, le nombre des marchands de vins dépasse les 3’000 (3062), contre la moité, il y a 30 ans. La libéralisation et la globalisation des contingents a donc renforcé notablement la concurrence.

©thomasvino.ch