Le Bouveret (VS) — Le Phare
Le Phare au Bouveret (VS)
Une passion jamais éteinte
Voilure réduite
Vingt ans, le chef a tenu — à bout de bras… — la Villa Eugénie, sur la route de Saint-Gingolph. Au verso, la bâtisse donnait sur le lac, avec la plus grandiose des terrasses lémaniques au couchant. Maison vendue, il y a sept mois et fermée quelques semaines plus tard…
Lui a «réduit la voilure», selon la formule en vogue. Il a trouvé refuge dans ce rez-de-chaussée d’un hôtel moderne transformé en résidence. Sa cuisine, il l’a aménagée dans le jacuzzi et la chambre froide a pris la place du sauna ! Autour du piano, le chef est seul, avec une casserolière. Un duo assez habile pour faire face au coup de feu, mais il est prudent de réserver. Le jardin d’hiver, non-fumeur, sert de devanture à la brasserie, avec ses propositions sur ardoises (assiette du jour à 20 fr., menus à 38 et 62 fr.).
A lui seul, Gérard Touron est un «melting pot», un Basque d’Oyonnax, la capitale de l’industrie du plastique, au Revermont du Jura français, cher à l’écrivain Roger Vailland. Ses classes, il les a effectuées dans les palaces des Alpes vaudoises, puis s’en est allé tenir les cuisines de l’Hôpital de Monthey, avant de reprendre un resto à Muraz, puis la Villa Eugénie. Le bonhomme en connaît autant sur le répertoire nappé de beurre blanc que sur les recettes allégées — il a adhéré au concept de la «Fourchette verte» (un plat du jour équilibré). Comme la noble confrérie l’a réintégré dans le «Poisson d’or» : poissons du lac s’entend, pêchés par Jacques Péréaz et Régis Pot, qui lui ramènent perches, brochet, omble (par exemple au moment de la reproduction, quand on n’en trouve nulle part ailleurs…) ou féra. L’autre jour, à midi, celle-ci était parfaite dans un beurre agrémenté de vert de poireau.
Brasserie par vengeance
«Je me venge : à la Villa Eugénie, on ne me demandait que des poissons de mer et des crustacés. Mais moi, j’aime les vrais plats de brasserie, les tripes, la souris d’agneau, la tête de veau vinaigrette !» Et le foie gras, presque sous toutes ses formes. Ses préparations, on les trouvait au Marché de Noël de Montreux, ces dix dernières éditions. Cette année, il a renoncé : il faut faire le voyage du Bouveret pour le goûter. Comme à la délicieuse soupe safranée aux poissons du lac. Compter de 12 à 16 fr. l’entrée et 32 à 38 fr. le plat principal, rognons à la moutarde ou grande assiette du pêcheur. Au dessert, une tarte Tatin un peu rudoyée, mais une amusante composition de chocolat, café et crème de pistaches.
La carte des vins est exclusivement helvétique, de Genève au Tessin, en passant par Vaud et Valais, Chablais compris. Une sélection se retrouve servie à l’once (un demi-déci), dans l’élégants décanteurs miniatures. Et on peut toujours s’attarder au bar du pub, qui donne directement sur la cuisine…
La bonne adresse
Le Phare
Rue du Vieux-Port
Le Bouveret (VS)
Tél. 024 481 58 23
Fermé le lundi et le mardi
Le vin tiré de la cave
Un blanc de plénitude
Chronique parue dans Le Matin-Dimanche du 18 décembre 2005.