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Posted on 30 juin 2006 in Retour du marché

P comme Pivoine

P comme Pivoine

Retour du marché du Matin du 3 juin 2006
Une rose sur la tête
Les Allemands, pour symboliser la descente du Saint-Esprit sur les têtes, font pleuvoir des fleurs de la voûte des églises. D’où, pour ces pétales souvent joliment doublés, immaculés, rose pâle ou rouges, l’appellation de «Pfingstrose» — rose de Pentecôte. Les Français lui préfèrent un nom tiré de la cuisse de Pluton. Il rappelle que Paeon, médecin de l’Olympe, soigna la divinité blessée par Héraclès avec un baume malaxé à partir d’une racine asiatique. En l’honneur du toubib, la plante prit le nom de «paeonia» — pivoine en français.
Peu importe l’une ou l’autre anecdote: le fait demeure que la pivoine pousse à la fin du printemps. Logiquement, on la trouve à cette époque sur les bancs des fleuristes. Curieusement, en revanche, en Occident, la pivoine ne fait pas l’objet d’un culte aussi poussé qu’en Chine, où elle est étudiée à l’Ecole nationale supérieure du Shandong, au sud de Pékin. Une vaste province connue pour produire des vins… Et la pivoine figure parmi les 270 arômes des vins qu’énumérait feu Emile Peynaud dans «Le goût du vin» (Dunod). Ses notes, entêtantes, caractérisent certains rouges exubérants, telles les humagnes valaisannes, au nez floral à mi-chemin entre la violette et la rose.
La rose, dans le monde occidental, c’est la grande rivale de la pivoine! Sans doute parce que le côté ornemental a pris le pas, sous nos latitudes, sur d’autres aspects. En Chine, ses vertus médicinales servent encore, à partir de l’écorce de sa racine, à confectionner des médicaments. Ramenée par la Compagnie des Indes, au 18ème siècle, elle a conquis les jardins français, jusqu’à ce que les horticulteurs la développent, il y a un siècle et demi, sous la double forme d’arbuste ou herbacée. Les fleurs coupées sont issues de la seconde culture, qui donne des fleurs moins élégantes, mais reconnaissables à leurs boutons satinés serrés, avant d’éclore largement en pétales délicats.
Les moines en cultivaient avant qu’elle ne redevienne à la mode, de l’espèce qui a prêté son nom à «rouge comme une pivoine», la «paeonia rubra plena». Allez donc vérifier, aujourd’hui, samedi 3 juin 2006 (dès 9 h. et jusqu’au soir), si, à deux pas de l’Abbatiale de Romainmôtier (VD), elle a droit de cité à la «Fête de la rose et des plantes parfumées». Elle le mérite, cette pivoine qui allie un parfum envoûtant et l’élégance de la rose — sans les épines.

Producteur
Les horticulteurs romands
En vente
Sur les marchés de Suisse romande
Prix
Entre 4 et 8 fr. la pièce