Pages Menu
Categories Menu

Posted on 16 juillet 2007 in Tendance

Vin sur Internet: inéluctable!

Vin sur Internet: inéluctable!

Vente de vins «en ligne»
Quand Internet devient inéluctable
Les sites de vente de vins par Internet se multiplient. Qu’offrent-ils au consommateur ? Et pour quelles raisons y recourir ? Comparaison pour Tout Compte Fait, dans son numéro de juillet-août 2007.
Par Pierre Thomas
Le moyen le plus sûr d’acheter son vin tombe sous le(s) sens : apprécier le produit par la dégustation, puis le commander chez le vigneron. Ou alors acheter une bouteille «pour voir» dans un supermarché ou un commerce spécialisé, et ne suivre que si l’on est convaincu par ce nectar. Ces deux manières d’approcher le vin devraient condamner Internet. Pourtant, aujourd’hui, du petit vigneron au grand négociant, qui n’a pas sa «home page» ou son propre site? C’est que, si la consommation de vin stagne, le consommateur adore «zapper». La «toile» offre un champ d’investigations infini… Les sites qui proposent une offre globale (vins suisses, vins étrangers, etc.) sont plus rares. On en a comparé huit et tenté d’en dresser le profil.
Le Net simplifie la correspondance
Depuis des dizaines d’années, la vente de vins par correspondance existe en Suisse. Le principe est connu: chaque mois, le consommateur, qui doit s’affilier, reçoit un «mailing» postal d’offres incitatives, avec un rabais à la clé. Pour DIVO et le CAVE SA, ce système existe toujours, avec, en parallèle, leur propre site Internet, catalogue en ligne pour le premier, vitrine pour le second. Seuls les adhérents à ces deux clubs sont invités à passer commande en ligne. «70% des commandes arrivent par e-mail», témoigne Christophe von Ritter, directeur de DIVO à Cossonay-Gare. «Mais nos clients sont très attachés à l’information et aussi aux dégustations régulières». «Le vin est un produit dont on veut voir l’étiquette, toucher la bouteille, et finalement déguster. La clientèle classique romande est réticente», confirme Jacques Perrin, fondateur du CAVE SA à Gland.
Réactivité à double tranchant
Un des avantages du Net, c’est la rapidité de réaction. Pour les souscriptions des bordeaux primeurs (lire en fin de fichier), elle peut être primordiale. Grâce aux moteurs de recherche dont sont dotés les sites, il est facile de comparer les offres d’un grand cru précis, puis de passer commande au meilleur prix, en un clic avant qu’il soit épuisé !
Susciter cette réactivité apparaît comme le revers de la médaille : c’est le deuxième point du tableau. La relance va d’un entretien régulier des liens avec la clientèle, par une «newsletter» par exemple, et, dans une moindre mesure chez Schuler et Moevenpick, davantage sur le site français de Chateauonline, jusqu’au matraquage publicitaire. Ici, la «foire aux vins» est permanente : les superlatifs qualifient les flacons, du moins cher au plus onéreux, et les internautes sont invités à réagir instantanément à des ventes «flash». Selon un ressort bien connu: les «actions» des grandes surfaces.
Des supermarchés en ligne
Et ça marche! «Nos clients réagissent bien aux promotions spéciales et adorent les trouvailles», explique Dominique Locher, de Le Shop. Ainsi, le magasin «en ligne», racheté par Migros, n’a cessé ces derniers mois d’étendre sa gamme de vins (360 actuellement). Avec succès : «Deux tiers des commandes pour des produits alimentaires comprennent au moins une bouteille de vin.» Coop qui, dans un premier temps alléchait les amateurs de vins par un «wineshop on line» vient de fusionner ce portail avec celui du supermarché. Plus de mille vins sont proposés, avec des «actions» comme en grande surface. L’avantage, dans les deux cas, c’est d’être livré à domicile. Intéressant, à partir de douze bouteilles: mais attention aux frais de port! Chateauonline, qui recourt à un transporteur, est beaucoup plus cher que la livraison proposée par Vinolog, de La Poste.
Le cadeau et l’info
Internet vise aussi une niche intéressante : celle des cadeaux. Deux jeunes Zurichois ont lancé, il y a quelques mois, un service, giveawine, calqué sur le réseau Fleurop pour les fleurs : on commande une ou plusieurs bouteilles par Internet et elles sont livrées par le petit commerçant le plus proche ou, à défaut, par le producteur ou l’importateur. Moevenpick proposait déjà un service cadeaux et, de leur côté, Coop et Le Shop insistent sur la rapidité de la livraison, qui dépend du mode de livraison choisi.
Pourtant, la rapidité de service et les frais de port ne semblent pas jouer un rôle déterminant chez les consommateurs branchés Internet. En 2004, deux chercheuses françaises ont classé ceux-ci non pas parmi les «utilitaristes», mais parmi les «hédonistes» qui mettent l’accent sur la satisfaction que le vin leur apportera, plutôt que sur la facilité à l’obtenir. Les internautes préfèrent des informations, comme l’a constaté Robert Schlag, chez Coop : «Je viens de mettre en ligne un texte sur le vin et le mal de tête et c’est incroyable le nombre de réactions que j’ai reçues !» Sur la Toile, la matière grise circule davantage que dans un supermarché. Mi-figue, mi-raisin, Jacques Perrin ironise : «On n’a jamais obtenu autant d’informations sur le vin et on n’en a jamais aussi peu consommé.» Avec ou sans Internet.
                                       
Quels risques pour le client «en ligne»?
Que risque le client en achetant du vin par Internet? Si le vendeur est connu et fiable, pas plus que pour tout autre achat en ligne, la carte de crédit restant le mode de paiement de rigueur, avec des transactions réputées sécurisées. En cet été, période de vente de vins «en primeurs» — des bordeaux du dernier millésime payés à la commande et livrés près de deux ans plus tard — la tentation est grande de «vendre à découvert». En clair, le négociant propose des vins à un certain prix ; s’il ne les a pas réservés, il risque de devoir les acheter sur le marché, souvent très cher, sous peine de ne pas pouvoir les livrer aux acheteurs. En avril, la «Revue du Vin de France» a dénoncé cette pratique douteuse d’un commerce en ligne français, www.1855.com. Châteauonline, qui affiche des prix en francs suisses, précise qu’elle «fait partie des maisons qui ne vendent que des vins préalablement achetés ou alloués». En Suisse aussi, les ventes en primeurs passent déjà en majeure partie par Internet, tant chez Mœvenpick  que chez Coop.