Les Frères Dutruy, «cave (suisse) de l’année» 2017
Victoire vaudoise, au Grand Prix du Vin Suisse. Ce sont les frères Christian et Julien Dutruy, de Founex, qui décroche la timbale de la «cave suisse de l’année». Deux outsiders remportent les prix du meilleur vin blanc et du meilleur rouge : le premier, sorti d’une cave de Salquenen, mais sur les conseils de Vinigma à Bâle, une cave «à façon», et le deuxième, la Piccola Vigna, de Coldrerio, au Tessin qui, comme son nom l’indique, est toute petite. Quant à Reynald Parmelin, de Begnins, il récidive en décrochant une fois de plus le «prix bio».
Sur les 78 vins nominés, un jury adhoc (dont faisait partie Pierre Thomas), à mi-août, a sorti 39 podiums des trois meilleurs vins des 13 catégories du Grand Prix du Vin Suisse.
Mardi 31 octobre, à Berne, ces vainqueurs ont été dévoilés lors d’un gala. Le Valais s’est retrouvé 14 fois sur le podium, devant la Suisse alémanique, 8 fois, Vaud, 7 fois, les Trois-Lacs, 5 fois, Genève, 3 fois et le Tessin, deux fois. Le Valais s’est adjugé 6 catégorie, Vaud une, le chasselas, le Tessin, le merlot, Neuchâtel, le rosé (avec un œil-de-perdrix), tandis que Bâle (avec un assemblage blanc valaisan…) et Zurich, pour les assemblages rouges, ont décroché un titre, tout comme Genève, dans la nouvelle catégorie des gamaret-garanoir.
Ci-dessous, le palmarès commenté en détail.
En chasselas (tous 2016), le trophée revient aux Fils Rogivue, de Chexbres, avec leur Saint-Saphorin Bellevue, qui devance un autre Saint-Saphorin, La Rionde, de Patrick Fonjallaz, à Epesse, et, médaille de bronze, le fendant de Martigny de la cave Alexis Jacquérioz.
En Müller-Thurgau (tous 2016), les Grisons l’emportent, avec le Riesling-Sylvaner 2016 de Jenins d’Obrecht, devant le Zurichois de Schnorf, à Uetikon, et le Bâlois de Siebe Dupf, à Liestal.
Premier des six titres valaisans et triplé en autres cépages purs, pour le petite arvine 2015 de la Cave du Rhodan, Olivier Mounir, à Salquenen, devant le Païen 2016 de Nicolas Zufferey, de la Cave des Bernunes, à Sierre, et le païen des Bernunes 2016, de la Cave Caloz (Sandrine et ses parents), à Miège.
Encore un vin valaisan dans les assemblages blancs, avec l’Apriori 2016, certes signé Vinigma à Bâle, mais fait dans les caves d’un encaveur salquenard, devant le Premium 1er Cru 2015 du Château du Crest, le grand triomphateur des Sélections de Genève 2017, et la Cuvée de l’Arzille 2015, du Domaine Chervet, à Praz, dans le Vully (fribourgeois).
Triplé neuchâtelois en rosé (tous 2016), avec trois œil-de-perdrix, Les Petits Crêts de la Cave des Coteaux, à Boudry, coiffant au poteau celui de Martin Porret, du Domaine du Cèdre, à Cortaillod et celui des Caves du Château d’Auvernier.
En pinot noir, doublé valaisan du milieu et du bas, avec le Clos de la Couta 2015, premier millésime d’un vignoble en reconversion bio à Vez, de Jean-René Germanier, devant le Pisür, 2015 aussi, de la Cave Saint Philippe, à Salquenen et, troisième, un pinot noir barrique 2015 encore zurichois, de Kindhauser-Berghof à Wiesendangen.
Valais encore en gamay, avec le 2016 de la Cave Mabillard à Champlan, devant le Baron Rouge 2016 du Domaine des Charmes, à Satigny (GE) et le Confidentiel 2015, du Château de Valeyres, à Valeyres-sous-Rances (VD).
En merlot, le Tessin n’a pas laissé passer la victoire, avec le Piccola Vigna 2013 de la vigne homonyme, à Coldrerio, devant le vaudois Le Bernardin 2015, de Rodrigo Banto, Uvavins, à Tolochenaz (VD) et un autre tessinois, mais d’une grande cave, le Castelrotto 2015 de Tamborini, à Lamone.
Le Valais décroche la timbale en autres cépages rouges purs, avec le seul cornalin, 2016, des six nominés, de Leukersonne, à Susten, devant deux syrahs 2015, la Réserve des Papilloud, père et fils, à la Cave du Vieux-Moulin à Vétroz, et la Diego Mathier 2015, du Nouveau Salquenen.
Dans les assemblages rouges, c’est un Zurichois, connu pour son pinot noir, Erich Meier, qui s’impose avec un vin partiellement tiré de cépages interspécifiques, le Plural 2015, devant le Bâton Rouge 2012, de la Cave du Vidomne, à Saint-Pierre-de-Clages, et le Binôme 2015, de Zweifel, à Zurich.
Pour la première fois, les gamaret et garanoir, purs ou en assemblages, avaient leur propre catégorie. La victoire revient au Domaine du Centaure, à Dardagny (GE), pour le Légende 2015, au boisé luxuriant, devant le Désir Noir 2016, du Domaine de la Crossettaz, à Gilly (VD) et un gamaret zurichois, 2016, de Wetli, à Männedorf.
En présentant son Tourbillon 2012, un millésime plus ancien et donc plus épanoui, Provins-Valais a joué gagnant dans les vins avec sucre résiduel, devant le Gewürztraminer 2015 de la «cave de l’année», des Frères Dutruy à Founex (VD) et un autre classique valaisan, le Johannisberg Saint-Martin, lui aussi d’un millésime plus ancien, 2013, du Domaine du Mont-d’Or, à Sion.
Enfin, dans une catégorie plus ouverte par la variété des styles, c’est encore un vin valaisan qui l’emporte en effervescents, le Brut de l’Orpailleur 2014, de Frédéric Dumoulin, à Uvrier, devant les Frères Dutruy — deux fois deuxièmes ! — avec un Brut Rosé 2015 et, troisième, la maison Mauler et Cie SA, à Môtiers (NE), avec un vin de pays suisse, Bel Héritage 2012, soit trois mousseux suisses millésimés…
Nous reviendrons prochainement par des notes de dégustation sur les vins que nous avons préféré dans la «finale» de ce Grand Prix du Vin Suisse 2017.
©thomasvino.ch