Derniers bons livres sur le vin et les bistrots (2009)
Et si le Père Noël était vigneron, bûcheron ou bistrotier ?
Gros bouquins à mettre
sous le grand sapin
Par Pierre Thomas
Vins : trois sommes capitales
…le Valais essentiel
Un chantier colossal, unique en Suisse, pour le canton qui, à lui seul, cultive un tiers de la surface du pays. Une véritable encyclopédie, dont les travaux ont été menés sur près de sept ans. Bien découpé en nombreux chapitres, plutôt courts, l’ouvrage, piloté par les historiens Pierre Dubuis et Sabine Carruzzo, se consulte en zappant d’un thème à l’autre. Essentiel pour la compréhension du milieu: histoire, bien sûr, remontant à 800 ans avant notre ère, mais aussi économie, ethnologie et ampélographie. Ce dernier point — l’étude des cépages — bénéficie des travaux scientifiques de José Vouillamoz, bien vulgarisés par le docteur lui-même. Et Dieu sait si le Vieux-Pays est à lui seul un conservatoire de cépages! Rappel: le Valais viticole est le seul canton où la vigne s’est largement développée depuis l’arrivée du chemin de fer (1850) et du… phylloxéra (1910). S’il ne fallait offrir (ou acquérir) qu’un seul livre cette année, ce serait celui-là!
68 fr., prix spécial, chez Payot (sinon, 85 fr.)
… une année toute en rosé
123,10 fr. chez Payot.
…un monument castelpapal
Après une large partie générique, très documentée, avec moult tableaux, l’album passe en revue 275 domaines répartis sur 3’500 ha de l’AOC (dont 2’322 plantés en grenache, largement en tête des fameux 13 cépages autorisés). Le vin de Châteauneuf-du-Pape est à redécouvrir, grâce à une succession de magnifiques millésimes récents: 1989, 90, 98, puis 2000, 2001, 2005 et 2007, grande année qui arrive sur le marché actuellement. Attention toutefois aux 170 «cuvées spéciales»: elles dérogent au principe sacro-saint d’assemblage, signature de tout domaine, qui était une caractéristique castelpapale essentielle (13 millions de bouteilles par an).
74 dollars US sur www.amazon.com
Histoires de beaux flacons
220 pages, illustrées, 89 fr. chez Payot
Trois fois le vin encore…
220 pages, sous jaquette souple, aux Editions Jeanne Laffitte, 42,70 fr. chez Payot.
Dans un registre abordable, basé sur des reportages sur place — nous avons fait quelques voyages ensemble… —, Jacques Orhon, sommelier d’origine française établi depuis longtemps au Québec et auteur de livres et d’émissions sur le vin, parcourt en deux tomes, richement illustrés, les vins dits du Nouveau Monde.
Sur 400 pages, d’une part pour l’Afrique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, d’autre part pour l’Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Chili et Uruguay), il a de la place pour évoquer à la fois le contexte de la viticulture de ces pays et pour signaler les meilleurs domaines, avec des commentaires personnels sur les vins, glanés durant des dégustations menées sur place. Le tout servi dans un style facile à lire, quoique solidement étayé.
Les Editions de l’Homme, «Les vins du Nouveau Monde». Chaque tome, 61 fr., chez Payot.
Le b à ba de la dégustation
120 pages (60 pages dans chaque langue), Editions Favre, 25 fr.
La cuisine au bout de la ligne (de pêche)
Editions Favre, 79 fr.
Cet ouvrage collectif n’enlève rien aux mérites de Didier De Courten et de sa bible et d’un autre Valaisan, exilé à Lausanne, où il cuisine niçois et méditerranéen, Edgard Bovier. Les deux ont les honneurs d’un grand livre, tous deux chez Favre également.
L’«Edgard Palace» met en scène le grand hôtel du cœur de la ville de Lausanne, avec deux mises en perspective, l’une sur les palaces et l’hôtellerie de luxe, où les pionniers furent helvétiques, l’autre sur le sens de la cuisine méditerranéennes, par Jean-Claude Ribaut, le chroniqueur gastronomique du Monde.
Editions Favre, 230 pages, richement illustrées, nombreuses recettes faciles à faire à condition de disposer du bon produit, 94 fr.
Et pour finir, tous au bistrot !
On y lit que ce néologisme a été inventé par le journaliste et chroniqueur culinaire Sébastien Demorand du magazine Zurban au tout début des années 90. Le concept, qui se veut tendance, va à ravir au couple Jean-Luc Ingold — Véronique Zbinden, jadis vacciné au gastro GaultMillau, mais aujourd’hui revenu des grandes tables pour les petites adresses chics et pas chères. Pour son édition 2010, «le petit suisse à table» (en minuscules) mérite son qualificatif de suisse, grâce à une quarantaine des 330 adresses outre-Sarine et outre-Gothard. Style des textes nerveux et appuyé, jugement sans la moindre note, le petit bouquin (250 pages, éditions Texto, 27,50 fr.) n’est pas tout-à-fait un antiguide (comme on dit antiride…), mais ouvre d’autres pistes. Comme celle des brunches ou des tables d’hôtes, regroupés dans la même catégorie à la fois citadine et campagnarde.
Les bars à vins ont disparu de cette édition. Et si j’étais parano — mais je ne le suis pas, hein ! —, c’est parce que l’ouvrage de ces ex-Lausannois exilés à Genève aurait dû forcément annoncer l’ouverture du Midi 20. Reste plus qu’à faire des fondues chez soi!
©thomasvino.com/071209