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Posted on 16 novembre 2011 in Tendance

Millésime 2011: vignerons suisses sous pression

Millésime 2011: vignerons suisses sous pression

Généreuses vendanges et franc fort:
les vignerons sous pression

Trop de vin en Suisse et trop d’attrait à l’étranger. Il n’en faut pas plus pour inquiéter les vignerons. Les Vaudois d’abord. Ils vont contre-attaquer avec la promotion.
Par Pierre Thomas

Version douce en français… (suite tout en bas)

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Mercredi 9 novembre 2011, un vent d’alarmisme soufflait sur l’assemblée de la Fédération vaudoise des vignerons (FVV), à Begnins. Selon les prévisions, le vignoble suisse a produit cet automne 110 millions de litres (57,2 de rouge, 52,8 de blanc), soit 7% de plus qu’en 2010 et 5% de plus que la consommation réelle. «On a connu 1% de surproduction qui a fait baisser les prix de 10%. Ces prochains mois, cela va être violent !» Thierry Walz, directeur de la coopérative Uvavins à Tolochenaz (VD) ne mâche pas ses mots. Car la situation vaudoise se complique.
Deux ans de consommation de réserve
Deuxième producteur de vin après le Valais, Vaud est le dernier à produire plus de blanc que de rouge : 22,5 millions de litres de blanc, contre 9 millions de rouge. En blanc, c’est 8% de plus qu’en 2010. «D’ici fin 2011, la réserve de consommation risque de monter à 21 mois pour les blancs et à 24 mois pour les rouges», commente Thierry Walz. C’est beaucoup : presque deux ans de consommation… à condition de ne pas produire.
Depuis la chute du protectionnisme du vin blanc, la production a certes baissé en Suisse, mais les importations, surtout à bon marché, ont augmenté. Dans ce secteur, les vignerons suisses subissent de plein fouet les effets du franc fort. Les grands distributeurs sont incités à répercuter la baisse des prix d’achat à l’étranger. Ensuite, les touristes étrangers, qui consomment une part de vins indigènes en stations, boudent notre pays. Enfin, les Suisses voyagent davantage, au détriment de la consommation locale.
Berne dit non à une aide accrue
Que faire ? Le «retour au protectionnisme», esquissé par l’initiative populaire dite «La Vrille», lancée par le vigneron genevois Willy Cretegny, n’est pas une solution, estime Gilles Cornut, président de la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois: «La politique du hérisson ne résoudra rien». Les producteurs envisagent de relancer l’exportation, qui stagne toujours à un peu plus de 1% de la production suisse, dans le haut de gamme, «bon pour l’image», assure Thierry Walz. Mais au prix renforcé par le franc fort ! La Société suisse des exportateurs de vin (SWEA) a demandé que Berne double sa mise pour les efforts de promotion à l’export, soit 2 francs pour chaque franc investi par la production. Elle vient de recevoir la réponse du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann: c’est non! Président de la Fédération suisse des vignerons (FSV), le conseiller national Laurent Favre, a déposé une motion dans le même sens pour la promotion nationale… et s’attend à une réponse du même tonneau.
La promotion, seule planche de salut
Face à la crise promise, seule planche de salut, la promotion. Les 1,25 millions de francs levés par les vignerons cette année ont été portés à 2,5 millions par la Confédération. L’Interprofession de la vigne et des vins suisses entend péréniser l’opération jusqu’en 2014 et attend une réponse de Berne. De leur côté, les Vaudois lancent ces jours une campagne sur le thème de «la qualité, de la fraîcheur et de la jeunesse», selon Nicolas Schorderet, secrétaire général de l’Office des vins vaudois. Ils ont emballé un mannequin dans le drapeau cantonal. L’affiche est destinée à la Suisse alémanique. Le comité des vignerons vaudois a regretté de n’avoir pas participé au casting… Rires de l’assemblée.

… et «hard» en schwyzertütsch. (Paru dans Hôtellerie & Gastronomie, 16.11.11)

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