2013-14: baisse des quotas pour les vins blancs suisses !
Le Conseil fédéral a publié, le 15 mai 2013, l’ordonnance qui entrera en vigueur le 1er juin, pour alléger le marché des vins suisses. Pour respecter une forme de symétrie des sacrifices, le quota fédéral des vins blancs baisse de 100 g., passant de 1,4 kg/m2 à 1,3 kg/ m2 pour les blancs romands et alémanique, tandis qu’il est maintenu à 1,2 kg/m2 pour les rouges de toute la Suisse et les blancs du Tessin, pour 2013 et 2014.
Par Pierre Thomas
C’est la première fois depuis 22 ans (1991) que Berne abaisse le plafond des quotas fédéraux, que la plupart des cantons ont diminué de leur côté, souvent par arrêté annuel, pour tenter de faire coincider l’offre à la demande, soit la production à la consommation.
En 2012, pour la première fois dans l’histoire récente de la Suisse, la consommation des vins indigènes est descendue sous les 100 millions de litres. Conséquence de l’année 2011 pléthorique et de la consommation faiblissante en 2012 (— 12 millions de litres, dont 8 au détriment des vins suisses), le Parlement a accepté de verser 10 millions de francs aux producteurs de vins suisses.
Sa mise en œuvre est complexe. Elle concernera avant tout les grandes caves, avec une limite de la commercialisation de ces «vins déclassés avec aide financière» à fin 2014. Un appel d’offre sera lancé, avec un système d’attribution à partir de l’offre la plus basse, l’idée étant que ces lots de vins soient écoulés de préférence comme «vins industriels». Car, pour le consommateur, le risque principal sera que ces «vins de table» vendus à vil prix, mais qui respectaient au départ les critères AOC, puissent être aussi bons que les vins AOC vendus à leur «juste prix»!
Bon pour la fondue «swisness» !
De manière récurrente, le «chasselas romand» peut être aussi bon qu’un vin AOC, quand il est en fait un vin AOC déclassé volontairement par le producteur. Il y a des lustres, une émission «A bon entendeur» l’avait déjà démontré par une dégustation à l’aveugle édifiante et consternante à la fois… Ce genre de stratagème politique, faute de volonté de choisir de produire du vin de table aux critères légaux propres aux vins de table — un choix qui doit intervenir avant l’été —, fait prendre au consommateur des vessies pour des lanternes. On en est réduit à espérer que les restaurateurs et autres fabricants de fondue s’approvisionneront en vin suisse et non en vin blanc de table de provenance européenne pour apprêter leur mets «typiquement» suisse, sauf pour le vin ingrédient nécessaire à son élaboration!
©thomasvino.ch