Sang neuf au Domaine de la Ville de Morges
Le vigneron titulaire du domaine de la Ville de Morges, Luc Tétaz, en place depuis 1980, vient de prendre sa retraite, après 35 ans de services. Pour lui succéder, Marc Vicari, directeur du domaine depuis deux ans, a engagé un jeune vigneron du Jura (français), Correntin Houillon. En cave, Fabio Penta, qui travaille pour Œnologie à façon, à Perroy, a succédé, dès le millésime 2014, au jeune œnologue Frédéric Hostettler.
Ces deux dernières années, le domaine de 15 ha a multiplié les nouvelles étiquettes, au propre comme au figuré : trois vins de base (chasselas, rosé de gamay, gamay), un chasselas «réserve» La Grand’Rue, un assemblage rouge Le Protagoniste, de garanoir et gamay, tous deux lauriers d’or Terravin en 2013, un pinot noir et un garanoir purs, deux assemblages Les Guérites, en blanc (doral, chardonnay, pinot gris) et en rouge (garanoir, gamaret, galotta), un Servagnin et un gamay Réserve, ces quatre élevés en barriques, et un passerillé (doral, chardonnay, pinot gris). La cave, passée de la ville à la campagne (à l’orée du domaine de Marcelin) fut construite, en 1985, pour le double de capacité de la production actuelle (120’000 litres maxi), en cuve inox et en 45 barriques.
Deux trends: les pros français et la biodynamie
Le jeune vigneron engagé s’inscrit dans une double tendance actuelle dans le vignoble vaudois : l’engagement de nombreux jeunes pros français et l’accent mis sur la biodynamie. Correntin Houillon, 24 ans, n’est autre que le neveu d’Emmanuel Houillon, qui a repris le domaine de Pierre Overnoy, un des ténors des vins dits naturels dans le Jura et en France. Après le Lycée viticole de Beaune et un BTS en viti-oeno à Montpellier, il est allé travailler dans de nombreux vignobles, chez Stéphane Tissot, autre pionnier de la biodynamie dans le Jura, mais aussi en Australie et à la Cave de Tain-l’Ermitage, effectuant «douze vinifications» au total. Il a déjà travaillé à Luins, sur la Côte vaudoise.
Comme ses voisins, le Domaine Henri Cruchon et Raymond Paccot, mais aussi le Château Rochefort, appartenant à la Ville de Lausanne, qui vient de reprendre entièrement domaines et vinifications, la Ville de Morges veut pencher vers une viticulture plus respectueuse de l’environnement, et vers la biodynamie. «Il faudra quatre à cinq ans de transition», pronostique le nouvel œnologue Fabio Penta, pour qui la cave morgienne est une des vingt-cinq qu’il suit. Avec quelle intensité : «J’y passe le temps qu’il faut.» Rappel : Fabio Penta signait, avec Charles Rolaz, les vins de domaine de chez Hammel, à Rolle, où il a accompli toute sa carrière jusqu’au printemps 2014.
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