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Posted on 3 mai 2024 in Tendance

Chiffres du vin 2023  – La Suisse confirme son îlot de cherté

Chiffres du vin 2023 – La Suisse confirme son îlot de cherté

Quel est le pays où les vins importés sont les plus chers en moyenne au monde ? On vous le donne en mille : la Suisse ! C’est l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), dont le siège est désormais à Dijon, qui l’affirme. Et, en prime, voici quelques autres chiffres saillants de 2023.

Par Pierre Thomas

L’OIV ne parle pas du prix des vins suisses, qui forment 38,5% du marché suisse, en progression de 3,5%, mais de la valeur des bouteilles importées. A 7,5 euros le litre en moyenne (6 francs suisses la bouteille), il ne s’agit pas que de grands crus bordelais ni de supertoscans… Mais c’est 0,40 centimes d’euros de plus qu’au Japon. Les Etats-Unis, médaille de bronze tombent déjà à 5 euros de moyenne, le Canada à 4,9, et la Chine, à 4,3. La Belgique est à 3,9, soit 10 centimes au-dessus du Royaume-Uni. L’Allemagne importe des vins à 2 euros le litre en moyenne. Et que dire de la France et du Portugal, gros pays producteurs ? Ont-ils vraiment une nécessité à importer des vins à 1,5 euros, respectivement 0,7 euros ? La statistique tend à prouver que les pays à fort pouvoir d’achat importent des vins plus chers… Et le directeur de l’OIV, John Baker, attribue à l’inflation et au prix des vins croissant, autant qu’aux conditions météo extrêmes, le fait que la production mondiale de vin a baissé de 10% en 2023. Quant à la consommation, elle décline lentement mais sûrement… en Suisse aussi (- 0,5%).

La Suisse entre le 4ème et le 18ème rangs

Malgré des importations de 393’834 hl de vin blanc et de 1’027’873 hl de rouge (soit un peu moins que la consommation effective), la Suisse ne figure pas parmi les dix pays plus gros importateurs en volume (le trio Allemagne-Royaume Uni-Etats-Unis mène le bal), mais pointe au 7ème rang en valeur, où les Etats-Unis sont largement en tête, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. La Hollande et la Belgique encadrent la Suisse. La Chine, 10ème importateur en volume est 9ème en valeur.

En consommation totale, la Suisse, avec 2,3 millions d’hl (- 0,5%) est le 18ème pays au monde, devant l’Autriche mais derrière le Japon. Par tête, en comptant les adultes de plus de 15 ans, la Suisse pointe au 4ème rang, avec 31,8 litres par tête (devant l’Autriche, 30,1 litres), derrière le trio de pays européens producteurs importants que sont le Portugal, avec 61,7 litres par tête, loin devant la France, 45,8 litres, et l’Italie, 42,1 litres.

La Chine à la peine…

Seuls l’Espagne, la Russie, le Brésil et la Roumanie ont vu leur consommation de vin augmenter en 2023. La tendance à la baisse concerne tous les autres pays, entre  – 2 et – 4%, sauf l’Argentine (– 5%), le Portugal et les Pays-Bas (– 9% tous deux), et, surtout, la Chine, avec – 25%, qui peine à considérer le vin comme une boisson intéressante.

On s’approche d’une part de 40% de vins suisses

Selon l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), si la consommation totale de vins en Suisse a baissé d’un demi-pour cent, celle des vins indigènes a progressé de 3,8%, restant en-deça des 40% de parts de marché (38,6%). Mais, pour Swiss Wine Promotion, «ces chiffres sont encourageants et démontrent la nécessité de soutenir les produits» nationaux et prouvent l’efficacité de la promotion intensifiée l’an passée et reconduite cette année.

Comme la vente en supermarché, qui représente 36% de la consommation des vins suisses, est en baisse de 3 %, ce sont les autres canaux (Horeca, vente directe, petits revendeurs), qui ont contribué à la progression de la part de marché des vins indigènes, selon une étude de l’Observatoire suisse du marché des vins (OSMV). L’exportation ne représente toujours que 10’000 hl, dont deux tiers de rouge.

Dans la consommation des Helvètes, le blanc a recreusé un petit écart entre les vins indigènes (446’000 hl consommés) et les vins importés (407’000 hl). En rouge, la proportion des vins importés est (historiquement) plus importante, dans un rapport qui s’approche de 2 contre 1 : 1’040’000 hl (le chiffre le plus bas depuis 2020) contre 464’000 hl de rouge indigène, un chiffre presqu’aussi haut qu’en 2020. Dans les deux couleurs, les indicateurs sont donc favorables aux vins suisses.

Des bulles qui font pschitt…

Recensée depuis deux exercices, la consommation de rosé indigène représente l’équivalent d’un peu moins de 15% des rouges suisses. Selon l’OFAG, si le marché des mousseux atteint 227’000 hl (deuxième meilleure performance après 2021), les effervescents suisses n’auraient trouvé preneurs qu’à hauteur de 124’000 litres (150’000 bouteilles, soit moins de 5% du total de la consommation des mousseux). L’essentiel de la production de 2023 a rejoint les stocks, démentant un engouement pour les bulles indigènes. A rebours de la tendance générale : une question de prix, alors ? N’est ni champagne, ni prosecco, qui veut — et c’est encore plus difficile d’être ni l’un, ni l’autre !

©thomasvino.ch