Salons: la France drague Genève
Salons de dégustation
La France «drague» Genève
Par Pierre Thomas.
Début novembre, Bernard Garret, animateur du Club des Professionnels du Vin, organisait dans les salons du Beau-Rivage, à Genève, son deuxième «rendez-vous des professionnels». Le reste de l’année, ce Parisien met sur pied des dégustations en France, à Paris, Lyon, Marseille et Strasbourg.
Dans un Salon du Beau-Rivage, de g. à dr., Jean-Marc Amez-Droz, l’organisateur Bernard Garret et Emmanuel Heydens.
A Genève, une quarantaine de domaines étaient présents. Fait nouveau, les participants recevaient une aide de 30% des frais, par un organisme dépendant du Ministère français du commerce extérieur. Parmi les exposants, Jean-Marc Amez-Droz. Le Valaisan, ex-Monsieur Vins Suisses, faisait déguster les côtes-du-rhône du domaine familial de 38 hectares, Château Signac, non loin de Châteauneuf-du-Pape. Avec l’ex-sommelier Emmanuel Heydens, négociant depuis trois ans à l’enseigne du Passeur de Vins, un des 155 (!) commerces de vins de la place de Genève (300’000 habitants), il avait aussi pour tâche d’expliquer comment aborder le marché suisse. «Les Français ont trop souvent considéré la Suisse comme un marché captif», explique le Valaisan. De fait, l’exportation des vins français en Suisse est passée de 40 millions de litres en 2005 à 34 millions de litres en 2008, soit une baisse spectaculaire de 15%, au profit des vins espagnols, italiens et suisses.
A la recherche d’un importateur
Mais, aux yeux des Français, l’Helvète garde l’image d’un grand consommateur (près de 40 litres par habitant) au fort pouvoir d’achat, même si Emmanuel Heydens, qui vient d’engager en appui le sommelier de l’année 2009, selon GaultMillau, Xavier Debloch, ancien de Châteauvieux, constate : «En une année, d’octobre 2008 à octobre 2009, le chiffre d’affaires des marchands de vins genevois a baissé de 30%. Dans la grande restauration, les chefs tablent sur leurs stocks et la vente des vins les plus chers, de bordeaux et de bourgogne, s’est effondrée. Aujourd’hui, il faut proposer des vins entre 10 fr. et 15 fr. départ cave facturé à l’importateur.»
Parmi la quarantaine de propriétaires de domaines de toute la France, la plupart attendaient de pied ferme un futur importateur : «Les deux tiers de ceux qui cherchaient à vendre en Suisse, l’an passé, ont trouvé un contact et ne sont donc pas revenus», explique l’organisateur. D’autres, comme Jean-Marc Amez-Droz, ont choisi cette opportunité pour se présenter à leurs clients genevois, en fin d’après-midi, quand le salon était ouvert au public, et non plus qu’aux professionnels. Quant aux sommeliers présents, ils étaient dubitatifs : la plupart cherchent des domaines déjà importés en Suisse, même si certains, comme l’Hôtel des Bergues, ont désormais leur propre structure d’importation, sans intermédiaire.
Eclairage
La guerre des salons gastronomiques
Paru dans le Journal Vinicole Suisse de fin novembre 2009.