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Posted on 23 décembre 2020 in Tendance

Bouquins sous le sapin (2020): sept «péchés» capitaux

Bouquins sous le sapin (2020): sept «péchés» capitaux

Jamais trop tard pour bien faire… Voici sept suggestions de livres à offrir, mais surtout à lire et méditer durant ce troisième auto-confinement — on aura le temps, si on ne dévale pas les seules pistes de ski d’Europe encore praticables (sous réserve de la météo).

Par Pierre Thomas

Le premier, je l’ai appelé le «cahier vert» de l’encyclopédie de la vigne et du vin du Valais, «Vigne et nature en Valais entre les lignes de la culture». Un ouvrage indispensable à qui veut comprendre les enjeux qui vont se jouer dans les urnes en 2021 autour d’un agriculture (et viticulture) sans pesticides et sur la «re-naturation» d’une monoculture, celle du raisin. En 17 chapitres.

J’ai aussi signalé le beau livre du journaliste Gabriel Tinguely, deuxième tome de «vignerons, vins et cuisine», 44 portraits de vignerons pour la plupart des découvertes autour d’un plat, d’une sélection de leurs vins et de leur démarche. Un album fort bien conçu et joliment illustré — son seul défaut, une traduction française parfois imprécise (comme sur la page de couverture, où il est question de «coup de cœur de six régions viticoles suisses», alors qu’il s’agit DES six régions…).

Troisième ouvrage, «Vignoble et vignerons des Côte-de-l’Orbe» (Attinger), ouvrage collectif aux 250 photos en couleurs de Claude Jaccard, entre panorama, plaquette promotionnelle cartonnée et inventaire à la Prévert des communes (où il ne manque qu’un raton laveur dans le brouillard…). Un gros ouvrage consacré à la plus originale et méconnue des régions viticoles vaudoises. Sa surface viticole, certes peu étendue (moins de 5% du vignoble vaudois), a progressé de 50% (+ 60 ha) en 50 ans, passant de 120 ha dans les années 1970 à 180 ha aujourd’hui. Une dizaine de vignerons pros et une cinquantaine de paysans ou retraités-vignerons pour des vins confidentiels…

Trois livres grands formats, donc. Et quatre autres de plus petit format. Les deux premiers viennent de sortir et sont déjà épuisés ! Deux jeunes femmes, sommelières, rencontrées ces dernières années dans des dégustations, Yanna Delière et Virginie Thomas (Bretonne sans lien de parenté avec moi !), ont redonné vie au «Journal du sommelier». Elles préparaient un numéro thématique de 80 pages sur le cidre… qui est devenu un tour du monde du cidre en 320 pages ! Textes courts, clairs et précis, plusieurs pages consacrées à la Suisse et à ses producteurs, comme le magicien fribourgeois Jacques Perritaz, de la Cidrerie du Vulcain ou les Pères Fruit’art à Begnins (VD), et visite à des chef(fe)s et autres sommeliers/ères, Anne-Sophie Pic, au Beau-Rivage à Ouchy-Lausanne, et Marie Robert, à Bex: le livre est arrivé hier dans ma boîte, et je l’ai trouvé d’emblée remarquable ! Il est parsemé de QR-Codes pour un accès à des compléments. Le prochain sera consacré au «vignoble suise» afin qu’il soit «mieux connu à l’international».

Parmi les cheffes, il y a l’incontournable Bellerine Marie Robert, qu’on rencontre en ouverture du cahier «quatre saisons» imaginé par notre consœur France Massy, et intitulé «Croqu’Valais». Voilà la Chablais vaudois d’emblée annexé — alors que l’auteure a l’intention de proposer une «déclinaison» romande à sa formule. Elle consiste à dresser autour des 4 saisons un inventaire de produits locaux (de 12 producteurs) apprêtés par 4 chef(fe)s. Le livre s’adressait d’abord aux adolescents des écoles valaisannes (qui ont co-financé l’opération, sous l’égide du programme Harmos). Les mille exemplaires en français destinés au public adulte se sont arrachés ! Une réimpression est en cours (envoyer un mail à: fm.gourmandise@netplus.ch.… Dommage que pour l’édition grand public ce cahier à reliure à anneaux ne propose pas d’accords mets et vins — les cantons romands étant tous producteurs de vin, le Valais en tête ! Et France Massy étant une fine dégustatrice rompue à l’exercice…

Enfin, deux livres «coups de cœur». D’abord, un «beau livre» d’un format un peu plus grand qu’A5, signé d’Isabelle Guisan et de Pierre-Emmanuel Fehr, «Atoma» (Georg). La première est une journaliste indépendante, et chroniqueuse de la Suisse alémanique ou des EMS vaudois, qui tenait atelier d’écriture dans sa maison, sur une île grecque. Ses textes doux-amers sur «une jeunesse grecque» (et de passage…), sont accompagnés de photographies de Pierre-Emmanuel Fehr, juriste genevois, passionné de vins. Si le titre du livre, «Atoma», signifie «indivisible», le livre est séparé entre le port-folio sensuel du photographe qui brosse le portrait d’une jeunesse athénienne abandonnée (à elle-même), et les textes courts — on aurait bien aimé voir la gueule des personnages évoqués par la plume acérée et bienveillante d’Isabelle Guisan… mais le «deux en un» fascine !

Au fond, derrière chaque livre, il y a un concept, plus ou moins classiques ou inventif. Tel est le dernier, publié par les éditions emons : «111 lieux à Genève à ne pas manquer». La formule 111 fait florès : plusieurs thèmes ont été publiés sur des sujets suisses, en allemand, et, désormais, en français. La formule est imparable : un texte relativement court sur la page de gauche, une photo du sujet sur la page de droite. Trois auteurs, Ambroise Tièche, Katharina Hohmann et Fritz von Klinggräff, partagent des impressions sur leur ville de souche, de résidence ou d’adoption. Le choix est très souvent original ou insolite, l’exposé fouillé, fourmillant d’anecdotes originales : une manière d’aborder Genève autrement ! On essaiera de faire aussi bien, pour Noël prochain, avec «111 vins suisses à ne pas manquer»

Joyeuses Fêtes et, surtout, bonne lecture!

Pierre Thomas

©thomasvino.ch