Pages Menu
Categories Menu

Posted on 4 janvier 2011 in Vins français

Bordeaux 2009 ou la java des points Parker

Bordeaux 2009 ou la java des points Parker

Bordeaux 2009

La java des points Parker

Ce millésime aux vins opulents et riches en alcool a séduit les journalistes américains qui ont décerné une pluie de notes entre 90 et 100 points. Il reste un millésime d’exception, mais aussi le plus spéculatif à la sortie de la propriété. L’analyse, château par château, est accompagnée du tableau des étoiles du millésime 2009.

Par Jean Solis (double champion suisse de dégustation)

2009 est une année au cycle végétatif presque parfait, avec un bel été aux journées chaudes mais non caniculaires, une belle arrière saison aux vendanges magnifiques qui se sont déroulées par temps chaud et sec. Elle a engendré un grand millésime, aux rendements confortables, de vins rouges et Sauternes ; les vins blancs secs étant en retrait.
Les vins blancs sont puissants, bien structurés, riches, charnus et savoureux, mais n’ont pas l’éclat aromatique, ni l’équilibre des 2007. Suite à un mois d’août plus chaud, les sauvignons présentent moins d’acidité et de puissance aromatique, mais les sémillons, eux, apportent force et complexité.
Les Sauternes, issus d’une pourriture noble «prodigieuse» sur des volumes importants de vendange, sont impressionnants par leur pureté et leur profondeur de fruit, leur puissance, leur richesse, et leur concentration exceptionnelle, tout en gardant l’équilibre. Des vins complets et gourmands, dotés d’un grand potentiel.
Les vins rouges sont très grands, de couleur soutenue et profonde, au fruité éclatant et bien mûr. Ils sont hors normes, sortent de l’ordinaire par leur puissance, leur volume, leur teneur en alcool, intégrant parfaitement les acidités et la quantité de leurs tanins fins et suaves. Les terroirs sont très bien définis dans les grands vins.

Le marché

La folie spéculative s’est emparée du monde du vin bordelais. C’est l’explosion des prix des primeurs à la propriété pour les crus classés et les marques cotées contrôlées par leurs actionnaires. Les augmentations de prix étaient timides en début de campagne, mais à la fin juin 2010, c’était le délire dans les plus-values. Un 1er Grand Cru Classé de St-Emilion sorti à € 40.- sur la place l’année dernière, était proposé par les mêmes négociants, cette année, à € 160.-. Ce n’est plus du délire mais de l’indécence !

Voici les augmentations moyennes du millésime 2009 en fin de campagne concernant la catégorie des vins cités ci-dessus:
+ 72.40% par rapport à 2008
+ 49.90% par rapport à 2007
+ 40.20% par rapport à 2006
+ 26.10% par rapport à 2005
+ 120.40% par rapport à 2004

Répartition du marché (sur 100%)
France                     25%
Amérique du nord     20%
Grande Bretagne      15%
Asie                         10%
Belgique                   10%
Suisse                      10%
Export hors UK, Belgique, Suisse 10%

Heureusement, il y a quand même une offre intéressante en dehors des marques spéculatives, et de grands vins à découvrir à des prix encore raisonnables par rapport à la qualité du millésime. A chercher chez les bons professionnels.

Appréciation du millésime et description succincte par régions

Cette présentation des meilleurs Bordeaux du millésime est le résultat de deux semaines de dégustations à l’Union des Grands Crus, au Cercle Rive Droite, dans les associations, groupements, syndicats et dans les châteaux.
Les dégustations en primeur se sont déroulées dans de bonnes conditions. Il a fallu s’habituer à la puissance des vins et ralentir le rythme de la dégustation des échantillons pour ne pas saturer. C’est la première fois, lors des primeurs à Bordeaux, que je rencontre autant de teneur en alcool dans les vins.
2009 est un grand millésime aux vins puissants, éclatants en Médoc et Sauternais, et à la qualité plus hétérogène dans les Graves et le St-Emilionnais. Il a donné des vins séducteurs par leur volume d’alcool, combiné au volume de fruit mûr et à la masse tannique excessivement fine, le tout masquant l’acidité. Certes, 2009 est un grand millésime, mais qui n’a probablement pas l’homogénéité qualitative du 2005. Il est surcoté pour certains vins et peut nous réserver quelques surprises après la mise en bouteille.
L’équilibre n’est pas toujours réalisé, et il est plus compliqué sur la Rive Droite avec le cépage merlot qui est plus fragile et plus difficile à récolter au moment optimum que le cabernet sauvignon. Certains ont d’ailleurs dépassé le seuil de maturité physiologique, ce qui donne malheureusement des vins alcooleux et chauds, avoisinant les 15°, sans fraîcheur de fruit, donc sans avenir. Cela me fait penser à la citation de M. Denis Dubourdieu : « Pour vieillir vieux, il faut avoir l’air jeune quand on est jeune. »

MEDOC

Quelques belles réussites.
Goulée de Cos d’Estournel, volumineux et très charnu, aux tanins tendres, surprend par sa longueur en bouche.
La Tour de By (coup de cœur), allie puissance et précision ; il plaît par son volume de fruit sphérique, lisse et homogène, sa finale musclée et minérale très persistante.
— Potensac, à dominante de petits fruits rouges concentrés, laisse apparaître une matière dense aux tanins tendres bien enrobés.

HAUT-MEDOC

Des vins bien structurés
— La Lagune, remarquable par son amplitude, sa fraîcheur de fruit, son goût de cerises noires, séduit par son équilibre, sa forte minéralité et sa finale longue sur la réglisse. La référence en Haut-Médoc, certainement le vin le plus complet réalisé au château.
— Sociando-Mallet offre une magnifique expression de son terroir au travers d’une belle masse de vin onctueuse; sa cohésion et sa persistance étonnante présagent un grand potentiel.
— Camensac, le meilleur rapport prix/plaisir du Médoc. Les efforts de ces dernières années ont porté leurs fruits ! Après un très beau 2008, ce 2009 très réussi et gourmand nous charme par sa finesse, par la qualité de sa texture, précise et harmonieuse, d’une belle fraîcheur.
— Charmail, certainement le millésime le plus puissant du domaine. Les arômes de petits fruits noirs bien mûrs, de réglisse, annoncent une bouche ronde, souple et large ; le vin est volumineux, un peu chaud, mais tempéré par la fraîcheur de fruit.

SAINT-ESTEPHE

Grandes réussites et fortes identités
— Un grand Cos d’Estournel, d’une dimension impressionnante. Le vin est dense, charnu, plein de fruits rouges mûrs, de forme linéaire, avec de la sève, des tanins fins, enrobés, collants ; il a un superbe éclat aromatique et une allonge exceptionnelle. Quelle race, quelle maturité de fruit !
— Calon Ségur le séducteur est très expressif avec ses arômes de fruits noirs, de réglisse et sa forte identité. La bouche est grasse, présentant une belle masse charnue, souple, d’une longue persistance. C’est un vin gourmand d’une belle harmonie.
— Lafon Rochet est très réussi cette année ; le terroir est là. Il est doté d’une belle profondeur de fruit, et le corps musclé et large, aux tanins fins, donne une sensation d’élasticité. Belle race.
— Montrose : puissance, profondeur et minéralité. Le vin impressionne ; il est solide et a progressé cette année en précision et complexité, avec ses notes de fruits noirs, de réglisse et de graphite. Il est à la fois dense, sphérique, soyeux et doté d’un bon potentiel.
— Château de Pez (coup de cœur) est remarquable par son équilibre ; la texture est serrée, avec de la précision, au caractère linéaire et juteux, aux tanins fins et enrobés. Quelle race, quelle longueur ! On a la sensation d’avoir un vin fortement ancré dans son terroir avec une dimension aérienne. C’est le travail d’orfèvre de Philippe Moureau.
— Tronquoy Lalande surprend par sa trame fine et serrée, d’une belle unité, exprimant parfaitement son terroir dans une finale soutenue et goûteuse. Belle remise en valeur du cru.
— Haut-Beauséjour, élaboré par l’équipe de Château de Pez, est un vin plein, d’un bon volume de fruits mûrs, charnu, aux tanins fins ; il est très savoureux et long sur le fruit.
— Les Ormes de Pez, très réussi dans le millésime, se distingue par son élégance. De forme assez linéaire avec une texture entière, ce St-Estèphe typé est doté d’une bonne longueur en bouche.
— Phélan Ségur présente un bouquet intense de fruits noirs laissant apparaître un terroir fort tirant sur le graphite ; il est dense, homogène, d’un bon volume et d’une forte expression minérale. Très long et racé.

PAUILLAC

« Les grands terroirs sortent dans l’opulence »
— Lafite, la classe. Il séduit par son bouquet profond, compact, de fruits noirs, de réglisse, d’une grande élégance, aux notes de roses rouges fumées. La bouche est pleine, dense, de forme ronde, marquée par les fruits mûrs, avec beaucoup de charme, au caractère minéral affirmé. Un vin extrêmement serré, d’une finesse exceptionnelle tout en ayant de la puissance.
— Latour, vin complexe d’un haut niveau, le choc minéral. Le bouquet élégant de fruits rouges, de roses rouges dévoile une forte expression de graves. C’est un vin entier, d’un bloc, mais soyeux, linéaire, très large, plein de fruits rouges mûrs, aux tanins tendres et enrobés et très persistant. Grand Latour très gourmand.
— Mouton Rothschild charme par son bouquet profond à dominante minérale, aux notes de réglisse, de graphite. La prise en bouche est droite et l’acidité en retrait; la chair est serrée, aux fruits bien mûrs et marquée par des tanins encore dominants. Un Mouton relativement tendre, d’une longue persistance sur le terroir.
— Duhart Milon, après le beau 2008, un 2009 très étoffé au terroir magnifiquement exprimé. C’est un Duhart complet, d’une grande force d’expression, dense, précis, entier et linéaire ; un vin vivant, savoureux, d’un superbe équilibre, d’une longueur exceptionnelle, au caractère aérien. Quelle race !
— Pichon Longueville Comtesse est séduisant par sa fraîcheur de fruit, sa définition et sa complexité. L’attaque est solide, la texture serrée et d’une belle unité. Ce vin savoureux, d’une belle race et typicité, a beaucoup d’énergie ; le terroir éclate.
— Pichon Longueville Baron, c’est l’esprit Pauillac. Le vin est droit, marqué par les fruits noirs, serré, avec de la rigueur, très homogène, aux tanins fermes; il a beaucoup de sève, avec une finale longue sur le terroir et pleine de punch.
— Clerc Milon se distingue par la finesse de sa substance. Il est précis, lisse et racé, entier jusqu’au bout, au terroir bien affirmé.
— Grand Puy Lacoste, au bouquet profond de fruits noirs et de réglisse, montre une trame serrée, solide, au caractère masculin, marqué cabernet sauvignon sur fond minéral. Ce Pauillac frais et musclé est d’une très belle identité.
— Les Forts de Latour, proche de son grand frère, surprend par sa plénitude, sa fraîcheur de fruit. L’ensemble est harmonieux et racé, d’un superbe équilibre et très persistant.
— Carruades de Lafite séduit par sa pureté et son éclat aromatique, son toucher de bouche, lisse et tout en rondeur, aux tanins excessivement fins et juteux. Belle race, près du Grand vin dans le style.
— Batailley, d’une belle plénitude de fruits bien mûrs, présente une texture soyeuse à la finale un peu chaude. Un Pauillac qui s’affirme, élégant, bien typé.
— Haut-Bages Libéral, vin charnu, présentant une masse dense, unie, au caractère masculin, avec un brin d’austérité, aux tanins fermes ; il est solide et doté d’un bon potentiel, le terroir s’exprimant en rétro-olfaction.
— Haut-Batailley est un Pauillac très gourmand, bien équilibré, se distinguant par sa bouche veloutée et précise, aux tanins tendres.
— Lynch Bages, Pauillac d’un style plutôt moderne présentant des arômes de gelée de cassis. Sa bouche est volumineuse, un peu confiturée, aux tanins fermes légèrement astringents, et d’une bonne tenue.
— Le Petit Mouton, au nez très ouvert, aux arômes de fruits noirs, de réglisse, aux notes minérales, offre une bouche grasse, au fruité bien mûr, un peu compoté, à la trame large et légèrement granuleuse sur des tanins tendres.
— Pontet Canet : le nez est puissant, marqué par des fruits rouges très mûrs, un peu confiturés ; la bouche est pleine, grasse, au caractère surmaturé, un peu chaud. C’est une boule de fruit aux tanins fermes, évoluant sur les fruits rouges confits, le moka, les épices. On attendrait plus de fraîcheur de fruit.

SAINT-JULIEN

Des vins bien typés. Réussite globale de la commune.
— Léoville Barton. Grand vin, au bouquet profond et minéral, aux notes de graphite, de fruits noirs, d’une belle précision. La classe. La bouche est d’un bloc, de forme linéaire ; le terroir éclate, quelle race ! C’est un vin dynamique, d’une forte minéralité, d’une grande dimension et d’une persistance incroyable.
— Léoville Las Cases impressionne par sa robe noire aux reflets bleutés, son bouquet d’une grande élégance où se mêlent des notes de fruits noirs, de cèdre, encastrées dans l’expression forte du terroir. La bouche est dense, entière et compacte, quelle longueur ! Il se dégage de ce vin une impression de fraîcheur, de force, d’équilibre et de finesse : une main de fer dans un gant de velours ! Bien typé Las Cases, un classique.
— Ducru-Beaucaillou, fidèle à son style, séduit par sa pureté d’expression, sa précision, son caractère cristallin et soyeux lui donnant une dimension aérienne. C’est un vin gourmand, au tanins fins et enrobés, à la finale longue et réglissée.
— Langoa Barton (coup de cœur), le plus beau millésime du domaine. Un nez de vrai St-Julien au charme fou, intense, de petits fruits noirs, d’une forte expression minérale. La texture est précise, serrée, droite, pleine de chair, de fraîcheur ; « on croque le terroir ». C’est un vin gourmand et envoûtant.
— Beychevelle. Enfin un grand Beychevelle, d’une grande typicité. Il a toute l’élégance, la complexité, la minéralité fine, la chair et le style soyeux des St-Julien. Belle persistance.
— Clos du Marquis impressionne par sa plénitude de fruits mûrs et sa fraîcheur. Ce vin, à la trame serrée, entière, de forme linéaire, aux tanins fins et enrobés, évolue sur une finale tonique, aux notes de violettes, tout en élégance. Beau St-Julien.
— Gruaud Larose, d’une forte expression, au bouquet intense où le fruit est inséré dans le terroir. La bouche est fruitée, droite et précise. Un Gruaud savoureux, éclatant, avec beaucoup de fond.
— St-Pierre est un vin charmeur, plein de fruits noirs bien mûrs, sur fond de graphite ; il a une belle épaisseur, une belle unité de texture, juteuse, compacte, aux tanins fins. Très belle identité en finale.
— Lagrange, vin charnu, d’un bon volume, à dominante de fruits noirs bien mûrs, présente une consistance granuleuse, un peu compotée, avec une pointe d’acidité en milieu de bouche, des tanins fermes et une finale encore un peu brute.
— Léoville Poyferré se présente dans un style plutôt moderne par sa plénitude, sa sensation de boule de fruits noirs bien mûrs, dense et homogène, aux notes boisées perceptibles. Les tanins sont fins et enrobées ; l’identité s’affirme en finale. Un bon Poyferré.
— Branaire Ducru se distingue par son bouquet exubérant de fruits noirs, d’épices, d’eucalyptus. La bouche est fraîche, droite, d’une belle harmonie et précise ; la finale est nette sur la minéralité. Très long, un Branaire plein de vitalité.

MARGAUX

De grands Margaux, grande année de Cabernet Sauvignon.
— Château Margaux impressionne par sa robe sombre aux reflets bleutés, son bouquet intense de fruits noirs, de cerises noires, de réglisse, d’une grande profondeur, pénétrant dans le sol. La bouche est pleine, quelle concentration de fruits mûrs aux notes de roses fumées ! Quelle masse de vin dense, à la texture serrée, linéaire et entière, avec de la race, de la puissance ! Les tanins sont fins, tendres et collants, la longueur exceptionnelle sur le fruit et la minéralité. Un Château Margaux volumineux, d’un extrait sec impressionnant, d’une masse tannique imposante, et d’un fruité exubérant. Grand vin solide, d’un potentiel énorme.
— Brane-Cantenac. Le plus Margaux des Margaux. Ce vin a tout, la race, l’élégance et un équilibre exceptionnel. C’est un bel ensemble, où on ne sent pas la puissance du vin, de forme droite, évoluant sur la minéralité dans une finale longue, vive et énergique.
— Desmirail. Grand vin de Margaux. La surprise dans le millésime, le plus grand vin du domaine et le meilleur rapport prix/plaisir de la commune. Ce vin est séduisant par sa fraîcheur de fruit, sa minéralité, sa précision, son équilibre et son toucher de bouche soyeux et velouté dans une progression entière jusqu’au bout. Magnifique expression du terroir. Quelle énergie, un vin en apesanteur.
— Durfort Vivens. Vin d’une puissance et d’une fraîcheur remarquables, au bouquet élégant, marqué par les fruits rouges mûrs, aux notes florales et mentholées. La bouche est dense, bien en chair. C’est un vin encore introverti, qui a du poids, de l’épaisseur, et doté d’un bon potentiel ; un Margaux de terroir, avec de la finesse, d’une longue persistance.
— Giscours. Très belle expression minérale du cru, très réussi dans le millésime. Ce vin est serré, charnu et linéaire, d’une belle homogénéité et précision sur le terroir. La finale est dynamique avec une sensation de fraîcheur.
— Rauzan-Segla, encore réservé, droit, marqué par les arômes de fruits rouges frais, de violettes ; la bouche est soyeuse et veloutée, d’une belle unité, lisse, avec du gras, des tanins fins, d’une belle persistance.
— Palmer. La robe est noire au reflet bleuté, le nez pur, profond, marqué par les petits fruits noirs, avec une notion minérale forte ; la bouche est dense, bien homogène, solide, avec une masse tannique importante et un bon extrait sec. Grand potentiel.
— Ferrière, belle pureté d’expression de fruits très mûrs, tout en élégance. Bouche fruitée, lisse et ronde, avec du gras, des tanins fins et enrobés ; finale nerveuse, encore soutenue par le bois.
— Kirwan. Expression de fruits rouges mûrs sur une fine minéralité. Vin charnu, encore un peu brut, bien structuré, assez serré, aux tanins fins, enrobés, collants, présentant une belle persistance sur le fruit.
— Malescot St-Exupéry est un vin puissant, dense, volumineux, à la dominante de fruits rouges concentrés, très mûrs, avec une pointe d’acidité et des tanins gras, enrobés. Il tapisse bien la bouche, avec une pointe d’amertume et de sucrosité en finale.
— Marquis d’Alesme est un cru à dominante tannique, doté d’une belle fraîcheur de fruit et d’une belle finesse de constitution. Très belle allonge. Margaux masculin et minéral.
— Monbrison est très réussi ; il est à la fois structuré et élégant. On est surpris par le volume du vin, son caractère entier, sa chair, son élasticité. La finale est dynamique, persistante, racée, d’un bloc.
— Pavillon Rouge du Château Margaux. Certainement l’un des plus beaux Pavillon Rouge. Il se distingue par sa fraîcheur de fruit, son élégance et sa complexité aromatique, avec ses notes de mûres, de réglisse, d’encre, et de roses. La bouche est pleine, sphérique, d’une belle précision. Vin puissant, vivant, concentré en tanins, avec beaucoup de sève.
— Prieuré Lichine, bien réussi dans le millésime, naturel et élégant, bien dans l’esprit Margaux. Il séduit par ses fruits rouges mûrs, son équilibre, sa texture savoureuse et charnue. Très long.
— Siran est un vin solide, droit, d’un bon volume, avec de la chair, de la fraîcheur ; c’est un vin de terroir, aux tanins fermes, très persistant.

MOULIS

— Chasse Spleen, son bouquet est profond, d’une grande fraîcheur de fruit, avec des notes de violettes sur fond minéral. Il est encore un peu austère, mais puissant, volumineux et charnu, au caractère entier, et très long. Beau Moulis complet.
— Poujeaux se caractérise par des arômes de fruits rouges mûrs associés à des notes d’encre. La bouche offre une très belle masse de vin, d’une belle densité, aux tanins fermes et à la finale réglissée. Vin masculin, un peu marqué par le bois.

LISTRAC

— Fonréaud se distingue par ses arômes de fruits noirs mûrs d’une grande pureté. Il est dense, structuré, musclé, au caractère dynamique et très long en bouche.
— Fourcas Hosten, au bouquet d’une grande élégance, marqué par les fruits noirs, dévoile un beau volume de vin, homogène et frais, avec de la chair, de beaux tanins et une longue persistance sur le fruit. Belle reprise en main de la propriété.

PESSAC-LEOGNAN ROUGES

De grands vins dans un ensemble hétérogène.
— Haut-Brion, de loin le plus grand vin de l’appellation et l’un des meilleurs du millésime ; c’est un vin monolithique, au grain très serré. Le nez, d’un bloc, laisse apparaître des arômes de fruits noirs et une forte minéralité tirant sur le graphite. La bouche, entière, développe une substance fine et précise, longiligne, aux tanins fermes, évoluant sur le graphite, le moka. Quelle race éclatante, d’une longueur impressionnante !
— Haut-Bailly affirme sa place parmi les Grands ; il a rejoint le groupe Haut-Brion et Mission Haut-Brion. Il sort du lot par son harmonie, sa complexité aromatique et le raffinement d’expression du cru ; séduit aussi par la pureté et la fraîcheur de son bouquet, où se mêlent moka et menthol. C’est un vin direct, entier et musclé, à la chair compacte, aux tanins importants, serrés et excessivement fins. La finale est longue sur une forte expression de graves. Ce vin tonique est construit pour aller loin dans le temps.
— La Mission Haut-Brion : toujours cette grande précision. Le nez pur, réservé, laisse apparaître des fruits rouges frais sur fond minéral. La bouche, encore introvertie, est très fraîche à l’attaque, avec des notes de moka ; la texture est serrée, linéaire. Ce vin dynamique, ferme, aux tanins très fins, offre une finale vive et ciselée sur un terroir unique et prestigieux.
— Le Clarence de Haut-Brion. Magnifique 2e vin, très réussi, très proche de Haut-Brion, peut-être le meilleur des 2e cette année ! L’expression aromatique est profonde, aux notes de fruits noirs, de graphite, typée ; la bouche est droite, entière, aux tanins fermes enrobés, très longue sur le terroir. Un petit Haut-Brion, racé et très séducteur.
— Smith Haut Lafitte séduit par la masse du vin et la maturité de ses fruits. Le bouquet sent bon la mûre avec des notes légèrement caramélisées ; la bouche est souple, étoffée, au fruité bien mûr et aux tanins fins enrobés. Très long et raffiné.
— Domaine de Chevalier, un Pessac-Léognan soyeux et élégant : pureté et profondeur du bouquet aux petits fruits rouges bien mûrs, très belle densité et volume en bouche. Il se distingue par la finesse de ses tanins et une fine minéralité en finale.
— La Louvière a gagné en finesse d’expression et en race. Il est solide, bien structuré et charnu, marqué par les bons fruits mûrs, aux notes de moka ; les tanins sont fins et le terroir bien affirmé.
— Olivier, superbe progression en quelques années. L’expression des fruits est pure, d’une belle maturité. La bouche, entière, est sphérique, dense, légèrement granuleuse, aux notes de moka, sur des tanins collants, enrobés ; très belle transmission minérale sur les fruits frais. Grand potentiel pour ce vin jeune.

SAINT-EMILION

De grandes réussites, qualité hétérogène.
— Ausone, surprenant par la pureté et le raffinement de son bouquet, sa profondeur, sa fraîcheur de fruits noirs, de réglisse, d’une belle définition sur le calcaire. La bouche est équilibrée, entière, serrée, où fruit et calcaire sont bien imbriqués ; le vin est vivant, d’une belle précision, avec beaucoup de charme et d’allonge malgré la finale un peu chaude.
— Cheval Blanc, son bouquet offre : fruits noirs, mûre, réglisse, sur fond minéral ; l’attaque est fruitée, droite, bien typée cabernet franc, la trame serrée, fine, d’un bon soutien acide. C’est un vin entier, d’un bon volume, très long sur la réglisse, dynamique, aux tanins fins, un peu chaud en finale.
— Beauséjour-Duffau, très belle reprise en mains de la propriété par Nicolas Thienpont. 2009 est le millésime du renouveau, heureusement, après une traversée du désert, le meilleur depuis 1990. Le vin est puissant, serré, marqué par les fruits noirs, la crème de myrtilles, d’une belle clarté aromatique et très persistant.
— Belair-Monange, ce vin dense, compact et homogène, de forme linéaire et plein de chair, dévoile des arômes de fruits rouges mûrs soutenus par le calcaire; les tanins sont fins, la finale persistante mais un peu chaude.
— Canon, au bouquet profond de fruits noirs, est un vin fruité, gras, à la texture serrée, d’une belle unité, aux tanins fermes. Très long sur le fruit, le moka, le calcaire, belle race.
— Figeac impressionne par la pureté, la fraîcheur et la profondeur de son fruit, et sa force minérale. La bouche est dense, encore austère, d’un bloc, avec de l’énergie, des tanins gras, d’une longue persistance. C’est l’un des vins les plus serrés, doté d’un grand potentiel.
— Fonroque, aux arômes intenses de petits fruits rouges mûrs, ce vin vivant a une structure solide aux tanins fermes bien enrobés, et une belle allonge. Vin frais, friand et savoureux qui « redemande ».
— La Mondotte est un vin puissant, aux arômes de fruits noirs, de réglisse, de violette d’une grande pureté d’expression, au terroir calcaire bien affirmé. Il est dense, homogène et d’une belle rigueur, au caractère linéaire, avec une certaine exubérance; un vin gourmand.
— Pavie Macquin (coup de cœur) séduit par l’intensité, la profondeur et la complexité de son bouquet; belle palette de fruits rouges mûrs sur fond calcaire. La bouche est fraîche, entière, élégante et racée. Quelle beau terroir calcaire, quelle vitalité ! Belle persistance sur le fruit. C’est un vin juteux, savoureux, très réussi ; certainement le plus beau vin de la propriété.
— Angélus se détache par son bouquet intense, un peu chaud, de fruits très mûrs, confits. La bouche est souple, marquée par les fruits « surmûrs » et par l’alcool, avec des tanins fermes un peu secs, et une certaine droiture finale due au terroir.
— Chapelle d’Ausone se distingue par sa pureté d’expression à dominante de fruits noirs sur support calcaire, la finesse de sa texture, musclée et entière, de forme linéaire. Très belle rétro-olfaction sur le fruit.
— Bellevue, cru d’une belle élégance, au caractère droit, marqué par les fruits noirs, évoluant sur une finale crayeuse. Ensemble un peu chaud.
— Bellevue Mondotte, dense, tannique et droit, bien représentatif des vins du plateau par ses arômes de fruits rouges mûrs, d’épices et son registre calcaire bien exprimé.
— Canon-La Gaffelière est un vin riche, charmeur, d’un beau volume de fruits rouges tirant sur les airelles, la cerise, le cassis ; il est très charnu et offre une finale longue sur le fruit.
— Clos des Prince, Grand Cru de moins de trois hectares situé au pieds du village. Révélation dans le millésime avec un vin fruité, puissant, à la constitution fine et solide. Belle longueur sur une fine minéralité, tout en élégance.
— Grand Corbin Despagne est un vin très fruité, frais, avec de la droiture, bien structuré, au toucher légèrement granuleux, marqué par des tanins fermes et enrobés.
— Faurie de Souchard, très belle progression de ce Grand Cru Classé. C’est un vin pur, vivant et rafraîchissant qui plait par ses fruits noirs d’une belle fraîcheur, aux notes de violette, et par la qualité de ses tanins.
— Larcis-Ducasse est dominé par des arômes confiturés de cassis. La bouche est volumineuse, onctueuse, aux tanins fins intégrés, masquant un beau terroir. Bien fait, « too much ».
— Magdelaine se distingue par une belle masse de vin charnue, homogène et lisse, et une expression de fruits rouges frais sur fond de calcaire ; les tanins sont fins avec une légère amertume finale.
— Moulin du Cadet, vin d’une belle unité et identité, dans la ligne de Fonroque. Très belle remontée du cru. La bouche est fraîche, savoureuse et persistante. Elégance du fruit et équilibre.
— Moulin St-Georges est un vin puissant et chaleureux, aux arômes de mûres sur fond calcaire. La trame est serrée, droite sur des tanins marqués, fermes et enrobés ; belle persistance.
— Pavie, le nez est marqué par des fruits rouges très mûrs ; la bouche est pleine, d’une belle unité, solide, droite et tannique, la finale un peu chaude et boisée, exprimant bien le terroir calcaire.
— Ripeau, très belle reprise de la propriété par Barbara Janoueix-Coutel. C’est un vin d’un superbe équilibre aux tanins fermes, dynamique, qui séduit par l’élégance de son fruit, l’unité et le caractère soyeux de sa texture.
— Rol Valentin se distingue par sa puissance, son volume de fruits noirs très mûrs, son support tannique marqué ; sa finale soutenue est un peu chaude et boisée.
— Troplong Mondot, ce vin, à la robe noire profonde, a une énorme matière, marquée par les fruits très mûrs, les épices douces et le calcaire ; sa bouche est dense, d’un bel extrait sec, aux tanins excessivement fins, le fruit se fondant dans le terroir. Vin assez énergique, long sur la réglisse, mais en surmaturité.
— Trotte Vieille, belle expression de fruits noirs sur support calcaire, au nez comme en bouche ; la forme est élégante, les tanins fins et fermes. Vin vivant à la finale fuselée.
— Clos Fourtet, nez à dominante de fruits noirs confiturés ; bouche fruitée, souple, onctueuse, à la sensation de crème de myrtilles, aux tanins fins et soyeux, d’une belle longueur.
— Petit Cheval, au bouquet profond de fruits noirs, de réglisse, dévoile un corps entier au caractère linéaire, marqué par la réglisse et la minéralité. Belle allonge et bon soutien acide en finale.

COTES DE CASTILLON

— Château d’Aiguilhe est charmeur avec ses arômes de petits fruits noirs et de violette ; sa texture est finement serrée, d’une belle précision, aux tanins fermes.
— Clos Puy Arnaud, c’est le vin le plus accompli de l’appellation, d’un superbe volume, dense, plein de chair et de vitalité, de fraîcheur ; la finale, d’une bonne tenue, dévoile le terroir. Grande réussite.

BORDEAUX SUPERIEURS

— Jean Faux, chaque année, Pascal Colotte se surpasse. Ce Bordeaux supérieur est étonnant par la finesse de son grain et de ses tanins, par la pureté et la maturité de ses fruits tirant sur la violette. Vin étoffé, vivant, équilibré, avec une belle race. Quelle élégance ! Bravo ! Un exemple dans l’appellation.

POMEROL

De très grands vins et quelques déceptions.
— L’Eglise Clinet, c’est l’étalon séducteur. Quelle race ! Le bouquet est immédiat, puissant, profond, élégant aux arômes de mûres, d’épices, de réglisse, associés à une forte personnalité. La bouche est fraîche, droite et solide, la trame serrée, grasse, linéaire. Quelle sève ! Quelle longueur sur le terroir, tout en finesse et précision ! Le vin glisse dans la bouche ; il est voluptueux.
— Pétrus, 100% merlot, est assez ramassé et compact, un bloc d’argile. Le nez profond, élégant, dévoile des arômes de petits fruits noirs, d’épices, sur une fine minéralité ; l’attaque est fraîche, fruitée et sphérique, la texture serrée, unie, aux tanins fins enrobés par le fruit bien mûr. Un Pétrus puissant, d’un superbe extrait sec, encore introverti. Belle identité ; on sent la force de l’argile en finale, qui lui donne cette sève incroyable.
— Hosanna, très réussi, montre une belle complexité aromatique : fruits rouges bien mûrs, épices, raisins de Corinthe. C’est un vin qui a du fond, du terroir, entier, musclé et dynamique ; il est savoureux, avec son registre oriental, gourmand jusqu’au bout. Quelle matière, quelle race et persistance !
— Lafleur, le plus rigoureux des Pomerol. Le nez est réglissé, d’un bloc, dégageant une sensation de fraîcheur, avec des notes encrées. La bouche est dense, pleine et lisse, à l’évolution constante, sans déviation, avec beaucoup de dynamisme. Quelle homogénéité ! Pomerol construit pour aller loin ; vin de terroir d’une fraîcheur remarquable.
— L’Evangile (coup de cœur), sa robe noire aux reflets bleutés est impressionnante ; le bouquet est pur, profond, minéral, d’un bel éclat aromatique : fruits noirs, réglisse, encre ; la bouche tout en élégance, racée, séduit par l’unité et le caractère soyeux de sa texture. Grand vin de plaisir d’un superbe équilibre offrant toute la pureté du merlot. Quelle harmonie ! Ce vin sensuel donne un plaisir fou !
— Trotanoy, le terroir est magnifié dans ce millésime. Ce vin de fort caractère dévoile des arômes de fruits rouges mûrs aux notes mentholées sur fond minéral. En bouche le fruit éclate ; le vin est solide, entier, très large avec beaucoup de chair, d’élasticité, au registre épicé. Quel volume de vin, au terroir encastré. Grand Pomerol d’une épaisseur de vin impressionnante, le plus dense dans l’appellation, et quelle persistance !
— Bourgneuf-Vayron (coup de cœur). Progression fulgurante de la propriété. Le plus grand Bourgneuf avec le 2008, le plus naturel et le plus persistant ; il se dégage de ce vin une énergie incroyable . Il nous séduit par sa complexité aromatique, petits fruits rouges mûrs, épices, raisins de Corinthe ; la bouche est pleine, grasse, dense, d’une superbe unité, sans lourdeur, où l’on retrouve le fruit, le moka, le terroir de graves, avec beaucoup de dynamisme, qui éclate en finale. Ce vin savoureux, avec de la rigueur, est d’une longueur impressionnante. Un Pomerol enchanteur, magique!
— La Conseillante se distingue par la précision et l’élégance de ses arômes mentholés, aux notes de fruits noirs très frais; la trame est serrée, grasse et homogène, évoluant sur une finale minérale, aux tanins fermes enrobés. Vin frais et droit, doté d’un bon potentiel.
— Le Pin, très merlot, au bouquet multi-facettes de fruits noirs, de fruits rouges et de menthol, séduit par la pureté et la fraîcheur de son fruit, sa consistance fine et juteuse aux tanins fins. C’est un vin vivant, très savoureux, droit et précis.
— Providence est remarquable par l’intensité de ses arômes de fruits rouges d’une grande élégance, son toucher de bouche soyeux, linéaire, précis, aux tanins très fins, C’est un vin de plaisir à la texture caressante, très long sur le fruit et le terroir.
— Vieux Château Certan. A dominante  merlot, le nez de fruits rouges frais sur fond minéral est élégant ; l’attaque en bouche est fruitée, pleine, grasse, « très Pomerol » ; la finesse de texture est rehaussée par un bon support acide et des tanins fermes, belle allonge sur le fruit.
— Certan de May est puissant, dense, d’un bloc, marqué par des fruits bien mûrs, des tanins fermes, et doté d’une bonne identité ; mais la finale est chaude et un peu asséchante.
— Certan Marzelle : l’attaque est marquée par les cerises noires très mûres et les épices douces ; le corps finement ciselé et homogène, et la qualité des tanins nous charment. Belle persistance avec une pointe d’astringence.
— Feytit Clinet, à dominante fruit, se distingue par son bouquet profond de myrtilles, de violettes ; la bouche est séductrice, souple, très soyeuse, unie et lisse, pleine de fruits noirs, aux tanins fins, avec une finale longue un peu chaude.
— Gazin, marqué par la surmaturité, le bouquet développe des arômes de fruits noirs,  avec des notes de moka, de raisins de Corinthe, la bouche est pleine, dense, bien structurée, aux tanins importants, la finale un peu asséchante et chaude.
— Guillot Clauzet (coup de cœur) : expression de fruits rouges tout en élégance et belle minéralité. L’impression en bouche est fruitée, vivante, d’une belle pureté ; le fruit est lié au terroir. Pomerol gourmand, dynamique et d’une belle identité.
— La Croix, très naturel, pur, au bouquet typé de bons fruits, finement minéral ; la texture est précise, homogène et serrée, d’une bonne longueur. Vin équilibré, savoureux et crèmeux.
— La Fleur de Gay se distingue par ses arômes purs de fruits rouges, sa chair, sa bouche soyeuse et serrée. L’ensemble, d’une fine minéralité, est très équilibré ; c’est l’expression classique des bons merlots.
— La Fleur Pétrus, le bouquet est profond, aux notes de fruits noirs, marqué par le terroir, évoluant sur les épices, le moka. Très belle masse de vin, homogène et musclée, avec de la race. Pomerol d’une belle générosité, solide et long.
— Nénin, encore introverti, au nez concentré d’arômes de fruits rouges et d’épices. L’attaque est pleine, droite, d’un bon volume et d’un bon extrait sec ; la finale s’affirme sur le terroir et les épices. Vin robuste et tannique doté d’un bon potentiel.
— Petit Village, élégant, à dominante de gelée de fruits noirs. La trame est soyeuse, grasse, les tanins fins enrobés. Vin bien construit, belle longueur sur le fruit.
— Rouget se caractérise par une belle complexité aromatique de fruits mûrs, de raisins de Corinthe, laissant apparaître une fine expression de terroir. C’est un vin chaleureux d’une belle finesse de texture, aux tanins fermes et enrobés, à la finale légèrement asséchante.
— Clos du Clocher se démarque par une expression de fruits rouges sur fond de violettes, par une belle masse de vin au terroir affirmé. C’est un Pomerol racé, aux tanins légèrement anguleux et à la finale un peu chaude.
— La Petite Eglise, c’est l’Eglise Clinet du pauvre, accessible jeune. Un grand séducteur, au nez pur, élégant, de petits fruits noirs, à la bouche précise, linéaire, avec beaucoup de sève, et longue sur la réglisse.

FRONSAC

Réussite globale.
— La Rousselle, un Fronsac de rêve fait par une femme adorable, d’une énergie débordante, Madame Viviane Davau, épaulée par Stéphane Derenoncourt. Depuis 2004, après arrachage des cabernets sauvignons, le vin a gagné en finesse et a accentué son expression calcaire. Ce vin, d’un équilibre incroyable — tous les éléments sont imbriqués les uns dans les autres — et d’une précision étonnante, éclate par la fraîcheur et le dynamisme de son fruit ; le plus grand millésime de la propriété.
— Haut-Carles se détache par son volume de fruits mûrs ; c’est un vin large et très charnu, bien charpenté, aux tanins enrobés, avec une certaine opulence et pourvu d’un bon potentiel.

PESSAC-LEOGNAN BLANCS

— Haut-Brion, toujours surprenant par sa densité. Le bouquet complexe, encore réservé, est marqué par le sauvignon, le buis, avec des notes d’agrumes, d’ananas, d’épices et de poivre. La bouche est pleine, riche, avec de l’ampleur ; on retrouve la douceur du fruit, soutenue par une pointe d’acidité. Ce vin offre une sensation lisse et onctueuse jusqu’au bout de la dégustation ; c’est un vin puissant, très long sur les fruits exotiques.
— La Mission Haut-Brion séduit d’entrée par son bouquet cristallin, frais, citronné, aux notes d’agrumes mûrs, d’épices, de poivre blanc, de tilleul. La prise en bouche est charnue, d’une fraîcheur de fruit étonnante ; le corps du vin est musclé, pulpeux et d’une longueur impressionnante sur le fruit et la minéralité. Vin hors norme pour le premier millésime de La Mission Haut-Brion blanc.
— La Clarté de Haut-Brion, la synthèse entre La Mission et Haut-Brion ou la projection et le plaisir immédiat des Grands vins. Arômes intenses d’agrumes, de tilleul, tout en élégance ; bouche fruitée, souple avec du volume, où l’on retrouve pamplemousse et citron confit. Vin généreux et gourmand, belle réussite.
— Domaine de Chevalier, remarquable par son bouquet droit, incisif et puissant. Sa bouche dense, avec beaucoup de chair et d’unité, est savoureuse et laisse apparaître une explosion de fruits exotiques, de citrons, de papayes, avec une légère sucrosité en finale.
— Olivier, très belle réussite, comme en 2008. Ce vin blanc se caractérise par sa pureté et sa grande fraîcheur de fruit ; il a du punch, la bouche est incisive avec une chair serrée, dynamique et très persistante. Un vrai vin qui « redemande », élaboré par une équipe à la progression exemplaire.
— La Louvière se détache par l’expression de son bouquet pur, frais et élégant, aux notes minérales, et par l’unité de sa texture. Il est dense, marqué par les agrumes mûrs, le terroir, avec un bon soutien acide. C’est un vin puissant.
— Larrivet Haut-Brion, vin blanc d’une bonne identité, bien réussi cette année, avec ses arômes purs de fruits mûrs; sa bouche est large, d’un bon volume, charnue avec une pointe d’acidité ; la finale puissante, un peu chaude.
— Carbonnieux, classique, avec son bouquet profond de graves, riche et anisé ; la bouche est grasse, solide, avec de la chair et une finale persistante, présentant un peu de sucrosité.
— Smith Haut Lafitte, marqué par les agrumes frais couplés à une belle minéralité, est très fruité, bien en chair, sur un bon soutien acide. Belle longueur et richesse.

SAUTERNES

Réussite générale.
Château d’Yquem (13,8° – 155 g de sucre) vendangé en 4 tries. La série des grands millésimes continue. On est attiré d’entrée par la profondeur, la grande ampleur des fruits confits, le caractère frais et éclatant des agrumes. La masse de vin est fraîche, d’une belle unité; l’équilibre fruit/sucre/acide est réalisé, l’expression des agrumes frais bien soutenue par l’acidité. Quelle longueur! Grand millésime de la plénitude. Vin complet, alliant opulence et rigueur ; un Yquem gourmand.
— Nairac (13,4° – 185 g de sucre) Suite au gel de 2008, la récolte de 2009 est de 11hl/hectare. Le bouquet est surprenant, d’une grande fraîcheur de fruit, d’agrumes confits, de petits citrons verts, d’une concentration exceptionnelle et d’une grande amplitude. La bouche est fraîche et dynamique d’entrée ; les agrumes frais, le citron vert éclatent, avec des notes exotiques de mangue. On ne sent pas le sucre, quel équilibre ; l’acidité porte le fruit, quelle longueur ! Impressionnant, aérien et gourmand. « Un botrytis d’enfer ».
Climens (14,5° – 135 g de sucre) se distingue par un bouquet pur, aérien, d’une belle complexité et élégance, aux notes orangées et minérales. Très bel équilibre en bouche ; le vin est puissant, gras, d’une belle épaisseur, exprimant les agrumes frais soutenus par l’acidité dans une longue persistance. Très belle liqueur. Climens entier, d’une belle harmonie, frais et minéral.
— Château de Fargues, Sauternes complet, d’une grande dimension dans ce millésime. Il s’impose par la profondeur de ses arômes d’agrumes confits et d’écorce de citrons verts. La bouche est pleine, marquée par les agrumes confits, avec du volume, de la chair, très liquoreuse. Ce vin est puissant, très large, avec du poids et doté d’un énorme potentiel.
— Suduiraut, séducteur par la qualité de sa liqueur, d’une grande suavité. Belle complexité aromatique où se mêlent agrumes confits et miel. La bouche est pleine, d’une belle richesse où l’on retrouve les agrumes frais, avec une pointe d’acidité en finale. Un des beaux vins du millésime.
Doisy Daëne est excellent. Le nez est élégant, marqué par les agrumes frais, les petits citrons verts ; la texture est fine, le fruit porté par l’acidité. C’est un vin vivant et équilibré, sur la fraîcheur, très dynamique.
— Guiraud se distingue par son bouquet pur d’agrumes, de petits citrons, de poivre blanc et d’épices ; sa bouche est pleine, grasse et charnue, avec un bon support acide, la finale longue et précise. Sensation d’élégance et d’équilibre.
Doisy-Védrines, marqué par des arômes de citrons verts et de fruits de la passion, offre une bouche fruitée, charnue, structurée, avec une bonne acidité et une pointe d’amertume, soutenant les agrumes frais. Vin charmeur, élégant à la finale vive, avec du punch.
— Coutet
, le nez est pur, rôti, aux notes d’agrumes confits, d’un bloc ; la bouche est pleine, dense. Quelle masse de vin, riche, avec une légère amertume ! Finale sur le sucre et l’acidité. Vin opulent, au caractère cristallin.
— Rayne-Vigneau se différencie par des arômes intenses de citron verts, de pêches, de pâtisseries, une bouche grasse, citronnée avec une pointe d’amertume, généreuse. Belle masse de vin sans lourdeur. ©thomasvino.com

Cet article, ainsi que le tableau des étoiles du millésime 2009, est paru dans le quotidien économique l’AGEFI, de Lausanne, le 23 décembre 2010. On peut écrire à Jean Solis via son adresse de courriel: info@jeansolis.ch