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Posted on 17 septembre 2011 in Actus - News

Vers un millésime de viticulteur?

Vers un millésime de viticulteur?

Mi-septembre, mi-vendange

2011, un millésime de viticulteur?

C’est une notion qui se discute : il y a des années de viticulteur, d’autres de vinificateur. Une notion d’autant plus ténue, si l’on soutient que 80% d’un vin se fait à la vigne… Souvent, l’œnologue ne peut guère rattrapé en cave ce que la nature ne lui a pas donné. Exemple en 2011. On lira aussi la très intéressante contribution de Jacky Rigaux sur les climats déterminants de Bourgogne, sur le blog de Jacques Perrin.
Analyse: Pierre Thomas
A mi-septembre, on est déjà à mi-vendange en Suisse romande. Pour garder une acidité suffisante, les vignerons ont dû cueillir rapidement les spécialités blanches (viognier, chardonnay, pinots gris et blanc, etc.). Dans certaines régions, on signale des guêpes (pas folles !) qui s’attaquent aux raisins bien mûrs, obligeant les vignerons à jouer du sécateur.
Un cycle végétatif normal
Au contraire de 2003, année la plus précoce à ce jour en Suisse romande, 2011 n’est pas le fruit de la canicule. L’avance prise par la vigne date du printemps précoce, de la floraison qui s’est très bien passée, sans coup de froid ensuite. Aucune coulure ni millerandage, donc, mais, quand même, notent certains vignerons, des raisins pas toujours uniformément mûrs. Avec une avance prise au printemps, le cycle végétatif qui s’achève en septembre est normal.
La pluie, ensuite. Le refroidissement s’est produit en juillet, avec des pluies qui ont fait rapidement grossir les baies mais ralentit le rythme. A ce moment-là, le vigneron pouvait intervenir et couper des grappes. Tous l’ont-ils fait? Délicate question, chaque année…
Des pluies redoutées
Ensuite, les pluies du premier week-end de septembre ont été très inégales: on parle de 30 mm sur La Côte vaudoise et de 17 mm en Valais, soit un écart du double au simple. Ces pluies, violentes sur un jour ou deux, ont fait peur aux vignerons. Comme celles du week-end du Jeûne Fédéral, abondantes sur l’arc lémanique, avec un orage samedi soir.
La chaleur de plusieurs journées du début septembre a ramolli la peau de certains raisins: le pinot noir est sujet à la peau qui lâche et au début de flétrissement, jamais bon. Mi-septembre, la plupart des pinots étaient donc déjà ramassés, notamment en Valais.
Trop de chasselas en perspective?
Et le chasselas? Son principal probléme paraît être la quantité, liée à la grosseur des baies (autour de 3 grammes et un peu plus, contre moins de 1,5 g. pour le pinot noir) et des grappes. Dans le pays de Vaud, les interprofessions régionales ont décidé de baisser légérement les quotas : 6 centilitres à La Côte. Et, première historique, Lavaux a décidé préventivement de faire de même ! Du jamais vu dans l’histoire récente. Reste à savoir si cet effort sur le papier sera en adéquation avec la vendange: si la peau du chasselas est résistante, la pluie risque encore de faire grossir les baies, sans compter le risque de dilution de vendanges sous la pluie…
Mais le chasselas doit «prendre» du sucre : au 12 septembre, il affichait 71° Oechslé dans le vignoble vaudois (soit 1° de moins que la moyenne de la vendange 2008 et 9° de moins qu’en 2009 et 2010) et 72,4 ° Oechslé de moyenne à Genève (71° à Neuchâtel). Par comparaison, à la même date, le pinot noir affichait de 90 ° Oechslé dans le vignoble vaudois à 93,4° à Neuchâtel et même 97,5° à Genève. En Valais, la petite arvine (96°), le cornalin (90,7°) et la syrah (92°) dépassait les 90° Oechslé : le plus tardif des cépages valaisans, l’humagne rouge était à un peu moins de 86°, soit le taux de sucre naturel du gamay et du gamaret vaudois.
Des rouges à attendre… si la pluie le permet
En conséquence, en Valais comme à Genève ou sur La Côte vaudoise, la consigne est de laisser le plus longtemps possible les raisins rouges, y compris le gamay. Chez Provins, le directeur technique Gérald Carrupt pense que les spécialités rouges (cornalin, humagne rouge et syrah) ne seront pas vendangées avant la dernière semaine de septembre. D’autres vignerons sont prêts à attendre la première semaine d’octobre. Au besoin, la table de tri sera utile pour séparer les bons grains des moins bons: plusieurs domaines romands s’y mettent, alors que ce moyen est connu dans de nombreux vingobles depuis dix ans au moins. Quant aux surmaturés, il faudra attendre l’automne, l’éventuel développement du botrytis, la pourriture tant redoutée dans le vignoble, mais qui transforme dans l’arrière-automne les raisins destinés aux liquoreux. Là, la patience est de mise.
2011 rappelle 2000 et 2005
Et globalement, ce millésime 2011, qui s’annonce fort bon, à quelle année fait-il penser? Dans le Dézaley, Louis-Philippe Bovard nous parlait, début septembre, de conditions quasi identiques à 2000. En Valais, la précocité rappelle certes 2003, mais la qualité sanitaire du raisin, 2005. Même si les 2000 sont un peu décevants aujourd’hui, avec 2005, en pleine forme, ces deux millésimes sont considérés comme les meilleurs de ce début de millénaire, en blanc comme en rouge, au contraire de 2009, plus favorable aux rouges, magnifiques, et 2010, plus favorable aux blancs.
©thomasvino.com