Pages Menu
Categories Menu

Posted on 29 juin 2012 in Vins suisses

Genève 2012: «L’Esprit» enfin couronné

Genève 2012: «L’Esprit» enfin couronné

Lancés avec le millésime 2004, les assemblages rouges «Esprit de Genève» n’avaient jamais remporté la sélection annuelle des vins . C’est chose faite, avec la version 2010 de Christian Guyot, producteur, œnologue et professeur à Changins. Sur l’image ci-dessous, il reçoit son trophée de la conseillère d’Etat Michèle Künzler.
Par Pierre Thomassite_christ_guyot.jpg

Comme les Neuchâtelois, les Genevois donnent du faste à leurs «sélections» cantonales. Ainsi, le 21 juin, les vignerons étaient conviés dans la cour de l’Hôtel de Ville de la cité de Calvin pour connaître le palmarès de la treizième édition (2012) de cette compétition. Par le nombre de vins soumis aux jurés (706) et le nombre de caves (76), elle a battu les records de l’édition précédente. C’est aussi 50% de producteurs de plus qu’à la première édition et deux fois et demi le nombre de vins. Preuve que ces sélections sont appréciées par la production. Les Genevois soignent, du reste, la manière. Ils exigent que les jurés dégustent en solo. Mieux, l’ordre de passage des vins est différent pour chacun des jurés d’une même commission, pour diminuer l’impact de la loi des séries. S’il fallait 88,5 (sur 100) pour obtenir une médaille d’or, celles-ci sont limitées à 10% des vins. Les cantons romands pourraient s’inspirer de la rigueur genevoise dans leurs propres compétitions…
Un sanglier et une fouine
Jusqu’au dernier moment, personne ne sait qui décrochera le trophée du «sanglier», attribué au vin le mieux noté de tout le concours. Cette année, c’est l’«Esprit de Genève» (gamay-gamaret, moitié-moitié, élevé un an en barriques, dont la moitié en chêne vaudois), de Christian Guyot, qui s’est imposé, avec 91,3 points sur 100. Une note qui est révélée, au contraire de l’hypocrisie du Grand Prix du Vin Suisse, où il existe un trophée pour le vin le mieux noté, mais dont on ne divulgue pas le pointage!
Parmi les 72 médailles d’or, d’autres prix spéciaux sont attribués. La société des cafetiers, restaurateurs et hôteliers désigne le meilleur chasselas, qui revient à la version 2011 du Domaine des Charmes, de la famille Conne, à Peissy, là où Christian Guyot, aujourd’hui professeur d’œnologie à Changins, fit ses premières armes… Quant aux élèves de l’Ecole hôtelière de Genève, qui ne sert que des vins genevois dans son restaurant d’application (70 références), ils ont distingué, parmi les 20 meilleurs pointages, le vin doux Ilios 2009 du Domaine les Hutins, à Dardagny. Celui qui avait remporté le sanglier 2011 avec la version 2008 de ce vin… Même la presse s’en mêle: elle avait à désigner, parmi les 10 gamarets médaillés d’or, son champion, récompensé par une… fouine, le Gamarêve 2010 de la Cave des Bossons.
Christian Guyot, un vinificateur original
Enseignant et praticien, Christian Guyot, 46 ans, est une personnalité à part. Non seulemement il cultive un petit hectare de vigne à Bernex, à 90% planté en rouge, à l’exception d’un peu de viognier, mais il vinifie dans deux autres caves genevoises, au Domaine des Graves, chez Nicolas Cadoux, à Athenaz, et au Domaine de La Mermière, chez Yves Batardon, à Soral.
Aux trois endroits, il produit un «Esprit de Genève» particulier. Cet assemblage rouge est né en 2004, à l’instigation des milieux officiels de la viticulture genevoise. L’idée était de redorer le blason du gamay. Et de démontrer qu’on peut en faire un vin concentré et «bien élevé», en principe en barriques.
Sous une même étiquette, sobre et élégante, figurent des vins qui, tous, ont une base d’au moins 50% de gamay. Le reste est laissé au talent du vinificateur. Dans le cas de l’«esprit» récompensé cette année, 50% de gamay et 50% de gamaret, les deux récoltés et vinifiés séparément, puis élevés un an en barriques de chêne. Et si la conseillère d’Etat Michèle Künzler a prononcé un vibrant plaidoyer pour le «circuit court» et la consommation des produits locaux, Christian Guyot applaudit des deux mains. Il va jusqu’à élever son vin à moitié, pour l’instant, en barriques de chêne suisse, des forêts vaudoises de Pampigny et d’Onnens. Au Domaine de la Mermière, le vin sous la même bannière est composé de 50% de gamay de vieilles vignes, vinifié en cuve, et complété par 30% de gamaret, 10% de garanoir et 10% de galotta, élevés en fûts de chêne. Et au Domaine des Graves, formule encore différente: 50% de gamay et 10% de merlot en cuves et 40% de gamaret élevé en fûts de chêne.
C’est donc la formule la plus simple, du moins sur le papier, signée Christian Guyot, qui l’a emporté dans le millésime 2010. Autre particularité, cet assemblage est vendu à un prix proche pour les 17 producteurs, soit 19,50 fr. pour le vin victorieux. «Ca n’est pas un vin qui s’arrache pour autant!», commente le vinificateur. Il est vrai que «L’Esprit de Genève» a été conçu comme un ambassadeur du vignoble genevois en Suisse alémanique.
Les rouges en tête de palmarès
Cette année, les vins les plus médaillés sont les gamarets (10), les assemblages rouges (9, dont 4 Esprits de Genève), les vins doux (7), les pinots noirs (6) et les gamays (5). Au nombre des médailles, la Cave Les Perrières et la Cave des Bossons, les deux à Peissy, qui partagent le même œnologue, Sébastien Schwarz, et la Cave de Genève, sont en tête du palmarès, avec 5 médailles d’or, devant le Château du Crest, à Jussy, et le Domaine des Crêtets, à Peissy.
www.lesvinsdegeneve.ch
Synthèse de deux articles parus dans Hôtel Revue et Hôtellerie & Gastronomie Hebdo (5 juillet 2012).