Un Mondial des Pinots très… valaisan
Le meilleur vin du concours est le Pinot noir La Part des Anges 2010, de Claudy Clavien, à Miège, alors que le vin jugé avec le moins d’écart est aussi valaisan, le PN Montet 2011, de Dominique Passaquay, à Choëx sur Monthey. L’excellent magazine Bourgogne Aujourd’hui a distingué le meilleur producteur bourguignon, à la lumière du palmarès, Anne Parent, de Pommard. Le prix des mousseux revient à une grande cave pionnière de la méthode Charmat, Carpenè Malvolti, à Conegliano, pour son rosé brut l’Arte Spumantistica, seule médaille d’or dans les mousseux.
Deux surprises alémaniques, avec le meilleur rosé, de Douanne (Lac de Bienne), d’Adrian Klötzli (2011) et le titre 2012 de «champion du monde» des producteurs, jugés sur trois millésimes, revient à un Bâlois, la maison Jauslin (avec le PN Hohle Gasse Muttenz).
Les médailles Grand Or reviennent, logiquement, à Claudy Clavien, accompagné d’un autre Valaisan, Frédéric Dumoulin, Cave L’Orpailleur, à Uvrier, avec un PN 2011, et un autre PN barrique du lac de Bienne, le 2099 de Katharina et Erich Andrey, de Gléresse, et aux Argoviens Michael et Walter Deppeler, avec le PN barrique Tegerfelder Alter Berg 2009. Un seul vin étranger tire son épingle dorée du jeu, le PN Aigle Royal 2011 de Gérard Bertrand, du Château l’Hospitalet, dans le Languedoc.
Qui n’a pas sa médaille d’or?
Rayon suisse, quel bon producteur confirmé n’a pas sa médaille d’or? Légitime question! Nouveau cocorico valaisan avec 40 des 86 médailles d’or suisses, largement devant Vaud (11), puis Grisons et Schaffhouse (6), Neuchâtel et Argovie (5), Thurgovie (4) et Berne (3). On retrouve donc au palmarès les Valaisans Diego Mathier, 6 fois en or, et François Kuonen, 4 fois en or, tous deux de Salquenen, et Provins-Valais, 4 x. Claudy Clavien ajoute le pinot blanc à son grand or en PN. Nicolas Bagnoud (PN et pinots clairs, gris et blanc), Dominique Passaquay (PN et Cerus blanc), Antoine et Christophe Bétrisey, la Cave Ardévaz, Olivier Mounir (Cave du Rhodan), Philippe Constantin et Michael Magliocco sont parmi les confirmés valaisans.
Côté vaudois, Cidis, avec une sélection Bernard Ravet, Alain Neyroud, Henri Cruchon (PN et pinot blanc), Badoux Vins (PN et pinot gris) et Croix-Duplex (Vogel, PN et œil-de-perdrix) sont en or.
Beau panachage à Neuchâtel avec deux pinots noirs classiques en or, du Domaine de Chambleau, Louis-Philippe Burgat, la Cuvée Saint-Louis, de Grisoni, Christian Jeanneret, les pinots gris du Château d’Auvernier, Thierry Grosjean, et d’Alain Gerber, et vin doux de plus de 7 g. de sucre, le Noellis 2009 de Jungo et Fehlmann, à la fois tiré de raisins flétris, puis conservés au froid (congelés avant pressurage). Un joli produit que nous avons noté 90/100.
Rien que des confirmations, donc… et peu de surprises, qu’il faut aller chercher en Suisse alémanique. Mais on se méfie des appréciations des jurés: à Mémoire & Friends, à Zurich, la dégustation des pinots noirs nominés pour le Grand Prix du Vin Suisse (GPVS) a montré que les jurés ont eu un fort penchant pour des vins puissants et fortement barriqués, au détriment de l’élégance et du terroir, que défend depuis la nuit des temps la Bourgogne…
Les meilleurs à l’épreuve
Vérification faite à VINEA, ces craintes se sont avérées: l’Aigle Royal 2011 s’est avéré fort bien fait, mais avec des notes de géranium, de boisé, de fruits confits et une finale un brin brûlante (notre note: 86/100). Autre grande médaille d’or, la Part des Anges 2010, de Claudy Clavien, un vin tendu, un rien exotique, avec un nez surprenant (pour un pinot noir!) de violette, voire de jasmin, mais un beau volume et de la fraîcheur (88/90). Le Andreywein Vieille Vigne barriques 2009 est lui aussi très boisé, moka, un peu chaud, très extrait (le millésime le permettait…) et riche, sans doute extrême pour le lac de Bienne (86/88) qui décroche là son premier Grand Or. Pas très convaincant, l’argovien Alter Berg Tegerfelder barrique 2009 (encore…), au fruit très mûr, gras, puissant, mais aux arômes de confiserie, sans aucune finesse de fruit. Surmaturation, avec des touches de canelle, de la chaleur, de la vinosité et une finale chaude pour un autre 2009, le Findling 2009 des quatre producteurs associés Gehring, Lenz, Neukom et Stucki (88). Peu de surprise avec le pinot noir Grand Cru 2010 de Gregor Kuonen, bien dans le style des vins de Salquenen, au nez de cuir (mais sans bois, comme l’exige le cahier des charges du Grand Cru), très souple, très mûr, avec une forme de sucrosité doucereuse (86). Dans cette sélection, présentée aux journalistes invités à VINEA, deux autres vins nous ont davantage plu, le Grand Or de Frédéric Dumoulin, d’Uvrier, un pinot noir 2011 au nez à la fois chocolaté et un peu animal, avec des traces de confit, mais une bonne structure et de l’ampleur (88) et la Grande Réserve Les Romaines 2009, des Frères Dutruy, à Founex (VD), au nez de fruit confit, mais qui pinote agréablement en bouche, avec un bon soutien acide et donc de l’élégance aussi, 90/100, et pourtant, simple médaille d’or…
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