VINEA, et volent les notes!
Et volent les notes à VINEA
Chez le Sierrois Nicolas Zufferey, on a bien aimé la Petite Arvine 2011 (92/100), sèche, au contraire de la plupart des petites arvines de ce millésime une fois de plus difficile pour le plus emblématique des cépages valaisans, un vin de grande expression, marquée par les fruits exotiques et une acidité décapante, avec un bel équilibre et une minéralité finale remarquable. Autre exercice périlleux avec son assemblage Le Blanc 2009 (90), riesling, païen et sylvaner, au nez encore barriqué, avec des notes de pamplemousse — un peu plus, et on croirait avoir affaire à une petite arvine «fûtée»! — puis, en bouche, d’abricot, avec une stupéfiante fraîcheur pour cette année chaude, délicate dans les blancs valaisans (2010 avait réservé des vins plus vifs). Sur le fruit et la tension, avec des notes typiques «viandées», propres au terroir valaisan, le Gamay 2011 est frais (89). Dans les rouges, on a bien aimé la Syrah barrique 2010 (88), au nez de tabac, de cuir, d’épices, assez souple en bouche, sur une jolie texture, et plus encore le Pinot noir Clos des Bernunes 2010 (92), au nez caractéristique de pinot (finalement plus rare qu’on ne le pense, à goûter les médailles d’or du Mondial!), ouvert, agréable à l’attaque, puissant et gras, avec une finale un peu astringente, mais tout cela devrait se fondre dans les mois à venir: longue macération à froid et élevage en barrique ont bien convenu à ce pinot de clones bourguignons et qui ne renie pas ses origines!
Belles confirmations chez un autre Sierrois, mais de Grange cette fois, Robert Taramarcaz. La Petite Arvine Tradition 2011 (90) explose au nez de fruits exotiques, de citron vert, de beaux arômes qu’on retrouve en bouche, avec le soutien acide qui rappelle le pamplemousse et même la rhubarbe, et le tout demeure d’une rare élégance. Le tryptique humagne rouge – cornalin – syrah frise les 92 points! Peut-être, s’il fallait chipoter, le Cornalin Tradition 2011 (90), à cause d’un nez discret, reste-t-il un peu en retrait, mais sur la cerise noire croquante, avec cette finesse des tanins et cette élégance qui caractérisent tous les vins rouges du Domaine des Muses. L’Humagne Tradition (92-94) est, à cet égard, un archétype: nez magnifique, typé du cépage bien mûr, puissance aromatique à l’attaque, texture d’une rare finesse pour un vin réputé rustique, du tout grand art! La Syrah Réserve 2010 (92), une des six finalistes du Grand Prix du Vin Suisse, est du même tonneau, avec son nez exubérant et poivré, son boisé subtil mais perceptible; l’année de plus lui confère une certaine tendreté; l’ensemble est joliment complexe, long et harmonieux. Podium garanti? On ne peut jamais jurer de rien avec un jury…
La Cave La Romaine est en plein remue-ménage: Joël Briguet, avec des associés, dont son œnologue et Emmanuel Charpin, le secrétaire-président de la Charte Grain Noble ConfidenCiel, peaufine son projet Tsampihro, sur un peu moins de 3 hectares, à Lens, rachetés patiemment à 30 propriétaires, avec l’aide d’un financier genevois. Un mousseux à base de chardonnay (étonnement garanti!) et deux assemblages, blanc et rouge, devraient naître de ce projet haut de gamme. Pour l’instant, les vins sont logés dans 9 barriques, qui devraient passer progressivement à 70: la cave est en pleine transformation pour les accueillir… On a bien aimé, dans la gamme Castel d’Uvrier, la Petite Arvine 2011 (89), aux arômes de pamplemousse, bien tenu par l’acidité, un vin très agréable, un brin linéaire. Pour les amateurs de boisé vanillé sur les vins blancs — à voir l’offre, il doit y en avoir de plus en plus! —, l’Heida 2010 (88), encore marqué par l’élevage, mais d’une belle puissance, comme la Marsanne 2011 (86), elle aussi puissante, avec du gras, et un peu trop de sucrosité à notre goût (malgré les 14,5% d’alcool)… mais c’est un support pour une rétro bien marquée par les fruits blancs.
Dans un style plus sage, chez Francis Salamin, de la Cave de la Danse (1,2 ha mais 16 vins, mazette!), on a bien aimé une Marsanne, appellée Ermitage 2011 (89), puissant, grasse et longue, sans être huileuse. Joli Johannisberg (de Sierre!) 2011 (88), bien typé amande et fruits à noyaux (mirabelle). Et un Cornalin 2011 (86) tout en dentelle: les arômes y sont, certes, avec un nez sur le fruit, la cerise noire, mais sur un corps moyen et une finale sur une note d’amande amère. Un vin digeste et sans complication — la version passée en fûts de chêne est un peu plus volumineuse, assure le vigneron… qui ne la faisait pas déguster.
On est revenu, enfin, sur des vins de grande densité, chez les frères Antoine et Christophe Bétrisey, de Saint-Léonard. On a goûté un PInot noir 2010 (90), médaillé d’or au Concours Mondial de Bruxelles (alors que le 2011 s’est paré d’or au Mondial des PInots), à la robe dense, au fruit épanoui, mais sans mollesse, qui se livre progressivement en bouche, d’une belle tenue et d’une grande fraîcheur, un bien joli exemple de pinot, ma foi. Sur le millésime 2010 aussi, le Cornalin Phénoménal (92/94) s’avère d’une somptueuse densité, avec un fruit un rien bridé, qui s’ouvre, et une texture impressionnante, bien soutenue par de l’acidité, qui lui assure de la fraîcheur; l’élevage en bois paraît, avec un an de recul, bien maîtrisé et le tout livre un jus concentré, alliant puissance et élégance. Un vin que l’on apprécie lentement à la mesure de sa remarquable tenue en bouche — l’étoffe se livre, épaisse, savoureuse, complexe.
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