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Posted on 20 septembre 2012 in Vins suisses

Les 1ers Grands Crus vaudois ne seront que 15 en 2012

Les 1ers Grands Crus vaudois ne seront que 15 en 2012

La coopérative Uvavins, par le biais des Caves Cidis, qui en assurent la vinification et la commercialisation, n’avaient pas voulu céder à la précipitation printanière. Il a donc fallu attendre début septembre pour voir émerger le 12ème 1er Grand Cru vaudois, premier millésime, soit le 2011, avec le Château de Malessert, à Perroy (photo ci-dessous, www.relaismedia.com). L’info ne figure même pas sur le site Internet officiel des 1er GC… En 2012, le webmaster n’aura pas beaucoup à faire pour actualiser son site: ces 1ers GC ne seront pas plus de 15 en 2012, d’autres producteurs préférant la voie de la cuvée spéciale… vendue à meilleur prix!

Par Pierre ThomasCha770teau-de-Malessert.jpg

En 2012, une cuve de 13’000 litres accueillera la sélection parcellaire de ce domaine de 15 hectares est voué exclusivement au chasselas. A l’exception de la route de l’Etraz, entre Féchy et Mont-sur-Rolle, qui passe dans sa cour, le domaine est d’un seul tenant. Ses mille ans, basés sur la donation de son vignoble de Bougel par le prêtre Marin au couvent de Romainmôtier, en 996, ont été fêtés il y a 16 ans.
Témoin de la tradition ancrée dans le patrimoine, le château n’a connu que cinq familles de propriétaires en mille ans, les derniers, les Frossard de Saugy, l’ayant acquis en 1872. Belle continuité dans le vignoble, avec des Dufour installés depuis quatre générations. C’est du reste Armand Dufour, personnalité des milieux vitivinicoles de La Côte, qui, à 71 ans, a repris le rôle de régisseur, cet été, au décès de son frère Willy. Les vins sont vinifiés au Château, mais à façon, d’abord par la maison Bujard, puis par la défunte Société Vinicole de Perroy (de 1977 à 2001), relayée par les œnologues d’Uvavins.
1ers GC vaudois à géométrie variable
La présentation, sur place, a permis de vérifier deux choses. Primo, les 1ers Grands Crus vaudois sont à géométrie variable : 17’000 m2, soit une bande de haut en bas du coteau, ont été définis. Mais, en fait, tout le domaine de 15 ha a passé la rampe du dossier technique. Secundo, ce sommet de la pyramide fait des 1ers Grands Crus les moins chers du monde: si le Château de Malessert Grand Cru (60’000 bouteilles) est vendu entre 10 et 12,50 fr., le 1er Grand Cru (12’000 bouteilles en 2011), vaut 14.90 fr. Une incontestable originalité à la vaudoise! Et on aurait bien voulu comparer la tenue des deux vins. Mais il n’y avait pas une seule bouteille de la cuvée «normale» au château, l’autre jour!

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Eclairage

Marque ou 1er Grand Cru,
ils ont choisi

Ils étaient onze à la douzaine, les 1er Grands Crus vaudois, ce printemps, en présentation officielle et précipitée aux autorités politiques, au Palais de Rumine, siège du Grand Conseil. Il a fallu attendre début septembre pour que le 12ème sorte du bois, le Château de Malessert, à Perroy, sur La Côte vaudoise.
Autre présentation-dégustation, à Lavaux cette fois, chez Les Frères Dubois, à Cully. Même cépage (chasselas), même rendement de 800 g. au m2, même vinification (en cuve), même différence de hiérarchie (un vin «normal» et une sélection), mais un «plus» pour la cuvée Dézaley-Marsens de la Tour Vase No 4: le retour à un vieillissement d’un an dans un grand fût de chêne patiné de 6’300 litres.
Rayon prix, une cuvée normale, à 22 fr., et cette sélection, tirée de vieilles vignes, à 28 fr. Et constat: un dézaley «sélection du domaine» vaut deux fois plus cher qu’un 1er Grand Cru de La Côte «officiel».

A quoi bon se battre pour des 1ers Grands Crus, dans ces conditions? Sur 6 nouvelles demandes de 1er Grand Cru pour 2012, seuls 3 dossiers sont en voie d’acceptation. Ils s’ajouteront aux 12 vins agréés en 2011, et porteront donc cette élite à 15 vins, pas davantage, en 2012… Uvavins affirme avoir été retenu avec le Château La Bâtie, à Vinzel, à La Côte.
La coopérative de La Côte comptera ainsi 2 vins au sommet de la hiérarchie, le groupe Schenk, 3, son porte-drapeau, le Château de Châtagnéréaz — qui applique la règle que la commission n’a pas voulue, soit «un domaine classé, un vin en 1er GC seulement» —, et, via la distribution d’Obrist, le Domaine de Autecour et le Château de Chardonne, seul Lavaux du lot, et Hammel, 4, avec L’Ovaille 1584, désigné vin du Conseil d’Etat vaudois pour 2012, le Clos de la George, tous deux à Yvorne, le Clos du Châtelard, et, vinifié et distribué par le négoce rollois, le Domaine de Fischer (divisé en deux cuvées, comme le Château de Malessert). On le voit, les «grands» sont servis, amenant du chasselas au pressoir de ceux qui prétendaient que la nouvelle «caste» des 1ers Grands Crus, originalité vaudoise, serait réservée aux «grandes maisons».
De fait, les Frères Dubois, pour ne citer qu’eux, n’ont pas déposé de dossier. Car l’ensemble du Dézaley s’achemine vers un Grand Cru, agréé en appellation d’origine contrôlée (A.O.C.) dès le millésime 2013. Un étage intermédiaire entre les grands crus, qui sont les seules véritables A.O.C. communales vaudoises, et les 1ers Grands Crus, définis sur dossier et renouvelés sur dégustation annuelle.
Quels repères le consommateur pourra-t-il avoir avec ces différentes dénominations? Poser la question en l’étayant par les incongruités des lois, c’est déjà y répondre!
Mais qui s’intéresse au consommateur, n’est-ce pas?

Synthèse (enrichie…) de deux articles parus dans Hôtellerie et Gastronomie Hebdo et Hôtel Revue le 19 septembre 2012.