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Posted on 9 novembre 2006 in Tendance

Vins suisses — 2006: 3ème Concours national et 2ème Guide des vins suisses

Vins suisses — 2006: 3ème Concours national et 2ème Guide des vins suisses

Vins suisses — Concours (et guide) national
Un étonnant panachage national
Laissez faire les chiffres et vous aurez un résultat aussi surprenant qu’un tirage de loterie, où toutes les régions suisses, miraculeusement, s'en sortent à leur avantage… Ainsi peut-on juger le palmarès du 3ème concours des vins suisses, tenu secret jusqu’au 7 novembre 2006, à Gastronomia, à Lausanne, où il a été proclamé.
Pierre Thomas
Même si les organisateurs — VINEA pour le compte de l’officialité vitivinicole, dont Swiss Wine Promotion — ont refusé de rendre publiques les notes des vins dégustés cet été à Sierre, le palmarès est bâti sur les meilleurs résultats chiffrés. Impossible de savoir si les 28 vins primés ont creusé un gros écart sur les 82 vins qui ont aussi obtenu une médaille d’or, avec plus de 90 points sur 100. L’exercice de la dégustation restant strictement humain, voilà qui relativise ce palmarès… Et évite surtout de pouvoir faire des comparaisons délicates avec les présélections régionales, où les mêmes vins ont été notés —forcément! — différemment par d'autres jurés, un autre jour. Les Vaudois, par exemple, donnent les points obtenus dans leur dégustation de l'OVV-Guillon.
Valaisans logiquement en force
Les Valaisans, en 2004 surtout, dans le trophée du magazine Vinum, et en 2005 un peu moins, avaient dominé la compétition, voulue par la défunte Swiss Wine Communication pour promouvoir les vins en Suisse et à l’étranger. Cette année encore, en remportant le Grand Prix et quatre des dix catégories, les producteurs du plus grand canton viticole suisse (un tiers des 15'000 hectares plantés) font la course en tête.
Si en 2004, la meilleure note globale de tous les échantillons avait couronné Michel Boven, de la Cave Ardévaz, à Chamoson (VS), le titre (officieux) de champion suisse revient à un jeune Sierrois, Serge Heymoz, 44 ans, de la Cave des Sentes. Son titre, il le doit à son vin doux, «Sentes Nobles» 2004, qui est le mieux noté de tout le concours.
Dans cette catégorie des vins doux, carton plein des valaisans, avec, en sus du gagnant, l’amigne de Vétroz Grand Cru 2005 d’Hervé Fontannaz de la Cave de la Tine, à Conthey, et la petite arvine Sous l’Escalier 2004, du Domaine du Mont-d’Or, à Pont-de-la-Morge, un trio qui a fière allure, même si aucun des vins primés n'adhère à la charte Grain Noble ConfidenCiel, qui fête cette année ses vingt ans.
De même l’autre tiercé valaisan, parmi les «autres cépages rouges», avec un cornalin 2004 en barriques du réputé Claudy Clavien, de Miège, devant la syrah 2005 en barriques des frères Philippoz, à Leytron, et un cabernet franc 2004 de Damien et Manfred Cina, à Salquenen (Domaine Fernand Cina). Ce tableau «treize étoiles» est complété par un Gros Rhin en barriques 2005 du Caveau de Salquenen, Gregor Kuonen et fils, et un brut du Valais 2002 de Jacques Germanier, victorieux parmi les vins blancs secs et les mousseux.
Deux champions vaudois et c’est tout!
Les Vaudois doivent se contenter de deux vainqueurs, sans la moindre place d’honneur. D’abord, en chasselas, un Daley, AOC Villette, du Domaine Piccard, un petit producteur, devant les non moins surprenants Neuchâtelois de la Cave des Coteaux à Cortaillod et Biennois (de Ligerz) Beat Burckhardt (que des 2005). Pas le moindre fendant! Et, en gamay, celui de l’Association viticole d’Aigle devance deux vins genevois, des domaines des Abeilles d’Or à Satigny et de la Mermière, à Soral, tous en 2005.
Les Genevois font très fort dans les accessits, avec le pinot noir La Croix 2004, de Bernard Cruz, à Bernex, et l’Ambroisie 2004 de Stéphane Gros, de Dardagny et La Folie du Domaine des Graves à Athénaz, deux valeurs montantes, sans oublier deux vainqueurs de catégorie, le Rose des Vignes 2005 du Domaine des Esserts à Dardagny, en rosé ; l’autre parmi les (rares) vins de liqueur, avec L’Essentiel 2004, du Domaine des Curiades, à Lully. Les vins alémaniques encadrent le pinot noir genevois, avec un zurichois vainqueur (Weingut Gehring à Freienstein) et un argovien troisième (Fehr & Engeli à Ueken). Quant aux Tessinois, ils monopolisent le merlot, «Il Quercetto» barriques 2003 de Terreni alla Maggia SA coiffant au poteau ce classique qu’est le «Sassi Grossi» 2003, de la maison Gialdi, un des symboles du renouveau du cépage ultramontain centenaire, cette année.
Quelle représentativité, quelle participation?
Un champion absolu, vingt-huit vins distingués, sur cent médailles d’or : la sélection reste sévère, malgré les 335 médailles d’argent, quand on sait qu’ils étaient plus de 3'000 partants pour ces dégustations-marathons qui ont jalonné l’année. L'an prochain, VINEA planche avec le magazine Vinum pour organiser un concours sans présélections régionales. Les producteurs décideront eux-mêmes de leur participation. C'est le talon d'Achille de toute compétition: qui participe? Les producteurs, en 2007, auront le choix entre des concours régionaux (Sélection de Genève, OVV-Guillon vaudois ou Label Nobilis valaisan, en deux sessions de printemps et d'automne). Voilà qui va disperser les énergies…

En parallèle, «Guide des vins suisses», 2ème édition
Un guide qui ratisse (trop) large
Ce Concours national a servi de base pour «mettre en avant» les meilleurs vins dans le deuxième «Guide des vins suisses» (lire l'interview du responsable du projet, Dominique Rouvinez, co-président de VINEA). Avec les brefs portraits de 600 «entreprises», l'ouvrage a plus de risques d’égarer le lecteur dans des chemins de traverse que de le ramener à l’essentiel d’une sélection pour constituer une cave privée. De plus, certains producteurs ont catégoriquement refusé d'y figurer: ce sont souvent les vedettes du vignoble suisse, qui n'ont pas besoin de ce genre d'ouvrage sans mise en valeur qualitative. Des reproches déjà faits à la première édition, il y a deux ans. Mais le panorama est vaste, avec force énumération de vins, dont ceux du Concours national 2006, qui ne sont ni commentés, ni notés. Car l’idée d’en publier le pointage a été abandonnée, pour éviter toute «parkérisation» (du nom du fameux gourou étatsunien) à la suisse. On ne contestera pas à l’ouvrage son poids de renseignements sur 540 pages (pour 35 francs), agrémenté des photos en couleurs de Régis Colombo, référence en la matière. Ce répertoire, qui revendique l'égalité de traitement pour tous, est édité par Ringier Romandie, à 14'000 exemplaires en français, allemand et, pour la première fois, italien.
www.guide-des-vins-suisses.ch

Article complété; version plus courte parue dans Hotel + Tourismus Revue le 9 novembre 2006.