Vins suisses: le mauvais exemple de l’HORECA
Le mauvais exemple de l’horeca
On pourrait espérer que le secteur horeca (hôtels, restaurants, cafés) soit l’allié objectif des vins suisses. L’étude réalisée par l’institut de sondages MIS-Trend pour l’Interprofession suisse du vin montre qu’au contraire, le secteur de la restauration va à contre-courant. Au grand dam des vignerons suisses.
Par Pierre Thomas
Cette étude a été présentée en détail la semaine passée, à Berne, par Marie-Hélène Miauton. Pour la directrice de MIS-Trend, qu’on boive de moins en moins et, de surcroît, de vins suisses, au café-restaurant est «préoccupant». Elle encourage donc les milieux vitivinicoles suisses à faire des efforts par une adaptation du flaconnage, une formation aux sommeliers ou simplement un marketing ciblé.
Une question de prix
Mais c’est surtout le prix des vins qui choque les consommateurs : «trop chers !» Ce seul fait, selon Mme Miauton, «explique la baisse de la consommation» en horeca. En 5 ans, de 1999, date du premier sondage comparable, à 2004, elle a diminué de 2 points, reculant de 25% à 23% des consommateurs réguliers qui admettent boire du vin hors du domicile. Et c’est le domicile qui devient le lieu de prédilection de la consommation du vin, une forme de loisir pratiquée surtout les soirs de week-end, avec des amis.
Chez les jeunes consommateurs de vins de 18 à 29 ans, le recul est de 4 points : c’est particulièrement navrant, puisque les cafés et restaurants pourraient être les lieux qui incitent à la découverte de nouveaux vins. Car la clientèle est là. Pour preuve, les jeunes abordent le vin de plus en plus tôt : les moins de 30 ans affirment l’avoir fait à 19 ans. Mais ils sont sollicités par d’autres boissons, comme les alcopops et les spiritueux (tels la vodka). Autre forte régression en horeca, celle de la consommation du vin lors de repas d’affaires : ils étaient 46% en 1999 à prendre du vin «toujours ou presque» et ne sont plus que 35% aujourd’hui.
Des fidèles vieillissants
Si, globalement, l’image des vins suisses s’améliore et si le nombre de consommateurs a tendance à augmenter, la quantité bue, elle, diminue, passant de 11,3 dl/hebdo en 1999 à 10,6 dl/hebdo en 2004. Par exemple, les citadins alémaniques de moins de 45 ans boivent davantage de vins étrangers. Et au restaurant, la consommation de vin suisse a diminué : 41% des consommateurs réguliers de vin commandent «national» aujourd’hui, alors qu’ils étaient encore 52% il y a cinq ans. Seuls les plus de 60 ans sont restés fidèles aux vins suisses dans ce contexte. La tendance à trouver le prix des vins excessifs dans les restaurants passe la barre des 50% (contre 45% en 1999). Ce sont les 45 ans et plus qui se montrent sévères : six sur dix jugent les prix dans les restaurants excessifs, surtout en Suisse alémanique. Les Romands sont plus indulgents… Ce qui n’a rien de rassurant, puisque plus des deux tiers des vins suisses sont consommés en Suisse alémanique.
Article paru dans Hôtel+Tourismus Revue, Berne, en septembre 2004