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Posted on 25 septembre 2007 in Vins du Nouveau Monde

Peter Lehmann: l’Australie, cas d’école

Peter Lehmann: l’Australie, cas d’école

Peter Lehmann à Barossa Valley
L’Australie, un cas d’école

Régulièrement, l’Ecole hôtelière de Lausanne accueille des producteurs de vins. La semaine passée, la dégustation de vins australiens a été élargie : c’était une première romande pour la marque Peter Lehmann.

Pierre Thomas

Plutôt que d’être rachetée par un géant de la viti-viniculture australienne, la maison Peter Lehmann, fondée en 1847 par des émigrés allemands dans la Barossa Valley, près d’Adélaïde, a préféré entrer dans le giron du groupe Hess. Ex-brasseur bernois, lui-même descendant allemand, Donald Hess, a fondé un petit empire de domaines bien cotés, en Californie (Hess Collection), en Afrique du Sud (Glen Carlou), en Argentine (Colomé). Soit un groupe implanté sur cinq continents, mais qui laisse, a rappelé le vice-président Hans Astrom, son autonomie à chaque domaine, qui a son ou ses propres «winemakers».
Une réalité à ne pas ignorer

Suédois, ex-président des sommeliers de son pays, Hans Astrom connaît depuis près de trente ans l’Australie. Il est aussi un ami de René Roger, le professeur en vins et boissons de l’EHL. Pour l’enseignant, la proximité du groupe Hess est une aubaine. Impossible, en effet, dans une haute école tournée vers l’extérieur, d’ignorer les vins dits du Nouveau Monde. «Leur force, qui est aussi une sécurité pour le consommateur, c’est de ne pas être sujets à la différence entre millésimes. Ce sont des vins un peu passe-partout, bons avec toutes les cuisines, même s’ils n’échappent pas à un grand reproche, leur haut taux d’alcool. Les vins, comme les australiens, m’impressionnent par les flacons d’entrée de gamme à 10 francs. En Suisse 80% des vins sont vendus en supermarchés. Les clients se basent sur l’étiquette, le packaging et le prix. C’est désolant, peut-être, mais c’est la réalité», constate René Roger. Qui met en exergue sur la diversité de l’enseignement du vin, complété par les activités de la Wine Society: ce club, animé par les élèves eux-mêmes, propose aux 1600 étudiants de l’EHL, huit animations autour du vin par an.
Mettre en avant la Barossa Valley
Si la marque Peter Lehmann s’est retrouvée face aux bancs d’école, c’est pour démontrer que l’Australie se démarque de l’uniformité, en matière de terroirs, de millésimes ou de styles. S’en est suivie une dégustation commentée d’une douzaine de vins, à base du plus fameux des cépages australiens, la shiraz — nom anglais de la syrah d’origine rhodanienne —, de 10 à 50 francs suisses la bouteille. Histoire de démontrer, comme le résume Hans Astrom, «que le style de la maison est de privilégier les tanins du raisins, et non ceux du chêne. En Australie, et surtout à Barossa Valley, qui ne représente que 6% du vignoble du pays, il y a un mouvement pour élaborer des vins qui tirent parti des dix-huit micro-terroirs de la vallée. On a beaucoup évolué en trente ans.» Reste que l’alcool est très présent dans toutes les syrahs, souvent sur des structures imposantes, marquées par une grande acidité (du tartrique ajouté à la vendange) et des tanins plus ou moins rudes. «L’alcool n’est pas gênant si le vin a du corps», plaide Hans Astrom.
Des rouges sous capsule

A partir du millésime 2005, tous les vins de Peter Lehmann (commercialisés en Suisse par Bataillard AG), des plus courants aux plus rares, comme le «1885», issu de pieds de vigne préphylloxériques plantés cette année-là, sont obturés par une capsule à vis. Cette disgracieuse fermeture, commercialisée par le groupe français Péchiney (Stelvin), que les vignerons suisses furent les premiers à utiliser… Et le débat fait encore rage, tant chez les sommeliers que dans les caves pour savoir si la capsule est adéquate, même pour des chasselas à boire jeunes ! Plusieurs des vins dégustés montraient une belle dynamique, comme la série des «Stonewell Shiraz», souvent désignée comme «le meilleur vins» de l’année en Australie.
Paru dans
Hôtel Revue du 20 septembre 2007

Eclairage
La sécheresse menace le vignoble australien

Selon une dépêche de l'Agence télégraphique suisse, diffusée le 24 septembre 2007, la sécheresse qui sévit en Australie pourrait réduire de moitié, voire davantage, la production viticole pour le millésime 2008. Le volume de ces vendanges devrait s'établir entre 800'000 et 1,3 million de tonnes, contre une moyenne de 1,9 million de tonnes. Entre 800 et mille exploitants, déjà endettés, risquent la faillite, a estimé Mark McKenzie, directeur de l'association des viticulteurs d'Australie. « Ils sont fauchés, ils n'ont pas les moyens d'acheter de l'eau », a-t-il expliqué. Dans certaines régions du Sud-Est australien, il n'est tombé que 10 à 16% des précipitations d'une année normale. L'industrie viticole australienne pèse 4,8 milliards de dollars australiens (soit autant de francs suisses). Les exportations annuelles de vin australien représentent 3 milliards de dollars australiens.