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Posted on 24 janvier 2008 in Vins suisses

2007, bon millésime pour le non-filtré neuchâtelois!

2007, bon millésime pour le non-filtré neuchâtelois!

Le bon filon du non-filtré
Le premier vin suisse de l’année sort des caves à Neuchâtel, le troisième jeudi de janvier. C’est le chasselas non-filtré, qui reste une curiosité locale, surtout quand la vendange est aussi faible qu’en 2007.
Pierre Thomas
Comme partout en Suisse romande, l’année viticole 2007 a vu souffler le chaud et le froid à Neuchâtel. Un hiver, le plus chaud «depuis 1864»; un printemps froid, qui a endommagé la fleur et compromis la quantité de raisins; un été pluvieux, surtout en août, puis un mois de septembre qui, grâce au vent, au soleil et aux nuits fraîches, a sauvé le millésime.
Chasselas (toujours) en diminution
Ce rappel n’est pas inutile, s’agissant du non-filtré. «Au contraire des 2006, parfois mous, les 2007 retrouvent des arômes citronnés, voire de grapefruit, et une bonne vivacité», explique Sébastien Cartillier, directeur de la station viticole d’Auvernier. Le temps a aussi pesé sur le résultat de la vendange. Avec 3,8 millions de kilos, il faut remonter à dix ans pour trouver une quantité aussi faible de raisins à Neuchâtel. Le pinot noir paie le plus lourd tribut à la météo, avec une récolte sous la barre des 1,8 million de kilos, alors que le cépage rouge représente 50% de la surface du vignoble. Proportionnellement, le chasselas s’en tire mieux : avec 1,76 million de kilos, 36% de la surface a produit 47% du vin neuchâtelois ! La surface de chasselas a encore diminué, de 5 hectares, pour un total de 216 ha. En 2007, l’ensemble du chasselas du canton de Neuchâtel représente la production de fendant de la seule commune de Sion!
Un petit dixième de non-filtré
Sur ce chasselas, un dixième va, sans doute, être écoulé en non-filtré, comme l’an passé. Le «trouble» du vin blanc, constitué de fines lies en suspension, n’est éliminé ni par décantation, ni par filtration. Deux tiers des 65 encaveurs neuchâtelois proposent du non-filtré, qui représente quelque 130'000 litres. Plus de la moitié est consommé sur le Littoral et 10% seulement «exporté» en Suisse alémanique et autant en Suisse romande. «Les cafetiers et restaurateurs en écoulent les 40% et ils aiment bien aller le chercher directement à la cave», explique Mme Edmée Rembault-Necker, directrice de l’Office neuchâtelois des produits du terroir (OVPT).
De la suite dans les idées
Devenu une tradition, le non-filtré fait des émules. Ainsi, Jean-Claude Angelrath, du Landeron, propose pour la première fois trois vins technologiques, en flacons de 50 cl, aux étiquettes originales. D’abord, un Prem’ze, un pinot noir en macération carbonique, comme le beaujolais nouveau, qu’il voudrait sortir de cave début décembre déjà. Ensuite, le Deu’ze, un non-filtré plus riche que le traditionnel, car concentré par le procédé d’osmose inverse, avec du sucre résiduel. Enfin le Troi’ze, un œil-de-perdrix vinifié à basse température, aux arômes de bonbon anglais. Le jeune vigneron de 36 ans n’est est pas à son coup d’essai : il avait participé à l’opération NOF, un non-filtré présenté en bouteilles capsulées de 25 cl, comme les bières. Il y a trois ans, l’initiative, menée avec plusieurs encaveurs, a tourné court : «On voulait faire revenir les jeunes de 25 à 30 ans sur le chasselas, dans les bars et les discothèques, et ce sont surtout les gens plus âgés qui l’on acheté.» Avec ses trois nouveaux vins, Jean-Claude Angelrath espère toujours attirer les jeunes et on peut les déguster dans un restaurant branché de Neuchâtel, le Bistrot du Concert, rue de l’Hôtel-de-Ville.

Paru dans Hôtel Revue du 24 janvier 2008.