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Posted on 4 juillet 2013 in Actus - News

2ème Mondial du Chasselas   Un vainqueur venu d’Allemagne!

2ème Mondial du Chasselas
Un vainqueur venu d’Allemagne!

Au Mondial du Chasselas, dont le palmarès a été proclamé vendredi 5 juillet 2013, au Château d’Aigle, le meilleur chasselas est le Ehrenstettler Oelberg Chasslie Trocken 2012 de la cave du district du Markgräflerland. Crédité de 92,4 points/100, il devance un vin de l’arrière-pays de Morges, un Grand Cru de Saint-Livres 2012 de Marc Pellet (92,3), et deux vins ex æquo à 92,2/100, la Blanche Loye 2011, de la Cave de Chambleau, à Colombier-Neuchâtel et le Lutry Tradition 2012 de la Viticole de Lutry, rebaptisée Terres de Lavaux, qui est aussi le premier vin classé diffusé à plus de 15’000 bouteilles. Toutefois, le vin le mieux noté de toute la compétition est un Dézaley-Marsens de la Tour 1984, des Frères Dubois à Cully, gratifié de 93,8 points.

Par Pierre Thomas

Derrière le canton de Vaud et ses 61% du vignoble planté en chasselas (sur 2320 ha donc), le Markgräflerland (région de Bade, aux portes de la Suisse, au nord de Bâle, rive droite du Rhin), avec 35% des 3’000 ha de son vignoble, soit 1’100 ha de Gutedel, nom local et officiel du chasselas, est le deuxième plus grand vignoble au monde planté dans ce cépage, devant le Valais, qui arrive péniblement à 1’000 ha de Fendant, arraché ces 15 dernières années au profit d’autres cépages valaisans.

Un «chaslie» au nom contesté

Rien d’étonnant que les vins allemands puissent donc revendiquer les premières places, même s’ils n’étaient que 35 inscrits à ce deuxième concours Mondial du Chasselas, qui a vu 569 vins se disputer la première place dans la catégorie des vins jeunes et secs. Un autre allemand, un Eiswein 2011 de la Weinzerkeller Auggener Schäf s’impose dans les vins de plus de 4 grammes de sucre résiduel (seulement 20 inscrits). A noter que le nom de «Chaslie» avait été au centre d’une polémique, il y a quelques années, par l’administration allemande qui contestait cette appellation, contraction de «chasselas» et de «sur lies», sous prétexte que l’Allemagne ne connaît officiellement que le Gutedel. L’œnologue a l’origine de ce vin nous avait alerté : on l’avait apprécié, il y a une dizaine d’années, pour une dégustation de «chasselas du monde», publiée par le magazine Le Guillon, précurseur pour ce «one shot», grâce à feu René-C. Bernhard, alors directeur de l’OVV. Depuis, quatre producteurs offrent du «Chaslie» dans leur assortiment: le vainqueur affiche officiellement 3,5 g. de sucre résiduel (la catégorie des secs tolére un maximum de 4 g.). On s’amusera, au surplus, de constater que les producteurs suisses flétrissent régulièrement leur principal acheteur, la Coop, d’aller chercher dans le Pays de Bade du chasselas, proposé dans les grandes surfaces… On voit mal pourquoi le plus grand acheteur de Suisse, localisé à Bâle, se priverait de s’approvisionner juste à côté, rive droite du Rhin, alors qu’un des Gutedel est champion du monde!

Un Dubois peut en cacher un autre

Mais le grand triomphateur de ces joutes est un «vieux millésime» (40 échantillons en compétition). A Lavaux, un Dubois peut en cacher un autre. L’an passé, Dubois Fils à Epesses avait brûlé la politesse à Dubois Frères à Cully passés maîtres en vieux millésimes. Les amateurs de chasselas ont l’habitude de distinguer les deux domaines par leur marque, La Demoiselle pour les Dubois d’Epesses et Le Petit Versailles pour ceux de Cully, dont la jeune génération est formée de propres cousins. Pour les Fils, c’est leur Dézaley-Marsens de la Tour 1984 qui obtient le meilleur classement toutes catégories, et rafle, dans la foulée, les prix spéciaux des vieux millésimes et du meilleur vin vaudois classé. Ce vin, dégusté au Château d’Aigle, offrait une couleur ambrée, des arômes de noix, plus proches d’un Xérès sec et élégant que d’un Vin Jaune du Jura typé savagnin. Le même vin, millésime 2011, est noté 91.6/100, soit au huitième rang de la catégorie principale, derrière Les Murailles 2009 de Badoux Vins SA (91,8), légérement mieux noté que le millésime 2012 (91,4).

Onzième (91,2/100), le Chamoson 2012 de Jean-Daniel Favre, La Tornale, est le meilleur vin valaisan, le Blanche Loye 2011, de Louis-Philippe Burgat, premier de son millésime, est le meilleur neuchâtelois et le Bertholier 1er Cru, Coteau de Dardagny 2012, de de Jean et Emilienne Hutin, du Domaine Les Hutins (90,4/100), meilleur chasselas genevois. Le Neuchâtelois Louis-Philippe Burgat est reparti avec le «prix de la presse», maigre consolation pour un producteur qui ne récoltera que 2% de sa vendange cet automne, après la grêle destructrice de juin.

Dans la catégorie des vinifications spéciales, disputées par 9 vins, les Larmes de Passion 2011 d’Obrist SA, vinifié en barriques, sans malo et élevé sur lies, l’emporte avec 91,6/100. Victoire allemande aussi dans les vins de plus de 4 g. de sucre résiduel, avec un Eiswein 2011 de la Weinzkellerei Auggener Schäf. La Viticole de Lutry emporte le trophée du chasselas diffusé à plus de 15’000 bouteilles: son Lutry Tradition 2012 a été tiré à 45’000 cols.

Au total, 193 vins ont été distingués (30,2%), dont 90 médailles d’or (à 89 points et plus) et 103 argent (à 87 points et plus). Sur les 638 vins classés, 593 sont d’origine suisse (93% !), 35 allemands, 8 français, 1 étatsunien et 1 canadien. Hormis 14 vins de l’AOC intercantonale du Vully, 437 vins (68,5%) étaient vaudois, dont 166 de La Côte, 165 de Lavaux, 99 du Chablais, 7 des Côtes-de-l’Orbe et Bonvillars (dont 1). Les autres chasselas suisses provenaient du Valais (91, malgré l’absence de la coopérative Provins), de Neuchâtel (23), de Genève (18), du Vully (14), du lac de Bienne (9) et du Tessin (1).

Calamin Grand Cru mieux classés que les 1ers Grands Crus

Et les 1ers Grands Crus vaudois? Ils ne sont ni dans les 12 vins notés à 91 et plus, ni les 59 autres médailles d’or entre 89 et 90,8. Au contraire de 3 Calamins Grand Cru (et AOC Grand Cru dès 2013), les 2012 du Domaine d’Aucrêt (90,8), de Hegg & Fils (90,2) et de la Famille Fonjallaz & Cie (90,2). Trois 1ers Grands Crus, tous de 2011, décrochent une médaille d’argent, L’Ovaille 1584 de Hammel, que le Conseil d’Etat vaudois avait choisi comme sa cuvée (88,2), le Château de Châtagneréaz (88,1) et Domaine Es Cordelières  (87), de Vincent Graenicher; parmi les vedettes du vignoble vaudois, Les Blassinges 2012, de Pierre-Luc Leyvraz, a été crédité de la note de 87,8/100 (argent).

Les résultats détaillés sur www.mondialduchasselas.com

©thomasvino.ch