Après Pierroz, Rochat: le cœur lâche
C’était jeudi passé, avec des amis cyclistes, sur les pavés de la cité médiévale d’Estavayer-le-Lac, rejoint le matin même, à vélo, depuis Lausanne… Je me souvenais que j’avais disputé, à 18 ou 19 ans, un criterium sur ces pavés-là, sauf erreur remporté par le futur pro Serge Demierre. Et nous avions, une fois, dans la cuisine de Crissier, évoqué ce même souvenir avec Philippe Rochat, qui avait fait la course, quarante ans plus tôt…
Ce mercredi matin 8 juillet 2015, le chef de Crissier, l’homme de la transition entre Girardet le perfectionniste et Violier, le Meilleur Ouvrier de France devenu meilleur chef de Suisse, s’est effondré, victime d’un malaise cardiaque, près de Cheseaux et ces routes du Gros-de-Vaud qu’il aimait arpenter… A vélo !
Il y a quatre ans, il avait remis son restaurant, l’Hôtel-de-Ville à Crissier, à Benoît Violier. On y avait vécu de grands moments, juste au début de l’été, quelques jours avant l’annonce de cette retraite, longuement planifiée… Ce décès brutal endeuille toute la maison de Crissier (19/20 Gault Millau, trois macarons Michelin) qui s’apprêtait à fêter, à la rentrée d’août, ses 60 ans d’existence en quatre générations de chefs, les Girardet père et fils, Rochat et Violier, et les 40 ans de service de Louis Villeneuve, un adepte de vélo, lui aussi.
Sans aucun doute, Philippe Rochat, Vaudois de la Vallée (de Joux), Combier, comme on dit, formé au Buffet de la Gare de Romont, chez le chef gruérien Cavuscens, était un authentique tempérament. Un peu comme Roland Pierroz, le turbulent Valaisan. Des hommes de cœur, quoi, sanguins et victimes tous les deux d’un malaise… cardiaque. Pierroz, 73 ans, dans la nuit du 6 au 7 avril 2015. Rochat, de douze ans son cadet, trois mois plus tard. Comme si ces départs annoncent, irrémédiablement, l’étape suivante, en plein Tour de France… Et, si Dieu le veut, pas la dernière.
Comme on dit si bêtement sur les réseaux sociaux, RIP.
Lire le bel hommage de Véronique Zbinden, qui avait co-écrit l’album de recettes Flaveurs, paru aux Editions Favre en novembre 2003, paru dans Le Temps du 9 juillet 2015.
©thomasvino.ch