Réseau des «Great Wine Capitals» — Lausanne pose sa candidature
La capitale vaudoise a posé sa candidature pour représenter la Suisse dans le «réseau des capitales des grands vignobles», lancé à Bordeaux il y a près de 20 ans (1999). Des experts sont reçus ces prochains jours et la décision devrait tomber en juin prochain en Australie. Les antipodes porteront-ils chance aux Vaudois ? Il y a dix ans, en Nouvelle-Zélande, Lavaux avait obtenu son inscription au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Par Pierre Thomas
Comme Bilbao est la porte — et l’aéroport ! — de la Rioja, San Francisco de Napa Valley, Valparaiso de la vallée de Casablanca et Mayence de la Rheinessen, Lausanne l’est de Lavaux, où, de surcroît la Ville possède trois domaines, deux en Dézaley (Clos des Moines et des Abbayes) et un sur les hauts de Saint-Saphorin (le Burignon), en plus des deux de La Côte (Château de Rochefort et Abbaye de Mont), pour 33 hectares, le plus grand domaine viticole en mains publiques de Suisse. Les autres villes s’imposent par elle-même, Bordeaux, au cœur de son vignoble, comme l’est Mendoza, Le Cap, Adélaïde, Vérone ou Porto, toutes reconnues pour leur activité économique directement liée au vin.
Great Wine Capitals Global Network – en anglais ! — revendique du reste d’être «le seul réseau réunissant Vieux et Nouveau Monde». Depuis 2002, il organise le concours du Best of wine tourism et son impact est important pour l’œnotourisme, en plein développement en Suisse. Il n’existe qu’une «capitale du vin» par pays et on imagine que Zurich ou Genève, pour la Suisse, auraient pu postuler, comme Vienne pour l’Autriche, toutes trois historiquement liées également à leur vignoble…
Les Lausannois emmèneront la délégation d’experts au Clos des Abbayes, en plein Dézaley, mais aussi au Musée du vin d’Aigle, recevront une délégation de la Fête des Vignerons de Vevey (qui aura lieu en 2019), feront visiter Changins et la nouvelle cave des Frères Dutruy, à Founex, auréolés du titre de «cave suisse de l’année» depuis fin octobre. Mais les Lausannois ne vendent pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué… On sait aussi qu’à Pékin, en mai, les organisateurs du Concours Mondial de Bruxelles devraient annoncer qu’Aigle recevra l’édition 2019 du plus grand concours de vins au monde itinérant.
Une vente à l’étiquette rétro
Et puis, Lausanne peut se vanter d’organiser la plus ancienne mise aux enchères de vins du monde, le deuxième samedi de décembre. La 215ème édition s’est déroulée hier matin, samedi 7 décembre 2017, dans la salle du Conseil communal à l’Hôtel-de-Ville. Si la Ville, sur ses cinq domaines et ses 33 ha produit quelque 300’000 litres de Grands Crus, bon an, mal an, seules un peu plus de 20’000 bouteilles étaient proposées à la vente, cette année, sous des étiquettes originales, reprises des années 1920. Seuls ceux qui ont misé, souvent en petits lots (18, 36, 60 bouteilles), auront droit à ces étiquettes.
Moins il y a de vin, plus il y a d’ambiance, serait-on tenté d’écrire, car la vente, à coup de surenchère par 10 centimes (!), s’est prolongée jusqu’à 14 h. Les prix ne se sont guère envolés à partir du prix plancher voulu par la Ville. Quelques lots de vieux millésimes ont échauffé la salle jusqu’à 60 fr. la bouteille de Dézaley de 30 ans d’âge… Seules les cuvées classiques, en blanc (chasselas uniquement) et en rouge (assemblages de cépages dits nobles), ont été proposées.
La Ville, qui met elle-même en bouteille ses vins, propose au total 36 vins dans trois gammes : celle de la vente aux enchères, sous les étiquettes classiques, écoulées auprès de gros clients en primeurs, désormais hors mise publique, et la ligne L, avec divers vins vendus de gré à gré. Parmi ceux-ci, deux 1ers Grands Crus, l’un du Burignon, Roches Plates, l’autre du Dézaley, Le Chapitre, du Clos des Abbayes. Ce dernier chasselas ne sera pas mis en vente avant le millésime 2017, tandis qu’au Burignon, un seul 1er Grand Cru subsiste, Les Rueyres n’ayant été produit qu’une fois, et vendu en exclusivité à un grossiste alémanique.
Quant au millésime 2017, il est de «qualité exemplaire, alliant fruité, belle puissance et acidité équilibrée», assure Tania Gfeller, en charge des domaines vitivinicoles. Du reste, avec une responsable politique à leur tête, une œnologue et une cheffe de culture (à côté d’une équipe masculine qui la complète), «le vin est, à Lausanne, une affaire de femmes.»
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