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Posted on 6 octobre 2015 in Vins suisses

AOP (et IGP) viticoles suisses  Un chantier renvoyé aux calendes helvétiques ?

AOP (et IGP) viticoles suisses
Un chantier renvoyé aux calendes helvétiques ?

L’Interprofession de la vigne et du vin du Valais (IVV) a jugé en septembre 2015 que le Conseil d’Etat valaisan «shootait en corner» son projet Horizon 2020. Le Gouvernement se retrancherait derrière les négociations autour de la mise en pratique, par Berne, d’un régime AOP et IGP pour les vins suisses, calqué sur l’Union Européenne. Une réforme en profondeur qui n’aboutirait que dans 5 à 10 ans, tant les problèmes d’une Suisse de 15’000 hectares, cultivant 60 cépages dans des micro-régions, est ardu. De sources concordantes, les Vaudois estiment eux aussi qu’il est urgent d’attendre, à quelques rares exceptions près…

Selon nous, sous la pression concertée des quatre cantons romands, Valais, Vaud, Genève et Neuchâtel, qui rassemblent à eux seuls plus des deux tiers du vignoble suisse, la Suisse devrait avancer. Il s’agirait donc de redéfinir des conditions-cadres pour produire et mettre en marché les vins suisses (romands).

Dernier témoin vivant de la fondation de la Confrérie du Guillon et donc sage entre les sages, Michel Logoz a récemment présenté son point de vue au conseil du label Terravin : on peut lire sa contribution ici. En sus du dossier valaisan, voici comment pourrait se présenter, selon nous, la pyramide des vins vaudois. A côté de la hiérarchie, le pourcentage «idéal» de chaque catégorie et le prix moyen à atteindre : voilà à quoi doit servir une pyramide, à établir aussi une hiérarchie de prix…

1) AOC 1er Grand Cru, sur dossier, limités à des parcelles précises, limitation de cépages, cahier des charges sévère.

5% maximum de la surface vaudoise, prix visé : 30 fr. et plus la bouteille.

Les 1ers Grands Crus pourrait décider d’une mise en valeur de cette catégorie par des moyens propres, par exemple par une mise de 5 ou 10 francs par bouteille dans un fonds de promotion.

2) AOC Grands Crus, sur le modèle du Dézaley et du Calamin, 100% d’origine, ni ouillé, ni coupé, limitation de périmètre et de cépages, cahier des charges.

15% de la surface vaudoise, prix visé : 20 fr. et plus la bouteille.

3) AOC Villages, nom de région et nom de village, 85% de raisin du village, 15% de la région mentionnée sur l’étiquette, cahier des charges plus large (cépages, rendement).

30% de la surface vaudoise, prix visé : 12 fr. et plus la bouteille.

4) IGP Vaud, éventuellement 85% de vin vaudois (15% hors canton), rouge ou blanc, cépages libres ; possibilité de définir par cahier des charges des IGP plus limitatives, par exemple pour le Salvagnin, vin rouge vaudois.

50% de la surface vaudoise, prix visé : jusqu’à 12 fr., en fonction du marché et d’objectifs commerciaux, comme l’occupation de l’entrée de gamme en supermarché.

5) «vin suisse», comme «vin de France» ou «vin d’Italie», libres et permettant des assemblages inter-régions (comme en France ou en Italie !).

Cette «pyramide» pourrait s’appliquer aux vins du Valais, de Genève et de Neuchâtel.

L’enjeu est de savoir si la Suisse est capable d’ouvrir un chantier qui lui permette de se mettre au diapason de l’Union Européenne… avant que celle-ci ne change ses propres règles. De tout temps, la minuscule et si complexe Suisse a toujours eu au moins une réforme vitivinicole de retard sur l’Europe !

Pierre Thomas, octobre 2015