Lavaux ouvre son vinorama… et d’autres suivent
Rivaz, Lutry, Epesses
Trois lieux pour «booster» Lavaux
Par Pierre Thomas
«Pas de concurrence, sinon saine. Le monde attire le monde. Plus on parle de Lavaux, mieux ça vaut !», assure-t-on d’un bout à l’autre du vignoble de Lavaux (818 hecatres, 21% de la surface vaudoise). Le 15 mai 2010, le Vinorama, promis pour la fin de l’année 2009, a ouvert ses portes au public, au bord de la route du lac, à Rivaz. Le lieu, suivant les formes de la falaise bordant la chute d’eau du Forestay, est mystérieux, avec ses coins et recoins : une œnothèque de bizingue, un couloir peint en noir avec un distributeur Enomatic pour déguster en self-service dix vins de Lavaux (4 rouges, 6 blancs) et un Mac Intosh pour surfer, une salle de projection au sous-sol, à l’écran partagé en trois, où défilent en 20 minutes les images d’une année d’un vigneron (Jean-François Neyroud-Fonjallaz, de Chardonne), et, à l’étage, une salle de dégustation, avec entrée séparée (pour les groupes). La lumière filtre à travers une sorte de rideau métallique, une œuvre d’art en façade, qui épouse les lumières et les structures du lieu. Indéniablement, la classe ! Même si le quotidien Le Temps estime que «Lavaux (est) célébré dans le noir» et que «les coteaux ensoleillés» auraient mérité mieux qu’une «ambiance de sarcophage».
30’000 visiteurs attendus
Tout cela a été permis par la démolition d’un vestige industriel, les grands moulins de Rivaz, vendus 2 millions de francs par une société de la Coop, il y a dix ans. Une Fondation, présidée par le vigneron (et ancien syndic de Rivaz) Vincent Chappuis, a permis la réhabilitation du site et la construction du Vinorama, «centre de dégustation des vins de Lavaux». Sur la route du lac passent près de 12’000 véhicules par jour. La structure attend jusqu’à 1’000 visiteurs par semaine, soit, compte tenu des saisons basses (fermenture en février), 30’000 visiteurs par an. Mais, si les travaux ont coûté la bagatelle de 12 millions de francs, la société d’exploitation, présidée par le négociant en vins de Grandvaux Charles Vogel, ne paiera pas de location, du moins au début. Pour «tourner», elle compte sur l’exploitation du bar à vins, confié à Sandra Joye, 44 ans, ex-journaliste, spécialisée en relations publiques, puis directrice d’office du tourisme et titulaire d’une licence vaudoise de cafetier.
Solidarité dans la promotion
Pour limiter le risque financier, le Vinorama a fait appel à la solidarité des vignerons de Lavaux. Sur les quelque 200 embouteilleurs, plus d’une centaine ont déjà loué la majorité des 300 casiers. Au prix de 300 francs en finance d’entrée, augmentée d’une location annuelle de 200 fr., mais limité à deux vins par vignerons, à quoi s’ajoute la Baronnie du Dézaley et le Plant-Robert, Gamay de Lavaux, qui dispose de sa propre certification et est mis en valeur à l’entrée. La majorité des vins sont des Chasselas. Les flacons sont achetés par le bar à vins, vendus à l’emporter au prix public du producteur ou servis avec un droit de bouchon linéaire de 17,50 fr. par bouteille. S’il y avait déficit, il serait payé par la société d’exploitation, qui ne compte que des organismes publics ou semi-publics (communes, offices du tourisme, Communauté interprofessionnelle des vins de Lavaux). Le Vinorama est ouvert tous les jours, sauf lundi et mardi, de 10 h 30 à 21 h 30.
Du neuf en vue à Epesses et à Lutry
Une telle vitrine a donné des idées à d’autres vignerons. Ainsi, à Epesses, où doit ouvrir un magasin de produits du terroir, vins compris. A Cully, le Domaine du Petit Versailles, des frères Dubois, vient d’aménager un magasin-œnothèque ; Testuz projette d’ouvrir largement un «lounge» au premier étage de la cave, à Cully-Treytorrent. Et la Société Viticole de Lutry, petite coopérative, a réaménagé ses locaux, avec une terrasse donnant sur le vieux bourg. Le lieu est prévu pour accueillir des groupes, organiser des soirées à thème, et s’affiche «portail d’entrée des vins de Lavaux».
Eclairage
Coopératives de Lutry-Cully:
en route pour la fusion
©thomasvino.com/juin2010