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Posted on 12 février 2019 in Non classé

Le CMB à Aigle : une première pour la Suisse

Le CMB à Aigle : une première pour la Suisse

Les médailles attribuées aux vins lors de concours sont un point de repère pour les consommateurs. Pour la première fois, du 1er au 6 mai, la Suisse organisera la 26èmeédition du Concours Mondial de Bruxelles (CMB), à Aigle. Celui-ci publie aussi, en début d’année, ses tendances pour le marché du vin, un document intéressant.

Par Pierre Thomas

Depuis 2005, à Lisbonne, le Concours mondial de Bruxelles (CMB) est organisé chaque année dans une autre ville du monde. Avant cette itinérance, il comptait déjà parmi les plus importants de la planète, par le nombre d’échantillons et la réputation. En Suisse, il y avait eu des velléités de l’accueillir en Valais (Montana et Martigny) et à Montreux. C’est finalement Aigle qui a posé sa candidature, comme on le fait pour une étape du Tour de France. Car, pour les organisateurs locaux, il s’agit d’héberger une «caravane» de 350 dégustateurs, sans compter le staff technique, de les nourrir et, si possible, de leur faire voir le pays… d’autant plus vrai quand celui-ci est un pays producteur.

Plus d’émotion qu’à Pékin

Avec à leur tête le syndic et conseiller national Frédéric Borloz, président de la Fédération suisse des vignerons, Pierre-Alain Morard, alors responsable du tourisme d’Aigle-Leysin-Col des Mosses, devenu directeur de l’Union fribourgeoise du tourisme, puis en parallèle, président de Swiss Wine Promotion, et l’œnologue Daniel Dufaux, directeur de Badoux Vins, à Aigle, on croyait les Vaudois fin prêts à être désignés pour l’édition 2018. Las, ils ont dû laisser passer un tour, en faveur d’Haidian, une des municipalités du grand Pékin, l’an passé. Les Chinois reviendront, cette année, vérifier, sur place, ce qu’après la grande Chine, la petite Suisse saura faire… «Ce sera plus simple, mais avec plus d’émotion», annonce Nicolas Joss, l’ancien directeur de l’Office des vins vaudois, secrétaire général de l’association «ad hoc», fondée à Aigle.

Signature du contrat passé à Bruxelles entre le CMB et les organisateurs vaudois : on reconnaît, de g. à dr., l’œnologue Daniel Dufaux (premier plan), le syndic Frédéric Borloz, la responsable de l’économie de la Ville Bruxelles, qui se tourne vers Baudoin Havaux, et Thomas Costenoble, directeur exécutif (de face, au fond). (photo Annick Goumaz/CMB Aigle)

Cette 26èmeédition du CMB, du 1erau 6 mai, connaîtra une série de premières. D’abord, après l’une des plus grandes métropoles de la planète, la plus petite cité hôte. Ensuite, les 350 dégustateurs seront logés à la montagne, à Leysin, dans des hôtels et des résidences. Enfin, ils dégusteront non pas dans une infrastructure de congrès, mais au centre de l’anneau du vélodrome, au siège de l’Union cycliste internationale… Un programme de découverte des vins suisses sera proposé aux quelque 200 journalistes du monde entier qui forment le gros du contingent des dégustateurs (complété par des œnologues, sommeliers, acheteurs). Le séjour durera même un jour de plus pour tous les participants, acheminés en avion sur Genève-Cointrin, puis en train à voie normale, puis étroite, entre Aigle et Leysin, où le badge du CMB servira de laisser-passer.

Vins suisses très attendus…

D’ici la fin février, les producteurs sont invités à s’inscrire au CMB. Quelque 30’000 bouteilles, représentant 9’500 vins, seront acheminés à Aigle à mi-avril. Le pays organisateur, quand il est producteur, envoie massivement ses vins. A Pékin, les vins suisses étaient 166 et ont remporté 49 médailles, et à Aigle, on en attend bien davantage ! Grâce à l’entregent du Belge Louis Havaux, son fondateur, le CMB, très tôt, a su attirer des producteurs suisses, qui ont soif de reconnaissance internationale. A Aigle, la Suisse pourra déléguer une cinquantaine de dégustateurs, au lieu de cinq ou six fidèles.

Le CMB a besoin d’une vaste halle pour la dégustation (ici à Valladolid, en 2018). A Aigle, les dégustateurs seront à l’intérieur de la piste en anneau du Centre Mondial du Cyclisme!

A la présidence du concours, Baudouin Havaux a succédé à son père. Le CMB, en dix ans, est passé de 6000 à plus de 9000 vins évalués et les dégustateurs de 250 à 350, répartis dans 65 jurys (contre 46). Le CMB cède-t-il au gigantisme ? «Nous ne courons pas après les échantillons. Jusqu’à 10’000, on a montré qu’on arrive à le gérer. Au-delà se poseront des problèmes dans la capacité d’accueil d’une région, d’une salle de dégustation… Nous trouvons positif que les producteurs sélectionnent les vins qu’ils vont présenter, de sorte que nous évoluons dans le milieu et le haut de gamme. Le CMB veut agir dans le qualitatif. Pour que le jugement collectif de jurys de cinq dégustateurs soit reconnu, il faut pouvoir les choisir parmi les meilleurs. En amont, nous menons des études statistiques sur les vins présentés et les avis donnés dans le concours. Puis nous procédons, par sondages, à un contrôle aval de qualité des vins médaillés dans les commerces. Le CMB espère être reconnu comme la référence parmi les grands concours internationaux, afin que les consommateurs puissent faire la différence entre les médailles, de plus en plus apposées sur les bouteilles, preuve qu’elles servent de point de repère fiable.»

L’enjeu est de taille, au moment où les concours internationaux, se démultiplient, comme Mundus Vini, organisé en plusieurs éditions chaque année (hiver, été, vins bios) en Allemagne, et Decanter, à Londres et à Hong Kong (DAWA, Decanter Asia Wine Awards). Même si la ville chinoise de Wuxi, à l’est de Shanghaï, vient de lui dédier une «maison», Baudouin Havaux n’a pas l’intention de dédoubler le CMB. Celui-ci organise un concours mondial des spiritueux — qui a sa propre existence sous le nom de Spirits Selection — et d’autres sélections autour de la bière et des spiritueux au Mexique, en Chine et au Japon, après avoir «régionalisé» des concours de vins sur certains marchés d’Amérique du Sud (Chili, Brésil, Uruguay).

Paru dans Hôtellerie & Gastronomie Hebdo le 23 janvier 2019.