Nouvelles AOP-IGP — Renvoi massif aux calendes bernoises
Berne vient de publier, ce 21 août 2019, le résumé du résultat de la consultation sur la future politique agricole à partir de 2022. Le chapitre du nouveau «classement des vins» a toutes les chances de finir en «classement vertical».
Parmi les cantons qui approuvent la mise en route d’un changement, le Valais, principal canton vitivinicole suisse, mais aussi la Thurgovie, Berne, le Jura et Soleure, et cinq organisations nationales, dont la Fédération romande des consommateurs. Leurs arguments principaux ? Un allègement pour les cantons (avec le report de la responsabilité de la conduite de la politique vitivinicole sur les interprofessions), une segmentation des vins plus adaptées au marché et une amélioration de la protection des consommateurs et contre la tromperie.
Le reste des milieux consultés approuvaient (tel Fribourg) ou rejetaient (tels Vaud et Neuchâtel, de même que la Fédération suisse des vignerons et le groupe COOP, plus gros distributeur de vins, suisses et étrangers, du pays) avec des propositions alternatives. Et le gros du peloton rejette le tout au prétexte que le classement actuel des vins est satisfaisant, par peur du changement et de l’inconnu, et aussi par rejet d’une restriction de la vinification dans l’aire géographique d’origine des raisins AOP -IGP. Dans ces «neinsagers» purs et durs, on trouve les cantons de Genève, du Tessin, de Zurich, Lucerne, Schwyz, Bâle Campagne, Schaffhouse, Saint-Gall, Grisons et Argovie, et aussi l’USAM, la Fenaco, et l’Association du commerce des vins.
Le «centre mou» propose, pour les plus modérés, de «fixer de nouvelles dispositions en accord avec la branche vitivinicole» qui, elle-même, a envoyé une liste de onze critères à respecter — équivalant quasiment au statu quo… — avant de progresser dans ce dossier.
Une majorité semble se dégager aussi en faveur du maintien d’une liste de cépages recommandés, sachant que la Suisse et ses cantons sont très libéraux en la matière : près de 250 cépages sont cultivés, dont une cinquantaine à hauteur de plus de 10 ha, sur un peu moins de 15’000 ha du vignoble.
Même si les partis politiques ne semblent pas s’être passionnés pour ce volet viticole (seuls deux petits partis sont signalés comme ayant approuvé, l’un clairement, l’autre avec alternative), on voit mal le nouveau ministre de l’Economie, Guy Parmelin, Vaudois, UDC et ancien viticulteur, pousser à la roue pour sortir de cette ornière. Mais comment peut-on sérieusement trouver «le système actuel satisfaisant», alors que des stocks de vins suisses s’accumulent dans les caves et que la consommation des vins indigènes ne dépasse toujours pas 35% de la consommation totale, en décrue certes lente, mais sûre… même si la Suisse (et ses touristes) pointent au 4èmerang des plus gros consommateurs de vin (de plus de 15 ans) par tête d’habitant au monde?
Aux dernières nouvelles, il s’agirait d’augmenter le financement de la promotion des vins suisses, en Suisse d’abord, et de simplifier l’accès à cette propagande.
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