Branchouille : écouter boire !
Après les «chansons à boire», les «vins à écouter»… en musique! C’est à la mode… et ça repose sur un double conseil : celui d’acheter un vin précis à écouter avec une musique précise. Pour ceux qui ne sauraient ni que boire ni qu’écouter avec leur bouteille favorite…
Ainsi, l’association de promotion «Les vins de Morges» propose sur son site l’opération Winify. Pour ce faire, il faut acheter un vin blanc, du chasselas, ou un vin rouge, un Servagnin, ce pinot noir ressuscité répondant à une charte, et réservé au principal lieu de production de La Côte vaudoise, et de le «marier» avec une «play list». Deux préalables : il faut passer commande au vigneron. Puis se brancher sur Spotify pour écouter la play-list correspondante, en scannant un QR-Code (qui n’est pas celui du passeport vaccinal, désolé !). Pour le Servagnin, sur les 13 morceaux, Lana Del Rey, Chet Baker (magnifique souvenir d’une soirée sur même fond musical en Ombrie, en dégustant du Sagrantino di Montefalco, mon dernier voyage-dégustation en Italie juste avant la pandémie…), Willy DeVille ou Buffalo Springfield (qui ne sont donc pas réservés au zinfandel…). Pour le chasselas, le prophétique «Si bien du mal» d’Hervé et une brochette d’anglo-saxons…
Les Vins de Morges font valoir sur leur site que «diverses études ont mis en lumière une corrélation intéressante entre vin et musique : écouter une musique parfaitement adaptée aux typicités de son vin augmente de 15% le plaisir de dégustation et d’au moins 40% les sensations ressenties sur les caractéristiques du vin (douceur, acidité, fruité, etc…). Pour la plupart des personnes, la musique est essentielle dans leur vie et 60% des jeunes adultes ne peuvent pas s’en passer dans leur quotidien.» Et il nous souvient qu’un domaine morgien, il y a quelques années, avait associé un peintre et ses couleurs avec les vins… Et La Cave de La Côte, à Tolochenaz, vient de lancer ses «cuvées des Pèdzes», avec des humoristes du terroir vaudois, voire même du cru… Sketches en ligne sur le site, où on peut commander les vins, bio en reconversion.
Résistants tessinois et tubes suisses
Dans le même temps, la volcanique Valentina Tamborini va beaucoup plus loin que les Morgiens. Elle lance sa collection de vins tirés de cépages blancs résistants aux maladies et donc ne nécessitant peu ou pas de traitements phytosaniraires de sa ligne Résilience. La Tessinoise a fait l’effort de marier chaque vin à un titre d’un artiste suisse. Ainsi, le johanniter s’apparie à Alogique, Le bronner avec Andrea Bignasca, le souviginier gris, avec Loco Escrito, le solaris avec Gothard et le seul assemblage, de johanniter et de muscaris, avec Joe Hoster. A écouter sur son site Internet.
Pour ma part, j’ai écrit ces quelques lignes en écoutant la musique pour Queen Mary de Purcell, sous la direction de John Eliott Gardiner. En vins comme en musique, chacun ses goûts !
L’étape suivante serait peut-être d’adapter le vocabulaire de la dégustation à celui de la musique: et vive le chasselas «boum-boum» et «la petite musique de nuit» d’un grand pinot noir élevé subtilement en barriques… Plus récemment, et plus sérieusement, un studio français propose de retranscrire en composition de musique les caractéristiques du vin. Et puis, il y a ce classique dans les vignes…
On attend toujours l’étude scientifique sur l’amélioration significative des vins effervescents par le passage en cave des tubes des «Rolling Stones», pour déjouer l’adage: «pierre qui roule n’amasse pas mousse».
©thomasvino.ch