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Posted on 21 août 2020 in Actus - News

Sélection des vins de Genève : La Cave, enfin !

Sélection des vins de Genève : La Cave, enfin !

On ne peut pas dire que La Cave de Genève s’est signalée par de nombreuses médailles à la Sélection de Genève 2020. Et pourtant, pour son assemblage «bordelais» 2018 Infini rouge, elle a remporté le Sanglier, soit le trophée pour le vin le mieux noté. Une première pour l’ex-coopérative et plus grande cave du troisième canton viticole Suisse (1400 ha) en 21 éditions de la compétition.

Pierre Thomas

Près de 600 vins (595) ont été jugés par un panel de dégustateurs, qui ont attribué 63 médailles d’or. Les caves les mieux «dotées» sont Les Perrières, à Peissy, avec huit médailles d’or, que pour des monocépages, et La Vigne Blanche, à Cologny, avec cinq distinctions suprêmes, uniquement pour des vins rouges. Sa titulaire, Sarah Meylan, remporte aussi le prix du meilleur pinot noir, dégusté par les cafetiers-restaurateurs, pour La Cardamone 2018, tiré, rive gauche du lac, d’une parcelle plutôt fraîche. Les élèves de l’Ecole hôtelière ont distingué, quant à eux, le garanoir en barrique Lili 2017 du Domaine de la Plantaz, vinifié par Bernard Bosseau qui, entretemps, a repris la Cave de Sézenove. Et une brochette de journalistes a désigné le sauvignon blanc 2019 du Domaine des 3 étoiles à Peissy, reprise depuis peu par Didier Fischer, l’ancien président de la Cave de Genève et du Servette FC, et un associé, et confiée au jeune et prometteur œnologue Dorian Pajic.

Deux autres prix reviennent à la cave Les Perrières, soit le Prix Tradition, attribué par les Vieux-Grenadier, pour la meilleure moyenne obtenue par un chasselas et un gamay, en l’occurrence élevé en barriques par l’œnologue Sébastien Schwarz. Pour la Genevoisie Brut 2018, un chardonnay en méthode traditionnelle (avec un peu peu de pinot et de merlot…) seul vin effervescent médaillé d’or de la Sélection, Les Perrières remportent le Prix Swiss Wine Promotion, décerné précisément au meilleur mousseux. Et c’est le Genevois Robert Cramer, président de SWP, mais aussi de l’interprofession des vins de Genève, ancien conseiller d’Etat et aux Etats, qui l’a remis dans son fief.

Le blues des vignerons suisses

L’occasion pour lui de dire que «ça va mal» pour la filière du vin en Suisse. A cause du confinement et des mesures sanitaires, «C’est une catastrophe pour nous. D’abord, la fermeture des restaurants. Et on a raté les fêtes, les festivals, les manifestations qui sont des occasions de boire des vins suisses.» Il a parlé «de scandale et de saloperie» à propos de vins étrangers en promotion pour le 1er août, Fête nationale suisse, qui rendent ces grandes surfaces «complices de choses répugnantes» système d’exploitation des travailleurs payés à bas prix dans les vignes du reste du monde. Pour Robert Cramer, c’est un «échec politique évident», il n’est pas normal que «le raisin, qui doit être considéré comme un produit de l’agriculture, ne soit pas aussi bien protégé aux frontières que la viande, le lait ou les produits maraîchers», où les mécanismes de protection encouragent à consommer des produits suisses d’abord. «On aimerait bénéficier des mêmes protections. On est même d’accord que 60% des vins étrangers puissent être consommés en Suisse !» Rappel : la part des vins indigènes au marché intérieur reste désespérément en-dessous de 40% et peine à dépasser les 35%… «J’ai entre 5 et 6 millions de francs pour faire la promotion des vins suisses ici et à l’étranger, contre 20 millions d’euros mis par les Italiens en Suisse pour promouvoir leurs vins. C’est de la concurrence déloyale !»

Un magnifique millésime 2018

Pour en revenir à la dégustation, le lauréat absolu, l’Infini rouge, de La Cave de Genève, à base de cabernet sauvignon — «en 2018, il a mûri comme jamais !» a commenté l’œnologue Florian Barthassat — complété par du cabernet franc et du merlot, s’avère charmeur, bien enrobé par un boisé élégant et flatteur. «Un vin de plaisir, qui peut être gardé 10 à 15 ans», a assuré l’œnologue. Les journalistes ont dégusté les quatre sauvignons blancs médailles d’or et quatre merlots distingués. Le sauvignon 2019 des 3 Etoiles s’est imposé par sa fraîcheur, sa maturité sur des arômes de mangue, de gingembre, son volume et la balance parfaite avec l’acidité. A noter le très complexe 2018 du Château de Laconnex, vinifié par Lucie Dethurens, puissant et à la note finale de poivre blanc, bel exemple de vin de gastronomie. En merlot, le 2018 de Philippe Villard et fils à Anières (rive gauche du lac) s’est avéré complexe, avec des notes de graphites, de fumée froide, avec des tanins serrés et un boisé bien intégré. Un très beau merlot ! Quant à Sarah Meylan, elle a confirmé sa maîtrise des rouges avec son merlot de cuve 2019, au nez de fruits mûrs, de «meurons» (les mûres), avec un bel équilibre entre acidité et tanins et une structure qui aurait pu supporter un élevage en barriques…

Parmi les rouges, à noter le surprenant tempranillo 2017 Don Juan de Christian Guyot, médaille d’or pour sa première présentation à la Sélection. Outre les assemblages rouges L’Infini 2018 et celui des vins de Philippe Chevrier 2018, on a repéré le Pont des Soupirs 2017 (dû à l’œnologue Didier Cornut, dont le domaine s’est séparé brutalement) et le grenache Angel 2019 du Domaine du Paradis, le malbec du Domaine de Miolan de Bertrand Favre, à Choulex, les deux Esprits de Genève du Château du Crest et du Domaine de Beauvent, et les deux divicos, l’un l’Etat de Genève, à Bernex, vinifié par Thierry Anex, l’autre de Florian Ramu, du Domaine des Alouettes, à Satigny.

Résultats complets sur www.geneveterroir.ch

Cérémonie retransmise en direct par Léman bleu TV.

©thomasvino.ch