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Posted on 5 octobre 2020 in Actus - News

Fromage et vin blanc: le clip qui dérange

Fromage et vin blanc: le clip qui dérange

Lundi soir, 5 octobre 2020, vous l’avez vu, ce clip sur RTS2 ? Entre la (bonne) poire qui annonçait la nouvelle émission Amuse-Gueule sur RTS1, le samedi à 18 h. 30, et le «fromage» de l’actu quotidienne du TJ, où l’œnologue lausannois Jean Hoefliger montrait les terribles dégâts des incendies sur le vignoble et certaines caves de Californie où, dit-il, la vendange 2020 est calcinée… Un bien curieux clip !

Aucune annonce, sinon un panneau noir «La leçon du jour, vin rouge et fromage». Aucune signature ou générique de fin. De la pub, entre l’autopromotion de la chaîne publique et la «vraie» pub facilement identifiée comme telle ? Mais de qui et pour quoi ? On aurait pu y voir trois fromages suisses et deux verres de vins du pays — en période de crise, comme la viticulture la connaît (pas pire que l’horlogerie ou la mort du tourisme d’affaires à Genève, comme le montrera le TJ). Mais il s’agit bien de trois fromages et de deux vins français. Une voix off donne la parole à Solenne Jouan, au bar 6 Colbert — soit dit en passant, il existe bien une Solenne Jouan, qui travaille notamment dans la promotion des vins dits nature et dans l’événementiel, et un bar à vins et fromages, L’Affiné, 66, rue Colbert, à Tours. La sommelière explique très sérieusement qu’il vaut mieux terminer un repas sur des fromages avec un vin blanc plutôt qu’avec un rouge dont les tanins écraseront les pâtes dures ou molles. Et de conclure que dans tous les cas, le champagne va très bien en fin de repas… La voix off insiste, «champagne ou pas, les notes florales et fruitées d’un chardonnay vous laisseront la bouche fraîche». Avec, en prime, cette maxime, en ver(re)s de mirliton : «Le rouge sur le fromage, c’est souvent du carnage, préférez-lui le blanc qui lui va comme un gant.»

Avec son (presqu’)inimitable accent du terroir vaudois, le grand Frédy Girardet le disait déjà il y a quarante à Catherine Michel, qui s’est battue à la Radio suisse romande pour le même credo, quand les Français continuaient sur leur lancée de la meilleure bouteille de rouge sur leurs fromages — ceux qui rendent leur pays si ingouvernable (comme le disait alors le général de Gaulle). Et bien oui, un chasselas, jeune ou de quelques années, sur un Etivaz, un Gruyère ou un Mont-d’Or, un chardonnay d’ici — et il y en a de très bons à Genève, à Neuchâtel et dans le canton de Vaud —, une humagne blanche, une marsanne, voire une petite arvine assurent de très beaux accords avec un plateau de fromages AOP helvétiques. Et pourquoi pas un mousseux sec et suisse?

Peut-être que le message, finalement, passera grâce à ce clip insidieux et incapable d’assumer son origine… dernière astuce de publicitaire, bien sûr! La régie publicitaire de la TV pourrait, au minimum, exiger une signature identifiable, comme on le fait en principe dans la presse écrite…

PS: Et dans le magazine Vinum, qui fête ses 40 ans (et dont j’ai été, dès 1995, le modeste «correspondant romand», pendant 10 ans), la réponse du berger suisse à la bergère champenoise qui avance masquée… Sous forme de publireportage: c’est clairement mentionné en haut à droite!

©thomasvino.ch