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Posted on 8 octobre 2021 in Tendance

Des chiffres et des vins suisses

Des chiffres et des vins suisses

La section alémanique de l’Association suisse des sommeliers vient de jeter un pavé dans la mare. Elle a nommé, avec l’aide d’un jury choisi par elle, le Top 50 des vignerons suisses 2021. La Valaisanne Marie-Thérèse Chappaz culmine au sommet de cette hiérarchie, devant cinq producteurs tous des Grisons. De fait, ce classement est surtout vu de Zurich et environs…

La même association a aussi désigné son palmarès des 50 sommeliers de l’année 2021. Champion du monde en titre, le jeune Allemand Marc Almert, qui officie au Pavillon du Baur au Lac zurichois est, sans surprise, en tête, devant Lisa Bader, du Dolder, à Zurich et Christof Kokemnoor, des Trois-Rois, à Bâle. Dans cette liste de 50 sommeliers de toute la Suisse, il y a, en tout et pour tout, cinq Romands. Jérôme Aké Béda, le champion du chasselas vaudois à l’Auberge de l’Onde, à St-Saphorin (VD) pointe à un honorable 7ème rang. Camille Gariglio, de l’Hôtel-de-Ville à Crissier, est 17ème, Nathalie Ravet, à l’Ermitage familial de Vufflens-le-Château, 27ème, juste devant Mathieu Quetglas, de la Maison Wenger, au Noirmont, qui précède Edmond Gasser, déjà appelé à de plus hautes fonctions par Anne-Sophie Pic, puisqu’il est passé du Beau-Rivage lausannois à la maison-mère de Valence (F).

La Mémoire des vins suisses, véritable élite

Et Genève ? Terra incognita ! Idem pour les vins : tous deux membres de la Mémoire des vins suisses, Jean-Pierre Pellegrin pointe au 27ème rang, et Emilienne Hutin, au 42ème

Marie-Thérèse Chappaz, icône incontestée du vignoble suisses, régulièrement encensée par les journalistes français, est un peu l’arbre valaisan qui cache non pas la forêt, mais le désert… Un classement, même s’il ne livre pas les points obtenus, se résume à des places. On sait juste que les 20 premiers vignerons ont été choisis par une agrégation d’une moitié de sommeliers, et d’une moitié de «public» dont des journalistes spécialisés, apparemment tous de la partie alémanique de la Suisse. Le deuxième Valaisan est aussi une vigneronne, Madeleine Mercier, 18ème, devant Diego Mathier, 20ème. Suivent dans ce Top 50, six autres Valaisans. Le tir groupé des mieux placés parmi les 5 Vaudois est plus serré : 14ème, Louis-Philippe Bovard, 16ème le Domaine Cruchon et 19ème, Paccot. Le trio de pointe tessinois (sur sept nommés) voit Zündel, 9ème, Kopp von der Krone – Visini, 13ème, et Gialdi, 15ème. Les Trois-Lacs font proportionnellement mieux, avec six nommés, dont trois Neuchâtelois en pointe, Jean-Denis Perrochet, 7ème, Jacques Tatasciore, 17ème et la maison Mauler, 32ème. A l’image de Marie-Thèrèse Chappaz et de sa présidente, Madeleine Mercier, la Mémoire des vins suisses (MDVS) réussit un bel exploit : 14 de ses 57 membres figurent dans les 20 premiers et 27 domaines sur le total de 50. C’est une belle consécration, qui montre que la MDVS est bien l’«académie des vins suisses», certes cooptée, mais parmi les meilleurs !

Vu de Zurich, ce classement cite 22 producteurs romands, alors que la Suisse romande représente 80% de la production des vins suisses… Les Tessinois sont 7, et les Suisses alémaniques, 21, dont 9 des Grisons, avec Donatsch, Gantenbein, Fromm, von Tscharner et Adank, en tir groupé aux rangs 2 à 6.

Ce classement a le mérite d’être resserré, au moment où Gault-Millau a déjà fait passer le sien à 150 vignerons et une douzaine d’icônes, sans compter les «rookies» (qui ne finissent pas toujours dans ce classement annuel…). En trois éditions, le guide de Thomas Vaterlaus, le rédacteur en chef par Vinum, est passé de 100, à 150, puis 200 vignerons !

Plus large à 111 qu’à 50…

Je finis sur une note personnelle : l’éditeur allemand emons: m’a commandé un guide, «111 vignerons à ne pas manquer», de toute la Suisse. Sur les 20 premiers du Top 50 des sommeliers alémaniques, 13 sont dans cet ouvrage et, au final, 30 sur les 50… Pour rester dans cette arithmétique simplificatrice, ma sélection comprend 33 producteurs valaisans, 22 vaudois, 10 genevois, 10 tessinois, 13 des Trois-Lacs et 23 alémaniques, ce qui correspond à peu près à la répartition des six régions du vignoble suisse. J’ai choisi plus de 50 cépages vinifiés par ces 111 vignerons (un vin par cave). Il n’y a pas de note donnée aux vins (au contraire du guide de Vinum), mais un texte qui évoque à chaque fois au moins trois vins par domaine, soit plus de 350 vins mentionnés… Parution le 21 novembre, quelques jours avant le guide de Vinum.

Et on attend aussi l’ouvrage de Yanna Delière, la rédactrice en cheffe du Journal du Sommelier,  de Suisse romande, sur le vignoble suisse, à paraître cet automne également.

Enfin, pour la bonne bouche, j’ai mangé, aux 700 ans du Completer, au Château de Reichenau (Grisons), de la famille von Tscharner, en face de la famille du Val d’Aoste, les Anselmet. Entre deux coups de sécateurs, ils s’étaient déplacés, comme ils l’avaient fait et allaient le faire à Milan, pour la présentation de divers guides italiens. Régulièrement primé par tous les guides (son pinot noir haut de gamme Semel Pater 2019 obtient les «tre bicchieri» du Gambero rosso 2022), Giorgio Anselmet déplore que la diversité des guides et de leurs appréciations sur les vins finisse par égarer le consommateur, confronté aux opinions diverses et variées. Un autre producteur italien, pourtant béni des guides, m’avait dit, il y a quelques années, à Florence, qu’«il y a plus de journalistes et de sommeliers en Italie que d’acheteurs de vins»

Mais que cela ne vous décourage pas de découvrir «111 vins suisses à ne pas manquer», bien sûr !

©thomasvino.ch