Un Michelin 2008 bien chiche
Michelin fête son centenaire en Suisse… Même si une très longue éclipse a marqué le fameux «guide rouge», revenu aux affaires il y a une dizaine d’années dans notre pays. Pas d’étoiles jetées à la tête des chefs, cette année.
La guéguerre qui oppose les guides gastronomiques met dans le camp des audacieux le GaultMillau (édité par Ringier) et dans les prudents, le Michelin. En donnant deux étoiles d’un coup à Andreas Caminada, le chef du château Schauenstein, à Fürstenau, près de Coire (GR), GM (Guide Michelin) réalise la symbiose avec GM (GaultMillau), puisque le jeune Grison est le «chef de l’année» de l’édition 2008 du second opuscule.
Dans les nouveautés, on notera que les «inspecteurs», qui ne sonnent pas deux fois, mais passent tous les deux ou trois ans par secteur, ont fait le ménage du côté des Grisons, où quelques étoiles vacillent et d’autres apparaissent. Pour le reste, l’ex-chef du Mirador au Mont-Pèlerin (VD), l’Allemand Peter Knogl, obtient «son» étoile au Cheval-Blanc, le gastro de l’Hôtel des Trois-Rois, à Bâle, tandis que le palace vaudois sauve la sienne, avec son nouveau chef Willy Rossignol. Toujours très francophile, le Michelin décerne une étoile à l’ex-Parisien Richard Mebkhout, au Prado, à Gstaad. Au Tessin, le Conca Bella, hôtel à la cave somptueuse, décroche une étoile avec son nouveau chef, Gian Luca Bos.
La Suisse romande délaissée
Et en Suisse romande? Elle n’a manifestement pas fait l’objet d’une opération coup de balai des inspecteurs… Ils se sont bornés à enlever quelques étoiles tombées en désuétude, comme au Neptune et à La Colombière, tous deux fermés du côté de Genève, et Roland Pierroz à Verbier. Deux restos qui ont renoncé au gastro haut de gamme pour la brasserie soignée, La Tour, à Bulle-La Tour-de-Trême, et Le Gourmet, à Martigny, perdent leur étoile, comme Le Raisin, à Cully, après le décès d’Adolfo Blockbergen.
Reste, pour aucune promotion, une perte sèche d’étoile pour le Guillaume Tell, à Aran-Villette, où le «one-man-show» du chef a déplu… Dans les promesses, puisque le guide rouge a introduit une catégorie «espoirs», quatre promesses seulement, dont une pour Jérôme Manifacier, le jeune chef talentueux du Vertig’o, de l’Hôtel de la Paix, à Genève, et pour les Luganais, dont on dit grand bien, Roberto et Silvio Galizzi, Al Portone. Tout cela est un peu chiche pour un centenaire! (©Pierre Thomas, 20.11.07)