Un match Suisse-Autriche à Zurich pour l’Euro 2008
Vins et vignerons à Zurich
Un match Suisse-Autriche
Fin mars, au Kongresshaus de Zurich, la traditionnelle présentation des vins autrichiens sera complétée par une sélection suisse, Eurofoot oblige.
Pierre Thomas
Quand deux équipes de foot se rencontrent, elles comptent le même nombre de joueurs sur le terrain… S’agissant des vins, le «leadership» de l’opération zurichoise reste autrichien. A Zurich, le dimanche 30 et le lundi 31 mars, près de 170 vignerons autrichiens feront le déplacement, contre une sélection de 72 vaillants Helvètes.
Proportionnellement à leur importance sur le marché, les Grisons, avec 15 vignerons, seront les mieux lotis, avec les Zurichois (7 vignerons) et les Tessinois (9 caves grandes et petites). Les Alémaniques feront, du reste, jeu égal avec les Romands (une trentaine chacun). Genevois et Neuchâtelois sont marginaux (trois domaines). Le gros de la troupe sera vaudois, avec les treize membres d’Arte Vitis, «renforcés» par le groupe Schenk (Schenk à Rolle et Obrist à Vevey).
La bouderie des Valaisans
Et les Valaisans, plus grands producteurs de vins suisses? Ils ne seront que douze, répartis entre grands (les maisons Provins, Bonvin, Varone, J.-R. Germanier) et petits (dont Marie-Thèrèse Chappaz, Cornulus, Robert Taramarcaz et Gérald Besse). Ce manque d’enthousiasme du Vieux-Pays paraît d’autant plus surprenant que l’Interprofession de la vigne et du vin du Valais a supprimé, cette année, ses galas des vins. L’an passé, pour une opération devisée à 200'000 francs, ils n’avaient drainé qu’un millier de personnes réparties entre Zurich, Berne, Lucerne, Bâle, Genève et Lausanne.
A Zurich, la participation en ordre dispersé s’explique par l’invitation lancée par le journaliste zurichois Andreas Keller. Avec des confrères zurichois et des producteurs motivés, il a lancé le mouvement de «Mémoire des Vins Suisses» (MDVS). Voyant l’Euro 2008 arriver, il a proposé aux vingt-six membres de cette vinothèque destinée à montrer l’évolution positive des vins suisses d’inviter chacun un ou deux producteurs aux mêmes intérêts. La démarche pourrait, du reste, déboucher sur une ouverture de MDVS sur davantage d’acteurs, contre l’avis de certains Valaisans: une assemblée tranchera la question le 29 mars à la chartreuse d’Ittingen.
Des Autrichiens conquérants
Depuis plus de dix ans, l’Austrian Wine Marketing Board, avec l’agence Weininformation d’Andréas Keller organise une dégustation à Zurich. Plus de 4'000 invitations sont expédiées et l’an passé, sur un seul jour, quelque 1'200 personnes se sont pressées au Kongresshaus, soit une moitié de professionnels (hôteliers, cafetiers, sommeliers) et une moitié d’amateurs.
L’engouement pour les vins autrichiens est réel en Suisse alémanique. Si l’Autriche dépend grandement de l’Allemagne, la Suisse, avec trente fois moins de volume (1,3 millions de litres importés en 2005, en constante augmentation) pointe au troisième rang pour la valeur des vins importés (plus de 10 millions de francs, soit six fois moins que l’Allemagne). Les meilleurs vignerons autrichiens ont donc tout intérêt à faire le déplacement à Zurich.
Match revanche à Vienne
Un quarteron de vignerons suisses (les Vaudois Paccot, Cruchon et Rolaz, le Neuchâtelois Thierry Grosjean, du Château d’Auvernier, et le Valaisan Gilles Besse, de J.-R. Germanier) leur rendra la pareille à Vienne, deux mois plus tard. Mais si une table pour six vins présentés coûte mille francs à Zurich, il faut quintupler la mise (voyage et séjour compris) pour VieVinum, du 30 mai au 2 juin, dans le cadre prestigieux de la Hofburg impériale. Rappel : si la Suisse exporte 1% de ses vins (moins d’un million de litres) et importe deux tiers de ce qu’elle consomme, l’Autriche, en vingt ans, a réussi à équilibrer ses importations et ses exportations (70 millions de litres). Et les vins autrichiens importés en Suisse représentent en volume le double des exportations helvétiques tous azimuts.
Paru dans Hôtel Revue du 27 mars 2008.
Un match Suisse-Autriche
Fin mars, au Kongresshaus de Zurich, la traditionnelle présentation des vins autrichiens sera complétée par une sélection suisse, Eurofoot oblige.
Pierre Thomas
Quand deux équipes de foot se rencontrent, elles comptent le même nombre de joueurs sur le terrain… S’agissant des vins, le «leadership» de l’opération zurichoise reste autrichien. A Zurich, le dimanche 30 et le lundi 31 mars, près de 170 vignerons autrichiens feront le déplacement, contre une sélection de 72 vaillants Helvètes.
Proportionnellement à leur importance sur le marché, les Grisons, avec 15 vignerons, seront les mieux lotis, avec les Zurichois (7 vignerons) et les Tessinois (9 caves grandes et petites). Les Alémaniques feront, du reste, jeu égal avec les Romands (une trentaine chacun). Genevois et Neuchâtelois sont marginaux (trois domaines). Le gros de la troupe sera vaudois, avec les treize membres d’Arte Vitis, «renforcés» par le groupe Schenk (Schenk à Rolle et Obrist à Vevey).
La bouderie des Valaisans
Et les Valaisans, plus grands producteurs de vins suisses? Ils ne seront que douze, répartis entre grands (les maisons Provins, Bonvin, Varone, J.-R. Germanier) et petits (dont Marie-Thèrèse Chappaz, Cornulus, Robert Taramarcaz et Gérald Besse). Ce manque d’enthousiasme du Vieux-Pays paraît d’autant plus surprenant que l’Interprofession de la vigne et du vin du Valais a supprimé, cette année, ses galas des vins. L’an passé, pour une opération devisée à 200'000 francs, ils n’avaient drainé qu’un millier de personnes réparties entre Zurich, Berne, Lucerne, Bâle, Genève et Lausanne.
A Zurich, la participation en ordre dispersé s’explique par l’invitation lancée par le journaliste zurichois Andreas Keller. Avec des confrères zurichois et des producteurs motivés, il a lancé le mouvement de «Mémoire des Vins Suisses» (MDVS). Voyant l’Euro 2008 arriver, il a proposé aux vingt-six membres de cette vinothèque destinée à montrer l’évolution positive des vins suisses d’inviter chacun un ou deux producteurs aux mêmes intérêts. La démarche pourrait, du reste, déboucher sur une ouverture de MDVS sur davantage d’acteurs, contre l’avis de certains Valaisans: une assemblée tranchera la question le 29 mars à la chartreuse d’Ittingen.
Des Autrichiens conquérants
Depuis plus de dix ans, l’Austrian Wine Marketing Board, avec l’agence Weininformation d’Andréas Keller organise une dégustation à Zurich. Plus de 4'000 invitations sont expédiées et l’an passé, sur un seul jour, quelque 1'200 personnes se sont pressées au Kongresshaus, soit une moitié de professionnels (hôteliers, cafetiers, sommeliers) et une moitié d’amateurs.
L’engouement pour les vins autrichiens est réel en Suisse alémanique. Si l’Autriche dépend grandement de l’Allemagne, la Suisse, avec trente fois moins de volume (1,3 millions de litres importés en 2005, en constante augmentation) pointe au troisième rang pour la valeur des vins importés (plus de 10 millions de francs, soit six fois moins que l’Allemagne). Les meilleurs vignerons autrichiens ont donc tout intérêt à faire le déplacement à Zurich.
Match revanche à Vienne
Un quarteron de vignerons suisses (les Vaudois Paccot, Cruchon et Rolaz, le Neuchâtelois Thierry Grosjean, du Château d’Auvernier, et le Valaisan Gilles Besse, de J.-R. Germanier) leur rendra la pareille à Vienne, deux mois plus tard. Mais si une table pour six vins présentés coûte mille francs à Zurich, il faut quintupler la mise (voyage et séjour compris) pour VieVinum, du 30 mai au 2 juin, dans le cadre prestigieux de la Hofburg impériale. Rappel : si la Suisse exporte 1% de ses vins (moins d’un million de litres) et importe deux tiers de ce qu’elle consomme, l’Autriche, en vingt ans, a réussi à équilibrer ses importations et ses exportations (70 millions de litres). Et les vins autrichiens importés en Suisse représentent en volume le double des exportations helvétiques tous azimuts.
Paru dans Hôtel Revue du 27 mars 2008.