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Posted on 10 juin 2008 in Vins suisses

Vaud — Uvavins réinvente le vin de pays… vaudois

Vaud — Uvavins réinvente le vin de pays… vaudois

Uvavins et la ligne Uvanomine
L’innovation est dans le verre
La coopérative UVAVINS, à Tolochenaz, qui représente un quart de la production de La Côte vaudoise, a écoulé en dix mois cent mille flacons de sa nouvelle gamme Uvanomine. Un concept créé de A à Z, «verticalisé» de la bouteille au vin.
Pierre Thomas
Pour ces deux vins blancs et deux rouges, l’innovation est dans le verre. Au propre comme au figuré. Au propre, parce que l’entreprise a demandé au célèbre graphiste genevois Roger Pfund de «réinventer» un flacon. Résultat, avec sa face arrondie, son côté opposé aplati et son long cou, elle ressemble plus à une batte de base-ball qu’à un rouleau à pâte (rôle que peut endosser une bouteille bordelaise!). Au figuré parce que Rodrigo Banto, l’œnologue responsable d’UVAVINS depuis cinq ans, qui a fait ses études et le début de sa carrière au Chili, a repensé ces vins vaudois.
Des assemblages… sans bruit
Il a donné la priorité aux assemblages, dont on sait qu’ils pourraient devenir les vins de demain, avec le changement climatique. Chaque année, l’œnologue peut en adapter la formule. Ainsi, en 2007, le blanc fruité est un assemblage de cinq cépages (chasselas, Müller-Thürgau, doral, charmont et muscat), le blanc boisé, de quatre (chasselas, doral, charmont et chardonnay), issu de dix vinifications (avec ou sans malo, en fûts ou en cuve).
Pour les rouges, Rodrigo Banto, qui n’a jamais caché que l’ancien monde doit utiliser les armes du nouveau sur un marché globalisé, a utilisé les copeaux de chêne pour arrondir les angles du fruité et du barriqué, tous deux à base, en 2007, du trio gamay-gamaret-garanoir. Dans le premier, le gamay vinifié en vin frais domine largement, tandis que dans le second, le duo gamaret-garanoir est majoritaire. Etiquetés «vins de pays», ces assemblages proviennent de raisins respectant les critères de leur appellation d’origine contrôlée (Vaud et Genève), quand bien même la Confédération a ouvert la boîte de pandore des «vins de pays» issus de raisins produits à 1,8 kg au mètre carré, à condition d'annoncer les parcelles dédiées à ce (gros) rendement en juillet précédant les vendanges, sans possibilité de repli.
Troisième élément d’un lancement stratégique, qui a débuté au Paléo à Nyon l’été passé, pas de présentation à la presse avant les cuvées 2007, pour éviter une polémique d’entrée de jeu, comme avec les vins pauvres en alcool (mais «sucrotants») du concurrent Schenk, «Tendance 9». Toute la communication passe par un site Internet dédié à la ligne «Uvanomine».
Le consommateur veut de l’info
Jusqu’ici, l’opération a échoué sur un plan : les consommateurs ne se contentent pas de noms de fantaisie et veulent connaître la composition du flacon. Pour ce faire, le producteur a recours à une nouvelle technique, identique aux timbres poste «maison» et aux billets de chemin de fer téléchargés, le cryptage par Quick Reponse Code (QR-Code). Pour lire un carré moucheté de noir, au coin de l’étiquette, il suffit d’approcher son téléphone portable. A condition d’avoir importé un logiciel du site Internet, l’appareil photo du téléphone affiche en clair les informations. Cette technologie, développée par l’entreprise Bemore, à Lausanne, transforme le téléphone portable en porte-monnaie électronique sécurisé, débité par le biais de la facture de l’opérateur téléphonique. Une innovation promise à un grand avenir.
Directeur d’UVAVINS, Thierry Walz se donne trois ans pour atteindre les 200'000 bouteilles vendues. Jusqu’ici, la Coop en a écoulé 85%, de blanc et de rouge fruités. Certains restaurateurs les proposent, mais il n’y a pas encore eu de démarchage de l’horeca. Et si c’est pour servir des vins au verre, selon la tendance actuelle toujours plus répandue, l’originalité du flacon perd son attrait…

Dégustation
Ambre 2007 (fruité)
Robe jaune clair; nez frais, légèrement aromatique ; pas de CO2 à l’attaque ; milieu de bouche frais, finale acidulée, balancée entre une légère douceur et de l’acidité.
Topaze 2007 (boisé)
Robe jaune clair; nez de pêche, léger boisé ; attaque citronnée, du gras, de l’ampleur, on retrouve des arômes discrets d’abricot et de mangue, voire de fruits exotiques.
Garance 2007 (fruité)
Rubis à reflets carmins; nez légérement épicé ; attaque souple, finale poivrée, mais courte ; un rouge léger.
Rubis 2007 (boisé)
Robe violacée ; nez toasté ; attaque souple, mais masse tannique importante, quoique bien enrobée ; notes de pruneaux, de réglisse et de cacao. Du quatuor, le seul qui devrait s’améliorer sur deux ou trois ans. Les autres sont destinés à une consommation dans les deux ans.