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Posted on 3 octobre 2008 in Vins suisses

Vaud — Le premier vin du Lausanne-Palace

Vaud — Le premier vin du Lausanne-Palace

Un merlot (blanc) au pied du Lausanne-Palace
Vendredi 3 octobre 2008, les Fous du Roi, dont le vigneron Nicolas Pittet et l’œnologue Pierre-Alain Dutoit, ont vendangé pour la première fois les quelque 500 pieds de vigne entre le garage et la terrasse du Lausanne-Palace.

La parcelle, cadastrée en vigne, a été plantée en juin 2005. C’était donc la première récolte, à la troisième feuille, d’un merlot. Curieux, le merlot à Lausanne ? «On cherchait un cépage plutôt tardif car l’endroit est bien exposé et protégé ; une partie des ceps sont adossés à un mur. Le merlot mûrit très bien : on est à 90° Oechslé et nous craignons des années trop chaudes !» C’est à l’orée de la vigne que le palace lausannois met à l’abri des palmiers en pots… Et l'endroit a été baptisé Clos du Beau-Virage, par un facétieux dyslexique.
Un vin à vocation caritative

Le raisin, pour une première vendange, a été pressé «en blanc» et devrait connaître une barrique neuve en chêne de l’Allier. Il devrait donc y en avoir 300 bouteilles, réservées à une vente aux enchères dont le bénéfice ira à une institution caritative.
La récolte a trouvé pour marraine la municipale des vignes lausannoises, Silvia Zamora, qui a rappelé que le chef-lieu vaudois est le plus grand propriétaire de vignoble public de Suisse. Lausanne connaît déjà un vignoble, trois fois plus vaste que celui du Lausanne-Palace, à la colline du Languedoc. Mais le raisin n’est pas pressé, mais distribué aux garderies d’enfants de la ville… Le raisin du Beau-Virage n’est pas pressé non plus en ville : il a pris le chemin de Montagny sur Villette, où Nicolas Pittet dispose de ses installations.
Un vin de quelle AOC ?

Reste à confirmer l’appellation d’origine contrôlée de ce rare nectar lausannois. Dans un premier temps, les autorités cantonales voulait que le vin soit AOC Morges, éventuellement AOC Lavaux. Finalement, il pourrait être mis au bénéfice d’une disposition vaudoise particulière : un raisin cultivé dans une commune précise donne lieu à un vin qui peut porter le nom de cette commune.
Cette disposition, déjà évoquée dans le conflit opposant la commune de Champagne, près de Grandson, à la région viticole française de la Champagne, a été critiquée dans la procédure judiciaire qui a vu l’interdiction faite à la commune vaudoise d’utiliser son nom pour le vin qui y est produit. Et la foison des étiquettes communales a aussi incité l’interprofession du vin vaudois à revoir de fond en comble la hiérarchie des AOC. Ainsi, un vin produit à 100% à partir des raisins d’une seule commune pourrait devenir Grand Cru…
Mais attention : un grand cru devrait disposer d’un règlement sur les cépages et la vinification autorisés, en fonction des usages loyaux et constants. Du merlot, vinifié en blanc, pourrait-il emporter l’adhésion, sachant que le mot «lauzannois» servait, par le passé, à désigner le chasselas?
Réponse au fond d’un verre quand le vin sortira de son fût, en automne prochain.

©Pierre Thomas/www.thomasvino.com